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Jérémie Peltier (Autre)Jérémie Peltier (Autre)
EAN : 9782815935371
96 pages
Éditions de l’Aube (20/02/2020)
2.5/5   2 notes
Résumé :
Chacun de nous a déjà perdu : un match, un jeu, une négociation, un emploi. Certains ont même parfois perdu une élection. Que reste-t-il de la défaite pour le reste de notre vie ? Comment vit-on avec cet échec qui ne correspond pas aux standards de notre société de la performance ? Y a-t-il de belles défaites et de mauvaises défaites ? Un petit livre pour montrer que nous avons le droit d'être mauvais, qu'échouer est intrinsèque à l'être humain, et qu'il est possibl... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
« Ne nous voilons pas la face : perdre fait mal, fâche et abîme. C'est une claque. le surgissement du réel dans un scénario que l'on imaginait idéal. » (p. 12) En sport comme en politique, la défaite interroge tout un parcours, un processus finalement non payant. Entraînement et campagne électorale sont revus et commentés selon que le challenger/candidat remporte ou perd le titre. Si le sport permet une certaine résilience et un retour sur les podiums, la politique des dernières années a prouvé qu'elle n'aime pas les perdants. Celui qui n'est pas élu ou réélu est désormais un loser, tandis que son adversaire plus chanceux n'a que peu de temps pour imposer sa réussite. « La victoire, en politique, constitue de plus en plus une fin en soi. L'alpha et l'oméga, c'est gagner, pas tant de construire l'avenir. Car après la victoire, on ne pense pas à l'après. On gère le courant. À l'inverse, la défaite nous oblige à voir plus loin, à établir une nouvelle stratégie, à penser au 'rebond' du lendemain. » (p. 21)

La mémoire commune se souvient des victoires, notamment celles que personne n'attendait : les Bleus en 1998 ou François Hollande en 2012. Mais elle épingle tout aussi durablement les défaites, car elles en disent souvent plus long que les succès. « La défaite m'intéresse particulièrement, car tout le monde perd dans la vie. Dès lors, la question est de savoir ce que l'on fait de ses déconvenues, faillites et autres drames personnels. Comment on les convertit en expérience. Car même s'il y a souvent de la souffrance dans l'affaire, il y a aussi du positif : échouer nous complexifie... » (p. 8 & 9) Les deux interlocuteurs discutent de l'humilité dans la défaite et de la crainte du non-retour. Terreau de futures victoires ou immédiate mise à pied, la défaite n'en finit pas de questionner l'injonction de la performance dans laquelle le monde libéral oppose tous les individus.

Il est bien facile d'inviter le perdant à l'élégance quand on n'est pas soi-même arrêté à quelques mètres de la ligne d'arrivée, mâchant et crachant la poussière que le premier nous envoie dans les narines. « Parfois, la défaite n'apporte rien, elle fait juste beaucoup de dégâts. L'enjeu, c'est donc de savoir perdre, d'apprendre à perdre avec élégance. C'est perdre mieux. Perdre avec autorité. Perdre avec dignité. » (p. 74)

De cet entretien mené à bâtons rompus, je retiens surtout le fameux exemple de Raymond Poulidor, si souvent cité par un de mes grands-pères. Je n'ai jamais vu courir ce cycliste, mais je me souviens du chagrin que j'ai eu pour cet inconnu quand j'ai appris qu'il n'avait jamais gagné. « C'est aussi cela, Poulidor ! Un perdant magnifique, un sempiternel vaincu qui n'abandonne jamais. Peut-être un surhomme, quelque part... En tout cas, un héros du quotidien ! Voilà l'origine de la 'poupoularité' de l'Éternel Second sur les routes du Tour de France. Il ne survole jamais. Rien ne lui est acquis. Il n'a pas de don. Son expérience quotidienne est celle du travail. C'est la France qui se lève tôt, celle qui va au turbin. C'est le pays qui, par l'effort, tire un bénéfice de son labeur. » (p. 39) La défaite, d'accord, mais pas sans s'être battu jusqu'au bout !

