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4,26

sur 5410 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le petit Riad, alors âgé de 2 ans en 1980, suscitait l'admiration des passants de par sa longue et épaisse chevelure blonde mais, surtout, celle de ses parents, Clémentine, d'origine bretonne, et Abdel-Razak, syrien. Ils se sont rencontrés sur les bancs de l'école, à La Sorbonne. Dans l'espoir de faire un jour de la politique (et pourquoi pas un coup d'état!), il avait choisi histoire. Devenu docteur en 1978, un peu déçu par la mention "Honorable" et comme pour se venger de la France, il a fait des demandes un peu partout dans le monde pour enseigner. Et voilà comment toute la petite famille a fait ses bagages et s'est envolée pour Tripoli, dans un pays gouverné par Kadhafi. Une maison vétuste qui se fissure, l'eau qui goutte du plafond, des chantiers à l'abandon, des rues désertes, voilà les premières images que retient le petit Riad. Il reste toute la journée avec sa maman qui a la tâche de garder la maison, fait la connaissance avec ses petits voisins de palier, un Yéménite et une Indienne, va faire la queue sur les épaules de son papa pour aller chercher la nourriture dans une coopérative et écoute les leçons de vie de ce dernier qui impose sa loi selon une certaine tradition...

Dans ce premier tome, Riad Sattouf nous raconte les premières années de sa vie. de la France où il est né, à la Lybie de Kadhafi où son père enseigna ou à la Syrie d'Hazed Al-Assad où un autre poste d'enseignant l'attend, entrecoupé d'un séjour en terre bretonne, l'on suit les périples de ce petit bonhomme à la chevelure dorée et de sa famille. de son regard d'enfant posé sur le monde, il relate avec force et densité les gens qui l'entourent, entre la grand-mère qui lèche les yeux des enfants, les gamins des rues sans coeur, les tantes qui sentent la sueur ou la voisine de la grand-mère bretonne qui vit comme au Moyen-Age. A la fois historique, didactique et très personnel, ce récit foisonne de petits détails, passionne tout autant qu'il étonne. L'auteur met en lumière les failles de ces régimes. Et pourtant, le ton est souvent drôle, anecdotique mais terriblement parlant et intelligent.

L'arabe du futur... prometteur...
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L'Arabe du futur est une bd de l'excellent Riad Sattouf qui retrace sa jeunesse depuis sa naissance jusqu'à ses 6 ans, ballotté entre la Lybie, la France et la Syrie. Né d'un père syrien et d'une mère française, en 1978, l'auteur a l'avantage de pouvoir nous offrir un point de vue double, à la fois arabe et français. Bon, il faut reconnaître que le genre autobiographique n'est pas forcément le plus adapté au neuvième art, mais après tout pourquoi pas et il faut bien avouer que Riad Sattouf s'en tire plutôt bien.

Commençons directement par ce qui fâche, à savoir l'aspect graphique du bouquin. Non pas le dessin en soit, toujours très expressif et efficace, avec une remarquable économie de moyens, mais la composition des planches, très monotone, on peut éventuellement friser l'ennui par moment. Quant à la monochromie, même topo, même si elle participe d'une certaine ambiance et permet de se repérer facilement avec un code couleur simple : Syrie = rouge, France = bleu, Libye = jaune.

Par contre l'évocation de sa vie est l'occasion pour l'auteur de mettre en avant sa sensibilité et sa personnalité, et cet arabe du futur, appelé de ses vœux par son père, offre de multiples dimensions.

-une réflexion sur la mémoire, en tant qu'elle est subjective, et donc, par extension sur la construction de soi, in fine, en tant qu'elle est, d'une certaine façon, faussée. Mais c'est notre lot à tous et il faut reconnaître qu'il faut du courage pour affronter ainsi son passé. On est frappé du regard sans concession, ambivalent, mais néanmoins plein de tendresse que Riad Sattouf porte sur son père, ainsi que par la présence toute relative de sa mère, qui semble un peu spectatrice des événements, même si elle sait se positionner fortement par moments.

-une dimension historique : légère mais bien réelle, elle nous permet de (re)découvrir ce que furent les régimes de Kadhafi et de Assad père (ce qui, au passage, surtout pour ce dernier, peut éclairer l'actualité) et le contexte dans lequel ils sont nés.

