Bon, soyons clairs... ce titre, cette couverture rose bien tapageuse et cet immeuble en érection, irrémédiablement on se dirige vers une histoire qui ne parlera pas d'un amour platonique effleurant les pâquerettes! NON, évidemment. Doublement NON quand on sait que l'éditeur est L'arbre vengeur annonçant "une littérature insolente et exigeante". Tout est dit et tout est là dans ce texte de
Raphaël Rupert, raflant en 2018 le Prix de Flore qui rappelons-le distingue chaque année "un jeune auteur au talent prometteur" (site internet).
Ce livre est à la fois dingue et extrêmement maîtrisé. le ton est irrévérencieux, les mots sont crûment employés sans avoir peur d'appeler un chat...une chatte.
Un ex-architecte, Raphaël (comme l'auteur), décide de se lancer allègrement dans l'oisiveté la plus totale à la recherche de l'inspiration... profonde. Il veut écrire un roman, plus original que les autres et surtout différent de ceux de sa femme, romancière reconnue. Sa conviction que la libido et l'écriture sont liées va trouver raison dans l'ouverture à peine fortuite du journal intime de sa femme... quatre lignes aux accents obscènes et humiliants pour lui qui vont faire basculer sa réalité dans des élucubrations et extrapolations de plus en plus folles. Sorte de quête et de réflexions sur la sexualité, au sein du couple, hors du couple, fantasmée, idéalisée, luxurieuse, toute sa complexité, la souffrance qu'il peut engendrer et surtout toujours son rapport à la littérature et à l'inspiration. Et tout ça à cause du membre phallique surdimensionné de Léon...
Alors oui, si tu ne veux pas lire des mots tels que B., C., bander, se masturber, forniquer ou Youporn... ne lis pas ce livre. Par contre, si tu veux rire, vraiment, tout en lisant un texte culotté et insolent mais beaucoup moins léger qu'il n'en parait, alors lance-toi, ce livre est pour toi!
Oui c'est provocateur à souhait et intelligent à la fois.
Raphaël Rupert réussit par un texte ciselé et maîtrisé à nous bousculer, par le sexe non feint et par des situations loufoques, tout en interrogeant son rapport aux autres, à lui-même, à sa femme/aux femmes, la culture du désir, le rapport à la fiction et les limites de la réalité. le tout rythmé par des digressions et des références nombreuses et éclectiques qui excitent (oui) régulièrement l'intérêt du lecteur. Je ne les ai pas toutes aimées à égalité mais rien qu'à travers elles ce livre est impertinent, certes, mais surtout brillant.
Alors après ça? Oseras-tu aller explorer l'
Anatomie de l'amant de ma femme?