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Sophie Lem (Traducteur)
EAN : 9782080429865
272 pages
Flammarion (06/09/2023)
3.95/5   69 notes
Résumé :
"Il était environ trois heures du matin lorsque le résultat de mes calculs apparut devant moi. Agité, je quittai la maison et me mis à marcher dans la nuit. Après avoir grimpé au sommet d'un rocher surplombant la mer, j'attendis le lever du soleil. J'étais profondément troublé. J'avais la sensation de regarder, à travers la surface des phénomènes, vers un intérieur d'une étrange beauté."

Été 1925. Isolé sur l'île perdue d'Helgoland en mer du Nord, Wer... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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En général, les livres de vulgarisation traitent de sujets tellement accessibles à la compréhension que cela peut sembler très accessoire à un esprit scientifique. Et, corollaire inévitable, inintéressant aux autres.
Alors quand un vrai scientifique s'attaque au champ le plus difficile de la physique moderne, j'ai nommé la physique quantique, le risque est grand.
Soyons honnêtes, si les sciences ne vous intéressent pas, ce livre n'est pas fait pour vous, vous n'y comprendrez pas grand chose (et ce n'est pas si grave).
Par contre, si vous évoluez professionnellement ou ludiquement dans un univers scientifique, alors ce livre est simplement génial. Il met à la portée du petit monde des physiciens insuffisamment au fait de la physique quantique une réflexion conceptuelle sur le sens à donner aux équations de cette physique si étonnante.
Il propose une alternative crédible aux "multivers" très à la mode mais franchement sans autre sens que celui des équations qui les rendent possibles. Il passe en revue les hypothèses induites par ces équations pour proposer une version bien plus élégante (et Dieu sait si l'élégance compte et physique).
Il nous propose donc ici, intelligiblement, de remettre en question la notion d'existence de la matière. Un atome n'existe que par la relation qu'il entretient avec les autres atomes qui l'entourent, il est illusoire de chercher à le définir en dehors de toute observation, de tout lien avec un observateur.
Mieux encore, il en tire une sorte de philosophie de la vie, qui tranche singulièrement avec le matérialisme occidental qui a gouverné jusqu'alors la recherche scientifique.
Il se place dans la lignée de Ernst Mach qui synthétise les progrès réalisés par la science et conclut en son temps que la notion de « matière » est une hypothèse « métaphysique » injustifiée, qu'on doit se libérer de ce postulat et fonder la connaissance uniquement sur ce qui est « observable ».
Il retrouve ainsi ce que Heisenberg avait conçu sur l'île d'Helgoland qui donne son titre à l'ouvrage, la réflexion qui a ouvert la voie à la théorie des quanta et l'histoire racontée dans ce livre.
Au fait, avez-vous lu Nāgārjuna ? C'est l'auteur d'un texte peu connu en occident, mais l'une des pierres angulaires de la philosophie indienne. Il a pour titre : Mūlamadhyamakakārikā (bonus +1 si vous le prononcez sans erreur).
La thèse centrale du livre de Nāgārjuna est simplement que rien ne possède une existence en soi, indépendante d'autre chose.
"Le terme technique utilisé par Nāgārjuna pour décrire l'absence d'existence indépendante est la « vacuité » (śūnyatā) : les choses sont « vides » dans le sens où elles n'ont pas de réalité autonome, elles existent grâce à, en fonction de, en relation avec, dans la perspective de quelque chose d'autre"
Carlo Rovelli fait le parallèle entre cette mystique et la mécanique quantique, et c'est très intéressant, j'irai même jusqu'à bouleversant.
Bref un ouvrage indispensable à tout scientifique moderne.
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"Si vous avez compris la mécanique quantique, c'est que je me suis mal exprimé !" : et bien ça, c'est sûr, et malgré ce merveilleux "petit" livre de Carlo Rovelli qui fait tout pour nous la faire comprendre le mieux possible. Je ne suis pas du tout un scientifique, mais je lis beaucoup, et je comprends un peu, un tout petit peu. Rovelli dit : Il y a trois ingrédients fondamentaux de la théorie quantique : la probabilité, l'observation, la granularité. Je vous laisse le soin de découvrir tout cela... Ce livre est à la fois quantique bien sûr, mais aussi philosophique, ce qui en fait tout son charme.
Inutile d'aller lire d'autres traités sur le sujet (sauf pour les physiciens) , ce récit suffit, et se trouve être relativement abordable pour les néophytes comme moi.
Je préfère l'infiniment grand à l'infiniment petit, mais pour connaitre l'univers, il faut les deux.
Ce livre est quand même passionnant, délirant, écrit avec humilité et humour, et proprement dévastateur pour l'esprit !
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waou la baffe !!!
Et quelle baffe : celle qui subtilement vous fait changer de regard sur à peu près tout et sur presque rien , celle qui n'impose rien et propose à peu près tout , celle qui vous fait faire le pas de côté juste au bon moment.
Enfin juste au bon moment pour moi. Pour vous aussi j'espère.
Ce n'est ni didactique ni idéologique ni militant.
C'est le résultat d'un long travail sur la mécanique quantique, restituée ici dans une forme accessible, rédigée pour l'édification tranquille du lecteur.
J'ai lu ce texte comme un polar addictif.
Il y a un meurtre : celui de la réalité, un coupable ( ou plutôt une bande de lascars nobelisés plus tard ) Werner Heisenberg, des méchants ( qui proposent des réalités alternatives comme les multivers) et notre enquêteur de génie : Carlo Rovelli.
Accrochez-vous au rideau : la meilleure description de la réalité que nous ayons trouvée est celle d'évènement qui tissent un tissu d'interactions. Les choses n'existent que lorsque qu'on les observe et qu'on interagit avec. Sinon nada. Rien.
Patiemment Carlo déroule son sens de la mécanique quantique à coups d'exemples clairs, d'histoires de grands physiciens ( ah, le fameux chat de Schrodinger ) , de petits schémas et de grandes formules et Bingo, on y comprend enfin quelque chose. on comprend surtout qu'on n'y comprenait rien avant.
La position de Rovelli est aussi éclairante qu'élégante ( ces italiens tout de même…). Et elle vous ouvrira des horizons heuristiques totalement insoupçonnés. Mais pas que…
C'est une proposition fascinante pour penser le monde autrement ( dans la veine de Sidérations de Richard Powers?). Quand je dis le monde c'est celui des processus, des structures, ce genre de trucs.
Je suis tout chamboulé.
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C''est avec plaisir que j'ai retrouvé Carlo Rovelli dans ce nouvel opus de ses pensées philosophico-scientifiques. Malheureusement, de mon point de vue du moins, le point philosophique l'emporte. Mais d'autres en seront sans doute ravis.

