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Citations sur Éloge de l'oisiveté (58)

Le fait est que l’activité qui consiste à déplacer de la matière, si elle est, jusqu’à un certain point, nécessaire à notre existence, n’est certainement pas l’une des fins de la vie humaine. Si c’était le cas, nous devrions penser que n’importe quel terrassier est supérieur à Shakespeare. Deux facteurs nous ont induits en erreur à cet égard. L’un, c’est qu’il faut bien faire en sorte que les pauvres soient contents de leur sort, ce qui a conduit les riches, durant des millénaires, à prêcher la dignité au travail, tout en prenant bien soin eux-mêmes de manquer à ce noble idéal. L’autre est le plaisir nouveau que nous procure la mécanique en nous permettant d’effectuer à la surface de la terre des transformations d’une étonnant ingéniosité. En fait, aucun de ces deux facteurs ne saurait motiver celui qui doit travailler. "(…) C’est vrai que mon corps a besoin de périodes de repos, où il faut que je m’occupe du mieux que je peux, mais je ne suis jamais aussi content que quand vient le matin et que je peux retourner à la besogne qui est la source de mon bonheur." Je n’ai jamais entendu d’ouvriers parler de la sorte. Ils considèrent, à juste titre, que le travail est un moyen nécessaire pour gagner sa vie, et c’est de leurs heures de loisir qu’ils tirent leur bonheur, tel qu’il est.
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Le bon usage du loisir, il faut le reconnaître, est le produit de la civilisation et de l'éducation. Un homme qui a fait de longues journées de travail toute sa vie s'ennuiera s'il est soudain livré à l'oisiveté. Mais sans une somme considérable de loisir à sa disposition, un homme n'a pas accès à la plupart des meilleures choses de la vie.
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La morale du travail est une morale d'esclave, et le monde moderne n'a nul besoin de l'esclavage.
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La notion de devoir, du point de vue historique s'entend, fut un moyen qu'ont employé les puissants pour amener les autres à consacrer leur vie aux intérêts de leurs maîtres plutôt qu'aux leurs.
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La classe oisive [...] a cultivé les arts et découvert les sciences ; elle a écrit les livres, inventé les philosophies et affiné les rapports sociaux. [...] Sans la classe oisive, l'humanité ne serait jamais sorti de la barbarie.
Toutefois, cette méthode consistant à entretenir une classe oisive déchargée de toute obligation entraînait un gaspillage considérable. [...] Elle a pu engendrer un Darwin, mais, en contrepartie, elle a pondu des dizaines de milliers de gentilshommes campagnards dont les aspirations intellectuelles se bornaient à chasser le renard [...]. A présent, les universités sont censées fournir , d'une façon plus systématique, ce que la classe oisive produisait de façon accidentelle. [...] C'est là un grand progrès mais qui n'est pas sans inconvénient. La vie universitaire est si différente de la vie dans le monde commun que les hommes qui vivent dans un tel milieu n'ont généralement aucune notion des problèmes et des préoccupations des hommes et des femmes ordinaires. De plus, leur façon de s'exprimer tend à priver leurs idées de l'influence qu'elles mériteraient d'avoir auprès du public.
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La bonté est, de toutes les qualités morales, celle dont le monde a le plus besoin or la bonté est le produit de l'aisance et de la sécurité, non d'une vie de galérien.
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L’attitude des classes gouvernantes, en particulier de ceux qui s’occupent de propagande éducative, quant à la dignité du travail, est presque exactement celle que les classes gouvernantes du monde entier ont toujours prêchée à ceux que l’on appelait les "bons pauvres". Être industrieux, sobre, disposé à travailler dur pour des avantages lointains, tout cela revient sur le tapis, même la soumission à l’autorité. D’ailleurs, l’autorité représente toujours la volonté du Maître de l’Univers, lequel, toutefois, est maintenant connu sous le nom de Matérialisme Dialectique.
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Supposons qu’à un moment donné, un certain nombre de gens travaillent à fabriquer des épingles. Ils fabriquent autant d’épingles qu’il en faut dans le monde entier, en travaillant, disons, huit heures par jour. Quelqu’un met au point une invention qui permet au même nombre de personnes de faire deux fois plus d’épingles qu’auparavant. Bien, mais le monde n’a pas besoin de deux fois plus d’épingles : les épingles sont déjà si bon marché qu’on n’en achètera guère davantage même si elles coûtent moins cher. Dans un monde raisonnable, tous ceux qui sont employés dans cette industrie se mettraient à travailler quatre heures par jour plutôt que huit, et tout irait comme avant. Mais dans le monde réel, on craindrait que cela ne démoralise les travailleurs. Les gens continuent donc à travailler huit heures par jour, il y a trop d’épingles, des employeurs font faillite, et la moitié des ouvriers perdent leur emploi. Au bout du compte, la somme de loisir est la même dans ce cas-ci que dans l’autre, sauf que la moitié des individus concernés en sont réduits à l’oisiveté totale, tandis que l’autre moitié continue à trop travailler. On garantit ainsi que le loisir, par ailleurs inévitable, sera cause de misère pour tout le monde plutôt que d’être une source de bonheur universel. Peut-on imaginer plus absurde ?
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Si, à la fin de la guerre, cette organisation scientifique (laquelle avait été mise au point pour dégager un bon nombre d’hommes afin qu’ils puissent être affectés au combat ou au service des munitions) avait été préservée, et si on avait pu réduire à quatre le nombre d’heures de travail, tout aurait été pour le mieux. Au lieu de quoi, on en est revenu au vieux système chaotique où ceux dont le travail était en demande devaient faire de longues journées tandis qu’on abandonnait le reste au chômage et à la faim. Pourquoi ? Parce que le travail est un devoir et que le salaire d’un individu ne doit pas être proportionné à ce qu’il produit, mais proportionné à sa vertu, laquelle se mesure à son industrie.
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Partout en Europe, mais pas en Amérique, il existe une troisième classe d’individus, plus respectée que ne l’est aucune des deux autres. Ce sont des gens qui, parce qu’ils possèdent des terres, sont en mesure de faire payer aux autres le privilège d’être autorisés à exister et à travailler. Ces propriétaires fonciers sont des oisifs et on pourrait donc s’attendre à que j’en fasse l’éloge. Malheureusement, leur oisiveté n’est rendue possible que par l’industrie des autres ; en fait, leur désir d’une oisiveté confortable est, d’un point de vue historique, la source même du dogme du travail. La dernière chose qu’ils voudraient serait que d’autres suivent leur exemple.
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