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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je reviens tout juste d'un périple à pied avec Paolo Rumiz et ses compagnons, sur les traces de la Via Appia, mère de toutes les routes, « posant un pas tous les 64 cm, la foulée même des légions ». de Rome à Brindisi, sur la côte Tyrrhénienne, le fil de la route se perd parfois, comme le pouls d'un moribond, et prend tout à la fois forme de « borne, ruine, champ de blé, route provinciale, fontaine, méthanoduc, sillon de charrette sur la pierre vive, tilleul solitaire, mur de pierre sèche, grève, sentier de montagne, arrêt d'autobus, passage à niveau, peau de serpent ». Plus qu'un guide de voyage, le récit emprunte à la grande Histoire, au présent aussi avec une critique sentie à l'égard du peuple italien et de ses pouvoirs publics qui laissent aller le patrimoine au profit d'un capitalisme anarchique sur lequel l'ombre de la Camorra plane inexorablement. Paolo Rumiz se désole donc de l'incurie régnant autour des recherches archéologiques et de leur mise en valeur, du manque total de perspective patrimoniale et de la désolation économique du Mezzogiorno. « Des terres où la Rome antique survit dans chaque jardin, chaque cave et chaque sous-sol, mais où quiconque étudie les pierres – comme l'État et les lois – est plus redouté que la peste, parce qu'il incarne une entrave au marché des adjudications. »
Un vrai beau récit de voyage, entre pèlerinage et randonnée pédestre, rempli de faits historiques et de rencontres étonnantes, serti dans un paysage d'une indescriptible beauté mais que des franges de laideur viennent parfois ternir. Une envolée virtuelle, soit, mais qui m'a comblée d'images fort dépaysantes en ces temps de confinement.
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Paolo Rumiz, journaliste voyageur qui a chroniqué nombre de ses périples dans La Repubblica, décide à quasi 70 ans de suivre la via Appia, prestigieuse voie romaine de plus de 500 kilomètres qui reliait Rome aux Pouilles, plus particulièrement jusqu'à Brindisi. Cette via n'a quasi jamais été suivie par des voyageurs depuis qu'elle n'est plus utilisée, elle est donc un véritable défi pour ceux qui vont la parcourir, et c'est ce défi qui va être raconté de deux manières différentes dans Appia.

Tout d'abord, tel un classique récit de voyage, Paolo Rumiz nous décrit le cheminement effectué par ses acolytes et lui, de Rome à Brindisi, au plus proche de la via, ce qui n'est pas toujours simple car les vestiges de celle-ci sont parfois inexistants – c'est à grands renforts de recherches préalables que le cheminement pourra se faire sans grandes embûches -, sont recouverts par le bitume des nouvelles routes, font partie de propriétés désormais privées… En effet, l'Italie n'a pas été tendre avec cette voie, ne se préoccupant que bien peu de son intérêt archéologique au fil des siècles, ce qui n'est allé qu'en empirant ces cinquante dernières années selon le journaliste. le cheminement devient alors enquête, autant historique que sociologique, non seulement sur la voie, et la difficulté de la conserver, mais aussi sur l'Italie des années 2000, sur la différence entre la vie romaine, dont viennent nos voyageurs, et la vie des Pouilles, sur l'évolution d'un pays en proie à des questionnements nombreux sur son identité première, celle de la Rome Antique. Cheminement raconté via une plume particulièrement travaillée et passionnante à lire, qui mélange parfaitement moments poétiques, pour raconter certains instants ou lieux du voyage qui le méritent, et moments plus factuels, pour décrire les rencontres au fil du voyage qui ont donné lieu à diverses conversations plus ou moins pertinentes pour Paolo Rumiz. J'avoue que j'aurais aimé connaître l'italien pour pouvoir lire ce récit de voyage sans filtre, même si je pense que la traduction est ici d'une très grande qualité. Cheminement qui s'accompagne également d'une introduction de présentation de la via, tout à fait bienvenue, ainsi que d'un hommage final rendu aux pieds du journaliste qui sont, en toute logique, sa première source d'inspiration, comme il l'indique à plusieurs reprises.