J'avoue avoir été piégé par la quatrième de couverture qui met l'accent sur l'histoire de la mécanique quantique.

Cet ouvrage est scindé en trois parties de longueurs inégales (54-70-106) La première partie est clairement consacrée à l'histoire de cette théorie physique fascinante. La deuxième aborde les implications de cette théorie sur notre compréhension du monde. Mais la dernière est franchement tournée vers la philosophie. Et je ne suis pas certain que l'on puisse parler d'une philosophie de la mécanique quantique. Pour preuve, son premier chapitre « La description non ambiguë d'un phénomène inclut les objets auxquels le phénomène se manifeste » traite de Lénine Bogdanov et autres Marx. J'exagère peut-être, mais c'est pourtant ce que j'en ai retenu.

Comprenons-nous bien. Ce n'est pas que je n'aime pas la philosophie. Vous trouverez d'ailleurs dans ma bibliothèque les oeuvres de Socrate, Platon, Sartre et quelques autres. Mais je n'ai pas été emballé ici par le mélange des genres. Oui, je dois l'admettre, je n'aime pas ne pas savoir si j'ai à faire à un livre de science ou un livre de philosophie. Et je ne sais pas si je chercherai à lire ses autres livres si j'avais commencé par celui-là. Ma question maintenant va être : dois-je chercher à me procurer son livre sur Anaximandre de Milet ? Est-ce de l'histoire des sciences, une biographie ou un essai philosophique ? Si c'est un joyeux mélange des trois, je préfère le laisser là où il est.

En bref : Toujours heureux de lire une belle écriture. Et Carlo Rovelli sait expliquer simplement des choses ardues et purement conceptuelles. Mais ce mélange entre science et philosophie(sans rapport évident avec la mécanique quantique) ne pas emballé. Toute fois, je ne peux que vous conseiller de lire au moins en partie.
Lien : http://sciences.gloubik.info..
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Encore un voyage merveilleux dans lequel nous embarque Carlo Rovelli, celui des quantas sur l'île d'HelgolandWerner Heisenberg soignant une allergie aux pollens établit une formulation mathématique matricielle du mouvement des électrons dans un atome. L'essentiel du contenu de la première partie du livre est parfaitement résumée par l'auteur dans cette phrase : « Au lieu de considérer le monde physique comme un ensemble d'objets aux propriétés définies, la théorie quantique nous invite à voir le monde comme un réseau de relation dont les objets sont des noeuds ». La seconde partie de l'ouvrage, plus philosophique, plus difficile à suivre est pourtant très intéressante, parce qu'elle tente la liaison entre matière et esprit.
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critiques presse (1)
LePoint
09 janvier 2022
Le physicien, l'un des plus importants scientifiques de son temps, signe un ouvrage où il raconte la genèse de la physique quantique… mais pas que.
Lire la critique sur le site : LePoint
Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Je vois une pierre qui tombe sur moi. Si je bouge, je survis. Le fait que je bouge n’est pas mystérieux, la théorie de Darwin l’explique : ceux qui ne bougeaient pas sont morts écrasés, je suis un descendant de ceux qui se sont déplacés pour éviter l’impact. Mais, pour pouvoir bouger, mon corps doit savoir d’une façon ou d’une autre qu’une pierre est en train de tomber sur moi. Pour qu’il le sache, il doit y avoir une corrélation physique entre une variable physique en moi et l’état physique de la pierre. Cette corrélation existe, évidemment, parce que le système visuel remplit exactement cette fonction : il met en corrélation notre environnement avec des processus neuronaux dans le cerveau. Il existe toutes sortes de corrélations entre l’extérieur et l’intérieur, mais celle-ci a une caractéristique particulière : si elle n’existait pas, ou si elle ne se produisait pas de façon adéquate, je mourrais écrasé par la pierre. La corrélation entre l’intérieur et l’extérieur, qui relie l’état de la pierre aux neurones de mon cerveau, est directement pertinente au sens darwinien : sa présence ou son absence affecte ma survie.

