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Je m'intéresse à Eric Sadin depuis plusieurs mois maintenant que ce soit par ses interventions dans les médias ou à travers ses oeuvres. Il est un grand spécialiste de l'Intelligence Artificielle et des dangers qu'elle représente pour nos sociétés et notre monde. Si l'IA n'est pas le thème principal de ce livre, il nous propose tout de même un tableau extrêmement pertinent et réaliste du monde dans lequel on vit, de l'évolution de notre société, de notre "déshumanisation" par rapport au smartphone, à Internet, aux relations interpersonnelles etc... Un livre à recommander et à mettre entre toutes les mains de celles et ceux qui ont l'impression de vivre entourés de zombis décérébrés.
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Alors que les crises économiques se succèdent, que l'avenir est de plus en plus incertain pour beaucoup, que la précarité s'installe, que nos vies nous échappent dans un monde globalisé et gouverné par le néolibéralisme, l'illusion de la toute-puissance de l'individu ne fait que s'accroître. A travers les réseaux sociaux on s'exprime, on se montre, on se like avec le sentiment orgueilleux de participer au monde. Les paramètres de nos ordinateurs et smartphones nous font imaginer être l'objet d'une continuelle sollicitude. Chacun nourrit ses rancoeurs, se replie sur des appartenances à des minorités, se prend en selfie en toute occasion, file sur sa trottinette électrique avec la satisfaction d'être seul au monde et au mépris de tous les autres usagers de la route et des trottoirs…La notion de monde commun, de respect de l'autorité, d'obéissance aux institutions s'effondre à mesure que croissent les revendications des uns et des autres qui s'estiment lésés, incompris, oubliés, délaissés, peu considérés, stigmatisés…La violence s'affirme alors comme mode naturel de réaffirmer ses droits, d'imposer ses particularités.