-une dimension culturel, à travers la confrontation entre une culture européenne et une culture arabo-musulmane, les tiraillements que provoquent les va et viens entre les deux, ainsi que les modes de vie, les structures familiales, notamment en ce qui concerne la société syrienne. A la limite, on est parfois pas loin d'une visée ethnographique.

En résumé, l'exercice de style est intéressant, même si l'enjeu est évidemment bien plus fort que cela pour Riad Sattouf et sa sensibilité tout comme son authenticité nous emportent, malgré un aspect graphique des plus austère.

note : 3,5/5
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Riad Sattouf, né d'une mère bretonne et d'un père syrien, raconte son enfance peu banale en France puis en Lybie et en Syrie dans les années 80. Cette BD pleine d'humour, aux dessins épurés en noir et blanc avec des courbes arrondies et un décor assez discret est de la même veine que Persepolis de Marjane Satrapie. Pour accentuer l'atmosphère propre à chaque période, Riad Sattouf apporte un peu de bleu et une touche de rouge pour les périodes passées en France, de l'orange avec une touche de vert pour celles passées en Lybie et enfin du rose et une touche de rouge pour la Syrie.
La saveur de la lecture tient à la qualité du récit qui ne faiblit jamais et au regard décalé du garçonnet à la chevelure blonde sur la vie dans des pays, des cultures et des systèmes politiques très différents, même s'il n'a pas la même espièglerie que la petite Marjane.
Riad Sattouf livre les faits sans concessions, il n'y a aucune trace de tendresse et on ne s'attache pas particulièrement à la famille de Riad Sattouf, certaines attitudes sont parfois difficiles à comprendre mais il serait trop hâtif de les juger avec sa propre histoire et sa propre culture.
On prend malgré tout un plaisir jubilatoire à regarder le monde à travers les yeux du petit Riad et on voudrait déjà lire la suite dans le prochain tome.
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Riad Sattouf se souvient...

Seul rejeton d'un père Syrien et d'une mère Bretonne, le petit Riad détonne de par son épaisse chevelure blonde.

Contraints, pour des raisons économiques, de s'exiler en Lybie, les Sattouf n'imaginaient pas le choc de culture et de civilisation qui leur était désormais promis.
Puis viendront les années Bretonnes auxquelles succèderont les souvenirs Lybiens, autant de périples, autant d'images encore bien présentes dans un album de famille truffé d'anecdotes et digne de celui des Harlem Globetrotters...

Pudique, tendre, drôle et évocateur d'un contexte économique et social excessivement délicat ( notamment en terre Syrienne et Lybienne, merci aux humanistes reconnus qu'étaient Kadhadi et Al-Hassad ) , ces déracinés chroniques se dévoilent au gré des expéditions successives, offrant au lecteur des tranches de vie particulièrement touchantes et riches d'enseignement.

Le ton, a contrario des situations traversées, est léger et évocateur d'un passé familial aimant et soudé et ce, malgré l'âpreté des environnements rencontrés.

Le trait est simple, les couleurs pastels, et les personnages bavards sans jamais être ennuyeux.

L'Arabe du Futur de Riad Sattouf : au poil !
Désolé...
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Né d'un père syrien, professeur d'université, et d'une mère bretonne, Riad Sattouf raconte son enfance entre Moyen Orient et France, sous forme de 5 albums de bandes dessinées.
Le regard d'enfant donne beaucoup de vérité au récit de la vie quotidienne. le style graphique de Riad Sattouf est très particulier, minimaliste, presque enfantin, aussi le lecteur comprend les situations vécues avec l'acuité d'un regard d'enfant.

Le tome 1 raconte l'enfance d'un petit garçon tout blond entre la France, la Libye et la Syrie. Il est à la fois drôle et plein de candeur et de lucidité, le narrateur n'a que deux à six ans. L'histoire dépeint chronologiquement les événements quotidiens dans une ambiance parfois sombre et brutale mais toujours avec humour. Riad Sattouf est un fin observateur du monde qui l'entoure et joue avec les stéréotypes, mais on devine une volonté de pédagogie pour décrire le contraste entre deux cultures opposées, dans ce récit autobiographique volontiers caustique.