Une bactérie possède une paroi cellulaire capable de détecter les gradients de glucose dont elle se nourrit, des cils qui lui permettent de nager et un mécanisme biochimique qui lui signale la direction où il y a le plus de glucose. La biochimie de la paroi détermine une corrélation entre la distribution du glucose et l’état biochimique interne, qui détermine à son tour la direction dans laquelle nage la bactérie. La corrélation est pertinente : si elle est interrompue, la possibilité de survie de la bactérie, privée de nourriture, diminue. Il s’agit d’une corrélation physique avec une valeur de survie.

L’existence de ces corrélations pertinentes indique la source physique possible de la notion de signification : l’information relative pertinente. Information relative au sens (physique) de Shannon, pertinente au sens (biologique, donc en définitive physique aussi) de Darwin. C’est dans ce sens précis que nous pouvons dire que l’information sur la concentration de sucre a une signification pour la bactérie. Ou que l’évocation du tigre dans mon cerveau, c’est-à-dire de la configuration neuronale correspondante, signifie effectivement un tigre.

Ainsi définie, la notion d’information pertinente est purement physique, mais elle est aussi intentionnelle au sens de Brentano. C’est une connexion entre quelque chose (d’interne) et quelque chose d’autre (généralement externe). Elle comporte naturellement une notion de « vérité » ou de « justesse » : dans toute situation particulière, l’état interne de la bactérie peut ou non coder correctement le gradient de glucose. On retrouve ainsi plusieurs des ingrédients nécessaires pour caractériser la « signification ».
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Ce que nous voyons n’est pas une reproduction du monde extérieur. C’est ce à quoi nous nous attendons, corrigé par ce que nous réussissons à percevoir. Les données pertinentes ne sont pas celles qui confirment ce que nous savions déjà. Ce sont celles qui contredisent nos attentes.
Parfois, c’est un détail : le chat a bougé une oreille. Parfois, quelque chose nous alerte et nous incite à changer d’hypothèse : Ah ! Ce n’était pas un chat, c’était un tigre ! Parfois, c’est une scène totalement neuve, à laquelle nous essayons de donner un sens en imaginant une version qui ait du sens pour nous. C’est en fonction de ce que nous savons déjà que nous essayons de donner un sens à ce qui parvient à nos pupilles.
Il pourrait même s’agir d’un mode de fonctionnement général du cerveau.
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Une idée qu’on ne peut avoir que dans le radicalisme sans limites de ses vingt ans. L’idée destinée à bouleverser toute la physique, toute la science, notre entière conception du monde. L’idée que l’humanité, je pense, n’a pas encore digérée.
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Je crois que l'une des grandes erreurs que font les êtres humains lorsqu'ils essaient de comprendre quelque chose est de vouloir des certitudes. La quête de la connaissance ne se nourrit pas de certitudes : au contraire, elle se nourrit d'une absence radicale de certitudes.
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Au lieu de considérer le monde physique comme un ensemble d’objets aux propriétés définies, la théorie quantique nous invite à voir le monde physique comme un réseau de relations dont les objets sont les nœuds.

De là suit qu’attribuer toujours nécessairement des propriétés à une chose, même lorsqu’elle n’interagit pas, est superflu et peut induire en erreur. Cela revient à parler de quelque chose qui n’existe pas : il n’y a pas de propriétés en dehors des interactions 57.

C’est le sens de l’intuition première de Heisenberg : demander quelle est l’orbite de l’électron alors qu’il n’est pas en train d’interagir avec quelque chose est une question vide de sens. L’électron ne suit pas une orbite, car ses propriétés physiques sont uniquement celles qui déterminent comment il agit sur quelque chose d’autre, par exemple la lumière qu’il émet. Si l’électron n’est pas en train d’interagir, il n’a pas de propriétés.

C’est un saut radical, qui revient à affirmer que toute propriété n’est que la façon dont un objet agit sur quelque chose d’autre. Lorsque l’électron n’interagit avec rien, il n’a pas de propriétés physiques. Il n’a pas de position, il n’a pas de vitesse.
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Videos de Carlo Rovelli (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Carlo Rovelli

Faut-il tuer le temps ?- 3e partie : les questions avec le public
Débat (en trois parties) entre Carlo Rovelli et Patrick Peter, modéré par Michel Blay mardi 7 octobre à 19h au Palais de la découverte, Paris. http://www.dunod.com/sciences-techniques/culture...
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