Dragon Blood, tome 2 : La Légion des flammes

L'Argent se détourna, se redressa pour regarder vers l'est. Titubant sous le sentiment brutal d'être devenu importun, le jeune homme battit en retraite et redescendit la passerelle jusqu'au quai. Un groupe d'Altérés se rassemblaient déjà, sans doute convoqués par le drac. Tous avaient été d'honorables habitants de la ville et portaient encore leurs tenues professionnelles caractéristiques, en haillons: charpentiers, artisans, ouvriers de chantier naval, manœuvres. On percevait leur soif ardente d'obéir. Le monstre lui avait octroyé une équipe. Après un moment de réflexion, Sirius se concentra sur une illustration qu'il se rappelait avoir vue dans l'un des plus anciens volumes de la bibliothèque du musée, Histoire des guerres de Régence par Marschenik: une armada de galères à rames approchait du rivage de Valazin, alors cité-État indépendante. Chacune remorquait deux barges où s'entassaient des troupes.
-Le tirant est trop faible pour les eaux arradsiennes, décréta un homme trapu qui, à en juger par sa tenue avait travaillé dans les chantiers navals.
Il partagea alors une image de son cru, celle d'un vaisseau plus effilé, à la coque plus creusée.
-Transport de troupes de la flotte impériale, expliqua-t-il. (son esprit exsudait la certitude de l'homme de métier). Avec assez de bois, on peut en construire cinquante en un mois.
-Et le bois? transmit Sirius à ses compagnons.
Un cœur confus lui répondit : Plein d'arbres au-delà du mur… Démolir les maisons… Démanteler les navires les plus petits…
Il hocha la tête et regarda derrière lui, vers l'Argent qui ne quittait pas l'est des yeux. L'ordre était clair, il le transmit à son équipe toute neuve:
-Construire. Cinquante dans la semaine.