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Citations sur Une heure avant la fin du monde (8)

" De toute façon, je suis incapable de garder un job, à moins qu'ils me payent pour être fâché avec le monde. "
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Les atrocités que je connais sont nombreuses, et il y a aussi une multitude de complices. Mais savoir ! Qui veut en savoir quelque chose ? Le monde est devenu abruti et sourd, méfiant envers les rapporteurs de la vérité et confiant envers les porte-paroles du mensonge. Je sais que j'écris dans le désert - et que nous crions tous dans le désert!...
Des faits dans le genre de ceux que j'ai mentionnés ci-dessus - et d'autres semblables [NB : des exactions antisémites commises en Autriche par les nazis après l'Anschluß] - parviennent chaque jour à l'auteur de ces lignes. Il va de soi que les publier serait le devoir des chroniqueurs qui travaillent dans les journaux étrangers, si l'on ne savait pas que des limites sont imposées à leurs obligations - et que c'est ainsi que le monstrueux arrive ! Si l'on ne savait pas aussi que les messagers de la vérité sont contraints au compromis par leurs employeurs et que, placés éventuellement devant le choix entre vérité et mensonge, il doivent faire également honneur à l'une et à l'autre !
Des choses monstrueuses se produisent. «Les yeux et les oreilles du monde», comme il est dit dans la Wochenschau, aveuglent les yeux vivants et assourdissent les oreilles attentives des hommes.
Mais un éclat démoniaque sans pareil - le reflet rouge du feu de l'enfer - émane du mensonge qui ne se contente nullement de camoufler une vérité, mais qui est prêt à se substituer à elle et à usurper son nom. Il y a réussi : aucun doute ! Quel monde que celui où les imaginations les plus hardies de Balzac pâlissent, où les plus grandioses inventions de Shakespeare s'affadissent et où l'on se sent forcé de reconnaître que cette décennie, avec ce qu'elle contient d'intense perversité infernale, aurait de quoi déshonorer des siècles...
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Pour la première fois depuis leur émancipation, les juifs allemands subissent une humiliation meurtrière, comparée à laquelle les persécutions endurées au Moyen Age peuvent être qualifiées d'anodines, et les pogroms dans la Russie tsariste, les manifestations antisémites dans la nouvelle Pologne, sont presque des preuves de sympathie envers les juifs. Les juifs établis en Allemagne avaient accordé trop de crédit moral aux Allemands. Les juifs sont facilement enclins à juger un peuple d'après son génie. En effet, les juifs aiment lire. Ils sont le peuple des livres. Ils jugent aussi les autres peuples d'après les livres que ceux-ci ont produits. Ils voyaient dans les Allemands la nation de Lessing, de Herder, de Goethe.
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Le III Reich est le premier État à s'être muni d'un "ministère de la propagande", comme si son pays était une fabrique de savon.
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[...] La croix gammée. C'est cela l'Allemagne. Les juifs ne le voyaient pas. Ils continuent à ne pas le voir. Enchaînés depuis des générations aux classiques allemands et, dans les trente dernières années, aussi au commerce allemand, bons serviteurs et contribuables loyaux, ils espéraient certainement pouvoir avec le temps monter du grade de sergent à celui de lieutenant - la noble âme germanique ne pourrait pas s'empêcher plus longtemps de les reconnaître ! - Quels optimistes insensés, ces juifs allemands ! Tout en attendant la complète égalité des droits, pour passer le temps ils participaient à la Première Guerre mondiale, créaient des œuvres philanthropiques, tâchaient "d'éclairer" ce peuple dont ils croyaient qu'il pouvait déjà vivre sans églises (comme si les Allemands étaient également des juifs au passé cinq fois millénaire, même s'il nie l'existence de Dieu), fondaient des sociétés de bienfaisance pour les veuves, les orphelins, les infirmes, les pauvres, sans distinction de religion.
Ah les malheureux ! Ils ont semé bienfaits, "lumières", démocratie, socialisme, et ils ont récolté des croix gammées ! Mais obstinés comme ils le sont depuis maintenant 4000 ans, peuple à la tête baissée et à la nuque raide, ils refusent d'avouer leur erreur. Ils sont les éternels patriotes. La dignité est une vertu rare en ce monde. Il ne faut pas trop en vouloir aux juifs. Mais il faut les mettre en garde ! Il y a un point à partir duquel leur fidélité ridicule et obstinée envers les assassins et les bandits des pays dont ils sont les hôtes, éveillera de la méfiance envers eux-mêmes.

Die Wahrheit (Prague), 30.08.1934
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Depuis qu'il y a des écrivains, ils n'ont pas d'autre tâche que celle de façonner leurs œuvres. Tant qu'il y aura des écrivains, ils n'auront pas d'autre mission.
Mais votre question sur le devoir de l'écrivain en notre temps entraîne une autre interrogation : est-ce que l'écrivain doit prendre position envers la cruauté, envers la bassesse, envers l'inhumanité du monde d'aujourd'hui ?
A cela, il faut répondre : que l'écrivain a tout aussi peu qu'un autre le droit de ne pas prendre position envers l'inhumanité du monde d'aujourd'hui.
Que l'écrivain n'a jamais - et aujourd'hui non plus - le droit de s'abriter derrière sa "vocation" et son prétendu devoir de se consacrer aux choses "intemporelles". Talent et génie ne dispensent aucunement de ce devoir qui va de soi : combattre le mal.
Un écrivain qui par exemple ne se battrait pas aujourd'hui contre Hitler et le IIIe Reich, serait certainement un homme petit et faible et vraisemblablement aussi un auteur de second ordre.
Un écrivain ne peut avoir de valeur réelle s'il ne possède pas les particularités suivantes :
1-Compassion pour les hommes opprimés; 2-Amour du bien; 3-Haine du mal; 4-Courage de proclamer à voix haute et distincte, donc sans équivoque, sa compassion pour les opprimés, son amour du bien, sa haine du mal.
Qui ne possède pas ces particularités et n'en donne pas les preuves, est certainement un talent médiocre ou un dilettante.
La tâche de l'écrivain en notre temps est - pour répondre très précisément à votre question - le combat impitoyable contre l'Allemagne, car elle est le véritable foyer du mal en notre temps, la filiale de l'enfer, le séjour de l'antéchrist.

Paris Tageblatt, 12.12.1934
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