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Critique de memma


memma
16 novembre 2016
Cette édition comporte à la fois Consuelo et la Comtesse de Rudolstadt, qui en est la suite. C'est un très long roman, qu'on suit à mesure, comme il a été écrit. le XIXe siècle offre cette délicieuse littérature de feuilletons, où l'écrivain devait peiner à se souvenir à la fin de ce qu'il avait écrit au début. de ce fait, on va ici de façon désordonnée et on change de ton sans cesse. Une bluette à Venise, un moment gothique dans les Carpathes, un roman de moeurs en Autriche, une prison romantique en Prusse, une fin illuminée.

Mais cette évolution permanente d'épreuve en épreuve est aussi la démarche du roman d'apprentissage du romantisme allemand et Consuelo est un des rares authentiques exemples de ce genre que nous ayons en France : avec le théâtre, emblème du rôle social qu'il faudra tenir ; avec les différents hommes entre lesquels il faudra choisir ; avec le don qu'on a et qu'il faudra savoir utiliser à bon escient.

Cette progression signifie un apaisement par rapport à Lélia et son impuissance à vivre (écrit en 33 et remaniée déjà de façon plus paisible en 39, cinq ans avant). J'ai beaucoup de mal à lire Lélia, je le fais par bribes. Ce roman-là se lit d'un trait : c'est un pur concentré de romanesque. Les hommes se font poursuivre à travers des grottes labyrinthiques, ils apparaissent sous des formes sombres et mystérieuses, menacent de mourir, meurent d'ailleurs à l'occasion, vous libèrent de prison, vous transportent, masqués, à travers des torrents ou au galop des diligences, vous embrassent (toujours masqués) au son des feux d'artifice. C'est un tel plaisir ! Et c'est conçu comme tel, pour aboutir à séduire enfin la petite Consuelo, qui est une dure à cuire.

En mineur, il y a des moments idylliques de promenades, de jardins découverts à la tombée du jour comme dans les contes, de longs cheminements amicaux où l'on chante ensemble. C'est d'ailleurs cet "ensemble" qui est le plus important, non pas tant l'amour - que George Sand considérait comme un "égoïsme à deux" - mais le fait de chanter avec d'autres et pour les autres, le fait de se partager la coupe, comme les hussites de Bohême, le fait de partager son art avec d'autres (avec le public, avec le "peuple" espéraient Sand et Liszt), d'accéder à la "bonne pauvreté" qui consiste essentiellement en un idéal artistique rêvé où l'on vous donne à manger sur le chemin en échange d'un moment de beauté.
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