Malo periculosam libertatem quam quietum servitium.
"Je préfère les dangers de la liberté au repos de la servitude. "
Tant qu'un peuple est contraint d’obéir et qu'il obéit, il fait bien ; sitôt qu'il peut secouer le joug, et qu'il le secoue, il fait encore mieux.
Si l'on recherche en quoi consiste précisément le plus grand bien de tous, qui doit être la fin de tout système de législation, on trouvera qu'il se réduit à ces deux objets principaux, la liberté et l'égalité.
Le temps où s'ordonne un Etat est, comme celui où se forme un bataillon, l'instant où le corps est le moins capable de résistance et le plus facile à détruire.
Par la même raison que la souveraineté est inaliénable, elle est indivisible ;
car la volonté est générale, ou elle ne l' est pas ; elle est celle du corps du
peuple, ou seulement d' une partie. Dans le premier cas, cette volonté déclarée est un acte de souveraineté et fait loi; dans le second cas, ce n' est
qu' une volonté particulière, ou un acte de magistrature; c' est un décret tout
au plus .
Si je ne considérais que la force et l' effet qui en dérive, je
dirais :" Tant qu' un peuple est contraint d' obéir et qu' il
obéit, il fait bien ; sitôt qu' il peut secouer le joug, et qu' il le
secoue , il fait encore mieux car ; car, recouvrant sa liberté
par le même droit qui la lui a ravie, ou il est fondé à la
reprendre , ou on ne l' était point à la lui ôter " .
Dans un état vraiment libre les citoyens font tout avec leur bras et rien avec de l'argent. Loin de payer pour s'exempter de leurs devoirs, ils payeront pour les remplir eux-mêmes. Je crois les corvées moins contraires à la liberté que les taxes.
Tout homme a naturellement droit à tout ce qui lui est nécessaire.
Il n'y a que les plus grands dangers qui puissent balancer celui d'altérer l'ordre public, et l'on ne doit jamais arrêter le pouvoir sacré des lois que quand il s'agit du salut de la patrie.
Celui qui rédige les lois n'a donc ou ne doit avoir aucun droit législatif, et le peuple même ne peut, quand il le voudrait, se dépouiller de ce droit incommunicable ; parce que selon le pacte fondamental il n'y a que la volonté générale qui oblige les particuliers, et qu'on ne peut jamais s'assurer qu'une volonté particulière est conforme à la volonté générale, qu'après l'avoir soumise aux suffrages libres du peuple ; j'ai déjà dit cela, mais il n'est pas inutile de le répéter.