Cela ne veut pas dire que ce qui arrive à une cuillère froide dans une tasse de thé chaud dépende du fait que j'ai une vision floue ou non. Ce qui arrive à la cuillère et à ses molécules, évidemment, ne dépend pas de la façon ont je les vois. Cela arrive, voilà tout. Mais la description en termes de chaleur, température, transfert de chaleur du thé à la cuillère est une vision floue de ce qui se produit, et c'est seulement dans le contexte de cette vision floue que l'on perçoit une différence significative entre passé et futur.
Nous voyons l'eau du verre comme les astronautes voient la Terre depuis la Lune : une paisible lueur bleutée. De la Lune, on ne voir rien de l'agitation exubérante de la vie sur notre planète, des plantes et des animaux, des amours et des désespoirs. Juste une bille bleue bigarrée. De la même façon, dans les reflets d'un verre d'eau se dissimule l'activité tumultueuse d'une myriade de molécules, bien plus nombreuses que tous les êtres vivants sur Terre.
Dans les équations élémentaires du monde, la flèche du temps apparaît seulement lorsqu'il y a de la chaleur. Le lien entre temps et chaleur est donc profond : chaque fois qu'il se manifeste une différence entre passé et futur, la chaleur intervient.