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Citations sur La Cité de la victoire (38)

Son programme avait la caractéristique inhabituelle d’aller de l’avant en regardant en arrière, en d’autres termes, il voulait que le futur ressemble à ce qu’avait été le passé et transformait ainsi la nostalgie en une nouvelle sorte d’idée radicale selon laquelle les termes de “en arrière” et “en avant” devenaient synonymes plutôt que contraires et décrivaient le même mouvement dans la même direction.
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(…) Pampa apprit la leçon que tout créateur devrait connaître, y compris Dieu. Une fois que vous avez créé vos personnages, vous êtes lié par leurs choix. Vous ne pouvez plus les refaire en fonction de vos désirs. Ils sont ce qu’ils sont et ils feront ce qu’ils voudront. Cela s’appelle le “libre arbitre”. Elle ne pouvait pas les transformer s’ils ne voulaient pas l’être.
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Vidyasagar lui-même se montrait très rarement. Il était sous l’emprise de l’âge. “Il refuse de mourir, dit Haleya Kote à Pampa Kampana. C’est du moins ce que disent les gens, mais son corps n’est pas du même avis que son esprit. Ils disent qu’il est comme un homme vivant dans un corps qui ne l’est plus. Il s’exprime en parlant d’une bouche morte et en faisant des gestes de ses mains mortes. Mais il reste le personnage le plus puissant de Bisnaga. Numéro Deux refuse de contrarier ses désirs aussi cinglés soient-ils. Il a voulu débaptiser toutes les rues, se débarrasser des anciens noms que tout le monde connaissait pour les remplacer par les longs titres de divers saints obscurs, de sorte que plus personne ne s’y retrouve et que des gens qui habitent la ville depuis très longtemps sont obligés de se gratter la tête quand ils doivent trouver une adresse. Une des nouvelles revendications de La Protestation, en ce moment, est de récupérer les anciens noms de rues familiers. C’est dire à quel point la situation est folle.”
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Numéro Deux avait remplacé le conseil royal par une assemblée gouvernante de saints, le Sénat de l’Ascendance Divine ou SAD, dirigé par un certain Sayana, le frère de Vidyasagar, et la ville était désormais sous la coupe de ce nouveau sénat strictement religieux qui s’employait à “démolir” la philosophie des bouddhistes, des jaïns aussi bien que des musulmans pour célébrer la Nouvelle Orthodoxie élaborée par les penseurs du mutt de Mandana sous la supervision de Vidyasagar, et à faire de cette Nouvelle Orthodoxie – qui n’était rien d’autre que la redite de la précédente Nouvelle Religion de Vidyasagar – les bases de la société de Bisnaga. Ces changements reflétaient exactement les évolutions du sultanat de Zafarabad où le sultan Zafar était mort (prouvant ainsi qu’il n’était pas finalement le Sultan Fantôme de la légende) et avait été remplacé par un autre Zafar, encore un Numéro Deux, un zélote de sa religion qui avait mis en place un “conseil des protecteurs” de son cru, composé de religieux. Ainsi, à la place de la tolérance d’autrefois quand les adeptes de toutes les religions pouvaient participer pleinement à la vie des deux royaumes, il y avait une séparation et une triste migration entre les deux royaumes de gens qui ne se sentaient plus en sécurité chez eux. “C’est tout simplement stupide, dit Pampa Kampana. Quiconque décide que nos dieux ou les leurs souhaitent ce genre de souffrances ne comprend fondamentalement rien à la nature de la divinité.” Selon Haleya Kote, de nombreux habitants de Bisnaga souffraient de cette nouvelle ligne dure mais ils se taisaient parce que Numéro Deux avait créé un escadron d’hommes de main qui réagissait durement à la moindre manifestation de dissidence. Il y a donc un noyau dur, un petit groupe qui gouverne, et la plupart des gens d’un certain âge le craignent et le détestent, malheureusement une proportion importante de jeunes le soutient en disant que la nouvelle “discipline” est nécessaire à la sauvegarde de leur identité.
“Et l’armée ? demanda Pampa Kampana. Comment les soldats réagissent-ils au renvoi des adeptes d’autres religions parmi lesquels il doit y avoir de nombreux hauts gradés ?
