Extrait 7
J’ai attendu sous la coque nocturne du bateau de
cendre, là où l’on avait tant navigué, là où la houle
de nos caresses griffe encore la poussière de cette
fièvre noire, épaisse comme le néant sous le lit, j’ai
attendu que ton corps me murmure, me supplie de
te serrer dans mes bras.
Extrait 5
Dans la chambre, j’ai déposé ton corps
de soie nocturne entre les draps du lit
ouvert. Je n’ai pas éteint au contraire,
j’ai voulu voir fleurir sur ton col la
fraîcheur de ton visage.
Extrait 4
Alors j’ai marché dans toutes les pièces de la
maison comme au premier jour de notre
rencontre en tenant ta petite robe noire par
la taille.
J’ai souri au plafond, aux murs blancs qui
portent encore la trace de toutes tes photos.
J’ai souri au miroir qui porte encore la trace
de mes lèvres sur ton front.
Extrait 2
Un matin, j’ai ouvert toutes les portes de la
maison et j’ai invité le nuage le plus animal à
entrer. Puis j’ai décroché ta petite robe noire
de son cintre de bois clair dans l’armoire
cirée où dorment encore toutes tes
enveloppes.
Extrait 1
Tous les ans au printemps, j’ai peur de
mourir. Et je ne meurs pas. Je me noie
dans une fatigue sans
fond.
J’ai beau dormir, me retourner en long
en large dans mon lit, le goût de vivre
me résiste. Une mémoire obscure se
glisse dans ma chambre d’ombre.
De la lumière tombe goutte à goutte
sur la peau des vitres, friable comme le
sourire de l’air. Il pleut du ciel quand le
ciel se sent seul. La pluie fait de moi
un esclave de la fenêtre
Extrait 3
J’ai entendu les autres fourreaux
murmurer que j’étais un assassin de les
priver de ta plus belle peau.
Un vent chargé de ton parfum a soufflé
doucement à l’intérieur.
À l’intérieur du bois des meubles.
À l’intérieur du bois de mes mains.
Extrait 6
J’ai laissé allumée la lampe bleue et quelques
bougies, celles qu’on allumait pendant le tourment
des orages comme des étoiles tombées sur le pays
du parquet.