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Critique de LoupAlunettes


Le Japon nous emmène en Angleterre (et en Chine), à la "belle" époque de William Shakespeare

( La belle époque. Comme dirait un jeune lecteur, monsieur, c'est une litote! C'est une figure de style où ce qui est Pensé en plus est tempéré par moins d'effet pour en créer d'avantage, mais on en pense pas moins. Vous saisissez)

Oui, chers lecteurs, nous naviguerons dans le monde des belles lettres.


Mais aussi de la satire, de la comédie, du théâtre humain.

Les fards ne manquent pas, somptueux, vulgaires, portant aux nues des artistes inspirants, des renards fourbes qui tentent de s'abstraire du devoir de toutes sortes et pourquoi pas, du regard de la vigilante reine Elisabeth 1er.

Le début d'intrigue de ce Seinen imaginé par Harold Sakuishi est troublant, deux fils d'évènements se croisent, un qui expose la situation de l'art Théâtral dans cette fiction Elisabéthaine, un autre mettant en doute la paternité de William Shakespeare sur une de ses oeuvres.


En peu de pages, beaucoup de choses sont dites.

Le théâtre se fait le vecteur d'idées sous le pastiche, parfois un pamphlet grimé sous le maquillage de fête et d'humour, une liberté d'expression dont le rapport débridé ne plait pas à tout le monde.


"Une source de dépravation pour l'homme. Comte Cecil, nous ne pouvons plus hésiter par peur de froisser la reine. le théâtre est un spectacle abject.", déclare Richard Topcliffe, de la Police Secrète.

"Mettez-les tous en prison et faisons-leur goûter au châtiment qui les attend en enfer.

Comédiens, régisseurs, impressarios, poètes...

Ne me dites pas que vous rechignez à tuer un écrivain..."

Qu'en pense la Reine?


N'est ce pas déja prenant?

L'auteur sait manier la grande Histoire pour dynamiser sa petite histoire.

Dixit Wikipédia: "Le théâtre élisabéthain désigne les pièces de théâtre écrites et interprétées en Angleterre, principalement à Londres, depuis 1562 jusqu'à l'interdiction des représentations théâtrales par le Parlement en 1642, qui a conduit à la fermeture et à l'abandon des théâtres".


De l'autre côté de ce fond de décor, l'autre intrigue, un script original de la pièce d'Hamlet qui est en voie d'être vendue dans une vieille gargote.

Comme dit par un des personnages avec ses propres mots, c'est du droit d'auteur mis en berne et vendre, multiplier un manuscrit conduit à effacer l'exclusivité légitime d'une troupe sur une pièce, met à mal son succès.

Mais le script semble un poil différent après expertise d'un éclairé, est-ce vraiment un original? Où alors le William Shakespeare de cette fiction a t-il plagié et se trouve être un imposteur?


Harold Sankuishi l'auteur s'inspire t-il de ces nouvelles théories et recherches universitaires anglaises sur le plagiat qui prétendent que William Shakespeare se serait fortement inspirés de l'oeuvre de confrères?


Shakespeare est devenu un mystère presque fascinant.

Il n'en demeure pas moins que la force, la passion et la poésie de ses pièces continuent de nous habiter.

Hamlet, Othello, Roméo et Juliette, Songe d'une nuit d'été, le Roi Lear, pour ne citer que ces pièces illustres.

Les pièces de Shakespeare sont faites de désirs ardents, de trouver l'amour, elles sont pétries dans la vengeance parfois d'avoir perdu, souvent signées par le destin, toujours contrariées par les passions, les jalousies, les soifs de pouvoir des hommes.

Les pièces de William emportent souvent ses héros dans la mort pour nous tirer la larme sur un acte manqué, ils ne vécurent pas heureux et n'eurent pas d'enfants pour les pleurer. (bruit de trompette dans un kleenex en papier)


Harold Sakuishi ne semble pas déroger à cette règle.

Il noue le mystère Shakespeare au destin d'une jeune chinoise immigrée, Li.

Elle vole la vedette au dramaturge et la moitié du volume lui sera consacrée.

Sa famille débarque en pleine période politique de chasse aux sorcières à Liverpool.

Nous flirterons avec le fantastique puisque Li se montre réellement dotée de visions prémonitoires.

Li apprendra durement à filtrer les informations sortant de sa bouche depuis l'enfance (la famille n'est pas tendre et le voisinage non plus à Chinatown) et ces talents connus de la communauté, mais très caché aux anglais, soutiendront l'économie chinoise avec succès.

Jusqu'à ce que le destin s'en mêle et que les vestes en soie se retournent, poussées par le désoeuvrement qui force la porte bras dessus bras dessous avec son amie la superstition.


Quelle serait la connexion de cette devineresse du vieux temps avec le manuscrit de notre illustre William?

Mais est-ce d'ailleurs bien son vrai nom?

La première de couverture offre le visage d'une beauté trop belle pour être honnête, diraient des coeurs prudents et romantiques, sentant le pouvoir de l'insondable beauté du diable (soupirs).

On accroche à l'histoire sans difficulté et on rit souvent, vraiment, grâce aux gimmicks "manguesques" et clownesques malgré les événements qui replacent les personnages dans des circonstances assez rudes du rapport humain.

Qu'adviendra t-il de Li et d'où vient ce Shakespeare de fiction?

A vous de le découvrir.

Un manga pour grands ados assez captivant.
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