La BD se partage en trois couleurs dominantes qui permettent de se repérer facilement : le bleu pour la France, le jaune pour la Libye et le rose-rouge pour la Syrie. Selon Sattouf, elles « se sont imposées assez facilement » à lui car ce sont « les codes couleurs de l'émotion ». En effet, le jaune évoque la tromperie du gouvernement de Kadhafi, le bleu dénote un climat de sûreté en France et le rose-rouge symbolise la dangerosité du régime syrien.
Un bon moment de lecture.
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Cette autobiographie graphique retrace les premières années de l'auteur, et remonte même plus loin, couvrant la période 1978-1984, jusqu'à la rencontre de ses parents, alors étudiants à l'université. Sa mère est d'origine bretonne et son père d'origine syrienne. Après un doctorat en histoire obtenu grâce aux corrections linguistiques de son épouse – Abdel-Razak, le père de Riad, ne parle pas très bien français –, celui-ci emmène sa petite famille en Lybie où il devient professeur. le jeune Riad produit à la fois stupéfaction et admiration chez les adultes en raison de ses boucles blondes. Les jeunes enfants réagissent autrement, en le traitant de Yahoudi (Juif) et en voulant se bagarrer. L'intérêt d'Abdel-Razak pour la politique le conduit à justifier les idéaux virilistes des dictateurs arabes, que ce soit Kadhafi ou Hafez El-Assad. ● J'ai mis du temps à découvrir cette série qui a atteint la célébrité car je craignais d'être déçu par les dessins minimalistes et la monochromie. Et il est vrai que ces éléments sont bien présents. Mais au fil de ma lecture ils ne m'ont pas dérangé. Si les dessins sont en effet minimalistes, ils n'empêchent pas la reconnaissance des personnages et sont bien faits. J'ai plus de mal avec la monochromie, même si l'auteur lui assigne une fonction narrative, chaque couleur utilisée correspondant à un moment de l'histoire (qui ne se recoupe d'ailleurs pas avec les chapitres), attaché à un pays. ● Mais ce qui m'a complètement convaincu et a suscité mon enthousiasme de lecteur, c'est l'humour constant et la tendresse avec laquelle Riad Sattouf considère ses personnages, comme la grand-mère qui sent fort la sueur et lèche les yeux de ses petits-enfants lorsqu'ils ont mal, ou Bébette, la voisine bretonne un peu simplette des vacances en France qui vit dans une maison sans fenêtre comme au Moyen Âge. ● La vie quotidienne en Lybie et en Syrie à la fin des années 70 et au début des années 80 est particulièrement bien restituée, avec force détails naturalistes et avec la volonté de montrer la réalité même dans ce qu'elle a de plus difficile. C'est extrêmement intéressant. ● le propos est plein d'intelligence et de nuances, tout en étant baigné d'humour. Quel talent ! ● Il ne fait aucun doute que je vais lire les tomes suivants. ● Un détail : je ne comprends pas pourquoi cette série d'albums est disponible en version Kindle dans plusieurs langues étrangères (anglais, allemand, espagnol, portugais) mais pas en français. Quelqu'un en connaît-il la raison ?
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Cela faisait un petit moment déjà que je voulais lire cette série, n'en ayant entendu que du bien et en effet, je n'ai pas été déçue du tout et j'ai même hâte de m'attaquer au second tome (malheureusement, ils n'avaient que les trois premiers à la médiathèque dans laquelle je me suis approvisionnée et où je travaille) mais je vais essayer de me faire prêter le quatrième tome par ma suite (enfin, je n'en suis pas encore là).

Riad a toujours été adulé par les adultes de par sa gueule d'ange si je puis me permettre (un joli petit garçon aux cheveux longs et blonds) né d'un père syrien et d'une mère française. Lui qui ne connait d'abord que le bon côté de la vie si je puis encore une fois me permettre va vite être confronté aux dures réalités que celle-ci nous impose, la première fois lorsque son père obtient un poste en Libye puis plus tard, et c'est là que les ennuis commenceront réellement pour le jeune Riad, lui qui ne parle pas (encore) arabe, en Syrie. Il sera alors confronté à la cruauté de ses cousins et oncles (bien que du même âge que lui), oui, il ne faut pas chercher à comprendre : dans le petit village du père de Riad, tout le monde est cousin ou a plus ou moins un lien de parenté. Mais ce qui est vraiment extraordinaire dans ce premier tome, c'est l'auto-dérision que l'auteur emploie pour parler des politiques syriennes et libyennes de l'époque ainsi que française et qu'il se permet d'aborder des sujets graves en les rendant presque ridicules parfois mais tout en restant extrêmement cohérents , ce qui ne peut d'ailleurs pas laisser le lecteur indifférent. Je prends un exemple : lorsque des enfants Syriens s'amusent en embrochant un jeune chiot, pour le père de Riad "ils ne font que s'amuser" alors que sa mère, tout comme le lecteur d'ailleurs, peut trouver les images et paroles choquantes.