Eric Sadin nous livre une brillante analyse des dérives de nos sociétés modernes ultra libérales et du danger qui les menace face à ce repli sur un individualisme tyrannique : l'impossibilité de vivre ensemble, d'imposer une loi commune, la rupture du contrat social et finalement le triomphe du plus fort et du plus revendicatif. Pour échapper à ce danger, il est urgent de prendre conscience de la manipulation qui est à l'origine de cette illusion d'autosuffisance, de cette apparente liberté de s'affirmer différent, de revendiquer l'accès à tout jusqu'à l'absurde, de se singulariser, au prix d'incivilités croissantes, de la montée d'une violence verbale comme physique qui se considère légitime alors qu'elle n'est que le signe d'une profonde régression. Et de rendre nos démocraties ingouvernables.
Mais on peut objecter que malgré tout cette parole nouvelle qui s'élève en parallèle d'un monde politique qui a perdu sa crédibilité et d'une société qui n'offre plus d'espoir peut également rassembler et dessiner les possibilités d'un monde nouveau. A la manière des gilets jaunes, mouvement de protestation spontanée né des réseaux sociaux et qui contenait à la base une volonté du peuple de reprendre son destin en main…
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Cet ouvrage est documenté, réfléchi et alarmant.
Il parle du libéralisme, de l'individualisme, du néo-libéralisme et de l'ultra-libéralisme.
De décennies en décennies, les gens se sentent "limités par eux mêmes", sans lien avec les autres et maitres de leur sort.
Mais nous ne vivons que par et grâce aux autres, nous sommes une espèce sociable où l'entraide est notre force.
L'individualisme est un leurre, la course de tous contre chacun est stérile.
Cet état d'esprit autorise à "écraser" le plus faible... en attendant un plus fort.
Cet opus montre bien et documente cette dérive.
Mais que faire pour contrer cette pente mortifère ?
Mettre en avant les témoignages (sic) ?
Exacerber les "sentiments personnels" pour les mettre en avant ? J'en doute !
Oui, écouter les "je suis..." mais pour les confronter à "nous sommes...", peser les + et les - pour en conclure une solution médiane et concertée, bref trouver une voie consensuelle.
J'ai raison, toi aussi mais la "vérité" (ou la meilleure idée du moment) est entre les 2.
Bref, parlons, échangeons, débattons mais écoutons nous .
Construisons notre futur sans nous déchirer.
Oui, je suis naïf.
Livresquement votre
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Je reste un peu sur ma fin en fermant le livre. J'ai lu une suite d'inventions, de faits (divers ou non), qui démontrent toujours l'idée directrice de l'auteur, celle que l'individu devient maître tyrannique se sentant pousser des ailes et oubliant le monde qui l'entoure ou à l'inverse voulant le détruire sans état d'âme. Quelques faits d'une extrême violence sont relatés. Un manque de discernement dans la réaction à la pandémie de coronavirus et la nécessité de se ressaisir de l'essentiel dans nos questions politiques et de civilisations à savoir la notion de liens entre les individus et l'ensemble commun, de leur viabilité, leur qualité et leur équité, clôt l'actualité de l'histoire. Je n'en ressort pas intellectuellement très enrichi et me sens déçu après toutes les critiques positives lues autour de l'ouvrage. Je m'attendais à davantage d'analyse et moins de faits.
Il n'empêche que l'auteur reste clair dans sa façon de s'exprimer, et que j'ai apprécié par ailleurs la clarté de sa pensée exprimée oralement.
Je n'ai toujours pas de compte facebook, ni instagram, ni twitter et je confirme qu'on s'en passe très bien.
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Le livre d'Eric Sadin décrit de manière concrète et passionnante la fin du monde commun et l'émergence de l'individu tyran et solitaire.
Le monde commun prend ses origines dans l'individualisme libéral théorisé au 18e siècle par Locke et de Tocqueville entre autres, puis dans l'élan démocratique du 20e siècle pour trouver son point d'équilibre dans les années 1960.
A partir du choc économique et la crise 1970 les citoyens perdent leurs repères et Eric Sadin décrit clairement l'avènement de l'individu contemporain. Ce sont les arrivées simultanées du portable et d'internet qui vont finir de mettre à mal le socle commun des démocraties libérales avec de développement du mythe de la suffisance de soi. Sadin décortique toutes les fonctions mises en place par l'industrie du numérique (du like au retweet) qui flattent le besoin de reconnaissance de chacun et développent une vanité sans limite. le livre saisi les logiques de chaque décennies depuis les années 80 pour diagnostiquer le présent.
Le diagnostique est clair et implacable. La violence à venir qui est décrite fait froid dans le dos tant le processus parait irréversible.
Eric Sadin propose quelques pistes pour essayer de reconstruire un cadre commun, et reprendre la construction d'un monde plus humain et juste pour tous. Il faudra une prise de conscience massive pour y arriver, et ce livre pourra y contribuer.
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Eric Sadin est un philosophe français contemporain, critique du progrès technologique et dont les ouvrages traitent de thématiques autour du capitalisme de surveillance, dérives des réseaux sociaux et transhumanisme.

Dans l'ère de l'individu tyran, l'auteur pointe un paradoxe caractéristique de notre époque: Les individus composant nos sociétés sont précarisés, isolés, atomisés mais entretiennent une illusion de pouvoir sur leur sort via les réseaux sociaux et les nouvelles technologies.

Pour dresser le constat de cette atomisation, de la mort d'un reliant et l'absence de communion réelle entre individus, l'auteur développe une fresque historico-philosophique qui revient sur les fondements de l'individualisme libéral (pessimisme anthropologique et droit naturel), la faillite des promesses idéologiques, l'abandon du peuple par ses élites et les continuelles déceptions électorales. Nous vivons aujourd'hui cette postmodernité dont la principale caractéristique selon Jean-François Lyotard est la fin des grands récits.

