SECONDE LETTRE
Puisque vous saisissez si bien, chère Cousine, les premiers linéaments des plantes, quoique si légèrement marqués, que votre oeil clairvoyant sait déjà distinguer un air de famille dans les liliacées, et que notre chère petite botaniste s’amuse de co-rolles et de pétales, je vais vous proposer une autre famille sur laquelle elle pourra derechef exercer son petit savoir ; avec un peu plus de difficulté pourtant, je l’avoue, à cause des fleurs beaucoup plus petites, du feuillage plus varié ; mais avec le même plaisir de sa part et de la vôtre ; du moins si vous en pre-nez autant à suivre cette route fleurie que j’en trouve à vous la tracer. (p10)
PREMIÈRE LETTRE
Vous voyez que ce n’est plus ici un simple travail de la mémoire, mais une étude d’observations et de faits, vraiment digne d’un naturaliste. Vous ne commencerez pas par dire tout cela à votre fille, et encore moins dans la suite quand vous serez initiée dans les mystères de la végétation ; mais vous ne lui développerez par degrés que ce qui peut con-venir à son âge et à son sexe, en la guidant pour trouver les choses par elle-même plutôt qu’en les lui apprenant. (p9)
TROISIÈME LETTRE
Mais je vous préviens que si vous voulez prendre des livres, suivre la nomenclature ordinaire, avec beaucoup de noms vous aurez peu d’idées, celles que vous aurez se brouilleront, vous ne suivrez bien ni ma marche ni celle des autres, et n’aurez tout au plus qu’une connaissance de mots. (p18)
HUITIÈME LETTRE
La terre commence à verdir, les arbres à bourgeonner, les fleurs à s’épanouir ; il y en a déjà de passées ; un moment de re-tard pour la botanique nous reculerait d’une année entière : ain-si j’y passe sans autre préambule. (p61)
*RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE* :
« Neuvième promenade », _in Les confessions de J.-J. Rousseau,_ suivies des _Rêveries du promeneur solitaire,_ tome second, Genève, s. é., 1783, pp. 373-374.
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