[...]
Lorsque tu es lié à toi,
Nuage triste te renferme.
Lorsque tu es libre de toi,
À tes côtés la lune vient.
Lorsque tu es lié à toi,
L'ami se détourne de toi,
Lorsque tu es libre de toi,
Vers toi le vin de l'ami vient.
Lorsque tu es lié à toi,
Tu es comme l'automne triste.
Lorsque tu es libre de toi,
Comme printemps décembre vient.
[... ]
(extrait de "Lié à toi, libre de toi") pp. 278-279
Marcheur gracieux, ô toi le souffle
Du souffle, ne va pas sans moi.
Toi qui es la vie des amis,
Au jardin ne va pas sans moi.
Ô ciel, sans moi ne tourne pas,
Lune, sans moi ne brille pas,
Terre, sans moi ne grandis pas,
Ô toi temps, ne va pas sans moi.
Doux avec toi, ce monde-ci,
Doux avec toi, ce monde-là.
Ne dure sans moi, monde-ci.
Monde-là, ne va pas sans moi.
Visible, ne sais rien sans moi,
Ô langue, sans moi ne lis pas
Toi la vue, sans moi ne vois pas,
Ô passant, ne va pas sans moi.
[...]
(extrait de "Ne va pas sans moi") p. 100
En cette terre, en cette terre,
En cette prairie toute pure,
A part tendresse, à part amour,
Pas d'autre grain planté pour nous.
Tu recherches la quiétude
Ainsi l'inquiétude te vient.
Va et recherche l'inquiétude
Et la quiétude te vient.
... Toi, demande-moi quel trésor
Est cet amour, ce qu'il possède,
Et de ma part demande-lui
De te dire aussi qui je suis....
(Pourquoi me ramener à vivre ?)
Mauvais rêves
Un jour, vous regarderez en arrière et vous rirez de vous-même.
Vous direz : « Je n'arrive pas à croire que j'étais si endormi !
Comment ai-je pu oublier la vérité ?
Comme c'est ridicule de croire que la tristesse et la maladie
sont autre chose que de mauvais rêves.
Ni nuit, ni jour, ni jour, ni nuit,
Le soleil tombé dans le puits,
Levez-vous, les favorisés,
La lune vient de se lever
Tu es la source du soleil
Et moi je suis l'ombre du saule.
Me perdre dans la perte
Est mon acte de foi.
Ne pas être dans l'être :
Telle est ma tradition.
Dans le feu du désir je suis
Et l'assemblée et la bougie,
Et la fumée et la lumière,
Et rassemblé et dispersé.