L'individu contemporain ne croyant plus en un destin commun, en des lois communes et en ce qui fait le ciment d'une société, va s'octroyer une puissance factice via les réseaux sociaux et son smartphone: en commentant, "likant", partageant du contenu, en se mettant en scène et dans tous ses états, il se sent puissant, il focalise sur lui une attention, il devient un "influenceur" dirait-on. Cette auto-suffisance se voulant émancipatrice, ouvre en réalité la porte à toutes les dérives et favorisent notre impuissance collective. Notre société est victime d'un "isolement collectif".

Dans son dernier ouvrage "faire sécession", Eric Sadin propose des pistes pour sortir de cette illusion et qui peuvent se résumer par ce qu'il appelle "une politique de témoignage", recentrée sur le vécu et le réel individuel et collectif. J'y reviendrai peut-être un jour.

Je conseille également de regarder ses deux passages sur la chaine Thinkerview pour ceux que ce sujet intéresse.







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Une lecture légère, très intéressante et enrichissante. le style est assez simple, proche d'une publication divulgative. La thématique est bien contemporaine et pousse le lecteur à une réflexion sur les détails du monde contemporain vers un individualisme mondialisé. Je vois maintenant avec un point de vue différent certaines actions ou décisions actuelles, à niveau individuel ou communautaire.
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Un brillant auteur qui sait décrire le passé très proche de nous avec un recul d'historien ce qui nous permet d'avoir un vision incroyable sur les 50 dernières années et d'expliquer les phénomènes d'individualisation à l'oeuvre dans nos sociétés sur-connectées.
Tout commence dans les années 70-80 avec l'avènement des supermarchés, des slogan Just do It de Nike, parce que JE le vaux bien et la télé-réalité.
Dans les années 2000, les IPhones, Itunes et YOUTube (BroadCast Yourself) renforcent l'ère de tout pour moi.
Enfin les réseaux dit sociaux Facebook, Insta et compagnie parachèvent l'époque de l'auto-contemplation moderne, usine a flatterie et a discorde, dans un immense brouhaha.
Bon, on aura compris que les propos de l'auteur ne sont pas hyper positifs et le "c'était mieux avant" pointe son nez même s'il se garde bien d'une comparaison avec d'autres époques, mais parle plutôt d'une nation écorchée et ingouvernable !
La fin du livre est encore plus sombre avec l'avènement des contre-vérités, des réalités alternatives, qui brouillent notre vision du monde.
Mais surtout il se termine avec des anecdotes certe réelles (Bataclan, etc...) mais qui mis bout à bout désenchante complètement le future.
Toujours une façon de regarder le verre à moitié plein ou à moitié vide. J'ai choisi !
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"L'ère de l'individu tyran: La fin d'un monde commun" d'Éric Sadin est une lecture stimulante et pertinente pour quiconque s'intéresse aux transformations sociales et culturelles de notre époque. En analysant les mécanismes sous-jacents à l'émergence de l'individu tyran, Sadin invite le lecteur à repenser notre rapport à l'individualisme et à réaffirmer l'importance du bien commun dans la construction d'une société équilibrée et résiliente.
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J'avais bien aimé la Sillicolonisation du Monde, mais j'ai été très déçue par cet essai que je pensais être une réflexion sur les ravages du capitalisme sur les esprits, et se révèle être une sorte de pamphlet réactionnaire contre tout ce que l'auteur estime (un peu arbitrairement) être tyrannique. Si certaines reflections sont intéressantes, il me semble être à côté du sujet lorsqu'il présente par exemple les luttes post-coloniales ou antiracistes comme l'expression de cet ultra individualisme totalitaire. A mon avis, et comme bien d'autres avant elles, ces luttes s'expriment justement dans un désir de créer un monde commun et surtout d'en faire partie (droit qui leur a si longtemps été refusé). On y retrouve les habituelles complaintes contre « les excès de #metoo »… l'auteur se contredisant lui même en ne reconnaissant pas que ce mouvement a pu justement aussi créer un monde commun pour celles et ceux qui en ont fait partie. Bref, j'avais un peu l'impression d'entendre un énième éditorialiste conservateur à la télé, et c'est dommage. D'autant que ses réflexions sur la technologie sont souvent très justes.
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