Cet échange est intéressant par de nombreux aspects, mais j'y ai parfois trouvé la lourdeur d'une discussion de comptoir. Dommage, car le sujet mérite d'être exploité plus précisément, au-delà des seuls exemples sportifs et politiques.
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Éloge de la défaite est un bref essai sur la défaite sous la forme d'un dialogue entre Laurent-David Samama, auteur entre autres d'un Les petits matins rouges. Récit d'une trahison et d'un Kurt, et Jérémie Peltier, directeur des études à la Fondation Jean Jaurès.

Traitant de la défaite en général et de ses conséquences dans différents domaines de nos existences dominées par la performance quelle que soit ses formes, c'est surtout la comparaison entre les sphères de la politique et du sport qui fait l'intérêt et l'essentiel du dialogue - les conséquences individuelles et collectives dans ces deux sphères sont notamment abordés.

Mobilisant de nombreuses anecdotes et histoires, ce bref essai est intéressant pour qui n'aurait jamais rien lu sur le sujet et pourra constituer une espèce d'introduction ; les lecteurs ayant déjà quelques lectures sur la question dont Les vertus de l'échec de Charles Pépin (livre cité au cours du dialogue) pourront s'en passer pour lire d'autres ouvrages plus détaillés et plus exhaustifs.
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Ce dialogue est une introduction sur le sujet. Curieuse d'un développement, tant il y a à dire…
La thématique m'intéresse. Reste à trouver des essais pour alimenter cette discussion, à venir effectivement interroger « ce mal curieux et moderne, l'exigence de performance comme une grille de lecture sociétale opérante ».

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critiques presse (1)
LeJournaldeQuebec
30 novembre 2020
Quel titre accrocheur pour un Québécois, dont la devise pourrait être, malheureusement, «De défaite en défaite, jusqu'à la victoire finale !»
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
« C’est aussi cela, Poulidor ! Un perdant magnifique, un sempiternel vaincu qui n’abandonne jamais. Peut-être un surhomme, quelque part… En tout cas, un héros du quotidien ! Voilà l’origine de la ‘poupoularité’ de l’Éternel Second sur les routes du Tour de France. Il ne survole jamais. Rien ne lui est acquis. Il n’a pas de don. Son expérience quotidienne est celle du travail. C’est la France qui se lève tôt, celle qui va au turbin. C’est le pays qui, par l’effort, tire un bénéfice de son labeur. » (p. 39)
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Pourquoi le sujet vous intéresse-t-il tant ? parce qu’il fait s’entrechoquer l’intime et l’extérieur, nos sentiments les plus profonds et la réalité la plus froide. Perdre, c’est ce confronter au monde tel qu’il est. Sortir, d’une certaine façon, de ses constructions mentales, de la théorie, pour expérimenter l’influence des autres et ses propres limites sur le cours de son existence. C’est également un lien au temps.
(…)
La question est de savoir ce que l’on fait de ses déconvenues, faillites et autres drames personnels. Comment on les convertit en expérience. Car même même si il y a souvent de la souffrance dans l’affaire, il y a aussi du positif : échouer nous complexifie…
P14
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« Parfois, la défaite n’apporte rien, elle fait juste beaucoup de dégâts. L’enjeu, c’est donc de savoir perdre, d’apprendre à perdre avec élégance. C’est perdre mieux. Perdre avec autorité. Perdre avec dignité. » (p. 74)
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Les moments de défaite nous font faire des choses que nous n’aurions jamais fait avant, mais qui correspondent à notre état d’esprit du moment.
C’est en cela que la défaite revêt un caractère plus authentique que la victoire : il n’y a plus de filtre quand l’échec survient ; on parle, et on agis soudain avec le cœur, avec les tripes, on enlève le surmoi et les conventions.
P65
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Car même s’il y a souvent de la souffrance dans l’affaire, il y a aussi du positif : échouer nous complexifie... (p. 9)
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