Alain eut un élan de passion pour ce qu'elle avait de si peu passionné et la serra dans ses bras.
Elle n'était plus du tout flegmatique et prudente mais pleine de fougue, doux-brûlante.
dans un restaurant en plein air place Dauphine.
Anna avait ce soir-là une robe de toile imprimée, d'un tissu si frais qu'il avait l'air d'avoir été peint au lavis, avec de petites fleurs de couleurs vives sur un fond de taches vert pâle, mauve et bleu étouffé. p 134
il se réveilla le premier, ne sachant pas si c'était le soleil qui lui avait donné des nouvelles du jour, ou le bonheur qui lui avait donné des nouvelles d'eux-mêmes.
c'étaient de bonnes nouvelles : Anna existait.
Il la regarda avec douceur,p 88
un allemand qui avait combattu dans le désert avec Rommel lui avait dit : en Libye, je ne me pressais pas de me faire des amis. Après, il fallait aller à leur enterrement. p 80
il lui arrive de n'être qu'une petite pécore babillarde, fatiguée de son masque artificiel de belle indifférente
elle essaie les hommes comme une qui s'ennuie essaie des robes qu'elle n'a pas l'intention d'acheter p 74 folio
les paroles en l'air et le papier pour rien composent l'inutile fumier des jours.
Il était pourtant arrivé à Alain, perdu dans un coin perdu du monde, de rêver qu'il recevait une lettre, n'importe quelle lettre. p 59
vide agréable du dimanche, parmi les jeunes femmes si légères qu'on aimerait recueillir leurs robes dans le creux de la main, crêpe à fleurs plus léger qu'une fauvette, Alain salue au passage l'Arabe qui transpire dans son armure de tapis comme un chevalier de laine,
Alain résolut d'être tout à fait courtois avec celui qu'il serait, plus tard, et qui penserait avec douceur à Anna. Il n'allait pas gâcher les souvenirs de cet inconnu avec qui il avait rendez-vous.
"Ce qu'Anna m'a donné, nul ne pourrait me le reprendre, pas même elle."
Il était décidé à la regarder s'éloigner en souriant, à ne pas lui demander de comptes, mais à lui savoir infiniment gré de ce larcin qu'elle avait fait pour lui à sa vie, et qu'ils avaient fait tous les deux à la méchanceté ou à la sottise du destin.
Ils étaient à la fois trop déliés et absorbés en eux-même pour être capable de lire sans ces intervalles qui, pénétrant dans l'espace du livre, nous ramènent irrésistiblement à nous. Alain retrouvait Anna à travers toutes les pages dont la rêverie éloignait sa pensée.
Que peut l'homme? Il peut tout, s'il sait qu'il ne peut pas tout.