— Jusqu’à présent l’armée ne bouge pas, dit Haleya Kote. Je pense que les soldats craignent qu’on leur demande de s’attaquer à leurs concitoyens, ce qui serait un dilemme pour eux, et ils insistent donc sur leur neutralité.”
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Deux lignées très différentes étaient nées de Pampa Kampana. Les fils qu’elle avait eus avec Bukka Raya Ier dégageaient un âpre parfum de rancune dont elle était responsable pour les avoir rejetés, et l’un d’eux était roi à présent, le roi “Numéro Deux”. Il était la créature de Vidyasagar et son règne serait donc une période d’oppression et de puritanisme, et les femmes de Bisnaga à l’esprit libre allaient grandement souffrir. Elle ferma les yeux, envisagea le futur et découvrit qu’après Numéro Deux les choses allaient encore empirer. La dynastie allait sombrer dans des disputes, une intolérance religieuse grandissante et même le fanatisme. Telle était la lignée de ses fils. Les filles de Pampa Kampana, en revanche, étaient devenues des adultes progressistes, brillantes, à la fois des intellectuelles et des guerrières, les enfants les plus originaux qu’une mère puisse souhaiter. Elles avaient aussi hérité de la plupart de ses pouvoirs magiques alors que dans l’esprit terre à terre et obtus des mâles Sangama, on ne risquait pas de trouver la moindre raison de s’émerveiller. Même leur sentiment religieux était pesant, simplet et banal. Les considérations mystiques les plus élevées leur échappaient complètement et la religion devint pour eux un simple outil destiné à maintenir l’ordre social.
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La manière dont un homme gère la victoire dit de lui une forme de vérité : est-il un vainqueur magnanime ou un vainqueur assoiffé de vengeance ? Va-t-il demeurer humble ou se mettre à avoir une haute opinion de lui-même ? Va-t-il devenir dépendant de la victoire, avide de nouveaux triomphes, ou va-t-il se contenter de ce qu’il a accompli ? La défaite pose des questions encore plus profondes. De quelles ressources intérieures dispose-t-il ? La défaite va-t-elle l’anéantir ou révéler une capacité de résilience et des ressources jusque-là insoupçonnées, des qualités qu’il ne se connaissait pas lui-même ?
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L’introduction du culte collectif de masse fut une innovation radicale que l’on commençait à connaître sous le nom de Nouvelle Religion et que désapprouvait violemment La Protestation, tous les tenants de l’Ancienne Religion dont les pamphlets insistaient sur le fait que dans la Vieille, et donc Véritable, Religion, le culte de Dieu n’était pas une affaire publique mais privée, une expérience reliant le fidèle dans son individualité avec Dieu et personne d’autre, et ces gigantesques assemblées de prière étaient en réalité des rassemblements politiques déguisés, ce qui était un détournement de la religion mise au service du pouvoir. Ces pamphlets n’étaient pratiquement pas connus sauf des membres de petites coteries intellectuelles qui n’avaient aucune empathie avec les gens et de ce fait, étant presque impuissantes, pouvaient être autorisées à exister.
L’idée du culte de masse devint à la mode. Vidyasagar murmura au roi que s’il dirigeait ces cérémonies, il se produirait un flou très profitable entre le culte du dieu et la dévotion à l’égard du roi, ce qui se vérifia.
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"Merci, dit-elle, mais pour moi le temps des désirs est révolu. Tout ce que je désire à présent se trouve dans les mots et les mots sont tout ce dont j'ai besoin."
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Je lui dois tout, pensa Kampa Kampana. Ma propre fille l'a dit en mourant, puis sa fille et la sienne et ainsi de suite. Je vais donc tout lui donner. C'est à elle que revient la gloire, je resterai à ses côtés, simple Pampa, cachée dans l'ombre, et j'apprendrai que l'amour le plus authentique consiste à renoncer, à abandonner ses propres rêves pour réaliser ceux de la personne qu'on aime. Et puis je suis lasse de voir ceux que j'aime vieillir et mourir. Laissons les mourants aimer les mourants. Les immortels ne s'appartiennent qu'à eux-mêmes.
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- J'ai toujours pensé qu'une femme pouvait développer ses racines en elle-même, dit Pampa Kampana, et non se définir par sa présence auprès d'un homme, quel qu'il soit, fût-il un roi.
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