Même voyage, autre façon de le raconter : dans une deuxième partie, le journaliste ne décrit que le chemin suivi, tel un guide, à celui qui voudrait se lancer dans la poursuite de la via Appia. Pas de fioritures ici, de descriptions de lieux, de rencontres, de repas…, uniquement le trajet à prendre. Intéressant en somme pour un futur randonneur, mais finalement aussi intéressant pour le lecteur, qui peut ainsi se rendre compte à quel point un récit de voyage se construit personnellement, au fil du périple, et sera différent pour chacun, ce qui fait tout son sel et son sens.

Appia est donc un récit de voyage comme je les apprécie, qui devient vite plus qu'un simple récit de voyage, qui plus est remarquablement écrit, pour nous mener non seulement à la recherche de la Rome antique, mais aussi dans une Italie plus actuelle, partagée entre son désir de respecter son passé et son besoin de se réinventer, notamment parce que sclérosée au Sud par la mainmise de la Camorra, qui a étendu son activité au fil des années.
Lien : https://lartetletreblog.com/..
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La via Appia, 612 kilomètres, voie légendaire reliant Rome à Brindisi. C'est toute l'Histoire de l'Italie qui nous est contée dans ce texte riche et coloré. Des hommes (scientifiques, littéraires, amateurs de belles pierres ...) ont marché pour nous et nous ont restitué ce que l'Italie avait de meilleur quand elle restait centrée sur l'Art et la beauté, quand elle véhiculait des valeurs nobles, quand elle était tournée vers le monde.
Paolo Rumiz, journaliste de la Repubblica, sait écrire et décrire pour notre plus grand plaisir.
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Un peu plus que le week end à Rome, c'est la traversée de lItalie. Et la découverte , pour moi, de régions peu évoquées par le cinéma ou la littérature, avec leurs habitants, leurs cuisine (on en a souvent l'eau à la bouche) et leur paysage. Quelque fois un peu passéiste,
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Paolo Rumiz est journaliste, écrivain, mais surtout voyageur devant l'Eternel. Il a déjà bourlingué partout dans le monde, et décide cette fois, avec trois complices, de retrouver la célèbre « via Appia », la première route d'Europe, construite par les Romains il y a 2300 ans, qui part de Rome et descend vers le sud-est pour rejoindre Brindisi, dans les Pouilles.
A 67 ans, sac au dos, il va parcourir à pied ses six cents et quelques kilomètres, en tentant souvent de deviner là où elle se trouvait, car il n'en reste pas grand-chose.
Ce livre est le récit de cette incroyable expédition. J'avais craint une certaine monotonie, une lecture quelque peu ennuyeuse : pas du tout ! Au contraire, je me suis pris au jeu au fil des pages. Car la lecture d'« Appia » est paradoxalement très variée.
Paolo Rumiz est amoureux des vieilles pierres, à l'excès même (pas question de déplacer le moindre pavé retrouvé !) et ce ne sont pas les vestiges de l'époque romaine qui manquent le long du chemin. C'est l'occasion pour lui de râler ferme sur l'incompétence des autorités, leur ignorance de ces trésors, de râler aussi sur les magouilles de la maffia, sur l'indifférence de l'Italien lambda, de râler aussi sur le monde moderne symbolisé par ces diaboliques éoliennes. A chaque étape, Rumiz rencontre Horace, ou Virgile, et c'est parti pour de longues discussions philosophiques, politiques, avec ceux qui font un bout de chemin avec eux, archéologues, amis, ou simples habitants, car le bouche-à-oreille a fonctionné et ils sont nombreux à vouloir saluer ces marcheurs d'un autre temps !
Discussions savantes donc, intellectuelles ? Parfois, mais chaque journée se termine par un repas gargantuesque, et Rumiz est aussi amoureux de la cuisine italienne, qu'il nous décrit toujours avec moult détails. Ces repas sont l'occasion de ressentir cette chaleur humaine qui fait tant défaut aujourd'hui.
J'aurais sans doute pris plus de plaisir encore si j'avais connu cette région, ne fut-ce qu'un peu, mais je n'y ai jamais mis les pieds. Ou si mes souvenirs des poètes latins n'étaient pas aussi lointains…
L'auteur a entrepris cette énorme randonnée pour que d'autres l'imitent. Les cent dernières pages constituent les fiches techniques, précises et commentées, des 29 étapes parcourues. Il n'oublie pas les remerciements, mais de façon très peu classique puisqu'ils s'adressent…à ses pieds !
Un livre qui fait rêver… on en a tant besoin !
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