C'est un autre univers que Riad Sattouf nous donne à découvrir ici : son univers à lui mais pas seulement, celui également de milliers d'autres enfants comme lui dans les années '80 que ce soit en Libye ou en Syrie et c'est là que le contexte détonne avec celui de la France. Un ouvrage très fort et poignant à découvrir absolument !
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Riad Sattouf, cela fait au moins quatre ou cinq années que je me promets de le découvrir en lisant « L'arabe du futur ». Et c'est vrai que à l'époque où une de mes anciennes collègues me l'avait conseillé, je m'étais précipitée pour l'acheter…Et comme d'habitude, mon côté plus que dispersé a pris le dessus et cette bande-dessinée s'est tout à coup retrouvée ensevelie sous d'autres livres.
Je connaissais un peu les dessins de Sattouf car j'avais lu quelques extraits de « La vie secrète des jeunes », mais j'ai clairement apprécié le style de l'auteur dans ce premier tome de « L'arabe du futur » avec ses couleurs monochromes. Je me dois de signaler que ce n'est que vers la fin de ma lecture que j'ai (enfin) compris que chaque couleur correspondait à un endroit…
Cette bande dessinée raconte, par le biais des souvenirs d'enfance du petit Riad, son enfance bousculée entre sa mère bretonne et son père syrien. Je ne vais pas faire l'analyse de l'histoire, qui est clairement autobiographique, certains babelionnautes l'ont déjà fait et de fort belle manière.
Je rajouterais que je suis assez pressée de découvrir la suite de l'histoire et je vais me lancer assez rapidement dans la découverte du tome deux.


Challenge Multi-Défis 2022
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Voir le monde avec d'autres yeux... Une promesse que tient pleinement le premier volet de cette autobiographie graphique très enrichissante.
Nulle part ailleurs ne m'aura été donné de percevoir comme de l'intérieur, qui plus est à travers le regard d'un tout petit enfant porté dans le monde par les convictions panarabes et progressistes de son papa syrien et la douceur protectrice de sa maman bretonne, la Libye de Khadafi des années 80 ou la rustre vie d'un village syrien.
Le regard innocent, curieux et sans préjugés du petit Riad apporte une belle profondeur au récit et ouvre des portes au lecteur. On brûle de connaître la suite, et de découvrir comment l'enfant va grandir au sein d'un monde où se fait la grande histoire qui se déroule sur un axe inhabituel.
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Couronnée de quelques belles distinctions ( entre autres le Prix Meilleur Album Angoulême) et d'une réception critique méritée de la part du public et de la presse, cette savoureuse bande dessinée autobiographique de Riad Sattouf a été un vrai plaisir de lecture.

Suivre les pas du petit Riad, blondinet né d'un père syrien et d'une mère bretonne à travers les voyages de ses parents en Libye et en Syrie, offre une vision de découverte enfantine des gens, du sens de la famille, des habitudes de vie et plus largement du monde arabe des années 80.

Les tranches de vie sont cocasses et émouvantes, bien que parfois difficiles, voire violentes pour une famille occidentalisée qui doit accepter inconfort, incompréhension linguistique, mentalités sectaires, misogynie... On s'amuse beaucoup, on compatit souvent, et on tire à un coup de chapeau a l'épouse imperturbable qui supporte tout. Il faut dire que la narration est faite du point de vue de l'enfant, qui lui, trouve de l'intérêt à tout, en dépit des tensions entre petits arabes pas toujours bien accueillants.
La position du père ( à la personnalité plutôt déroutante) ouvre à la réflexion de la double appartenance, par sa position "entre deux", restant très attaché à ses origines, mais spectateur lointain de la culture et de la religion. le récit est parfois gentiment incorrect mais la satire est vivifiante et humoristique.

L'auteur nous raconte vraiment une histoire, son histoire, et cette intimité proposée au lecteur rappelle Persepolis de M.Satrapi ou les Chroniques de G. Delisle.
L'air de rien, on comprend mieux les contextes politique, géographique et spirituel, les enjeux de civilisation ramenés au niveau des populations. C'est amusant et pourtant pédagogique.

Un bonheur! Et par le fond, et par la forme car les planches ont de belles couleurs en bichromie. J'entame dans la foulée le second et tout récent opus avec gourmandise.
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