Couronnée de quelques belles distinctions ( entre autres le Prix Meilleur Album Angoulême) et d'une réception critique méritée de la part du public et de la presse, cette savoureuse bande dessinée autobiographique de
Riad Sattouf a été un vrai plaisir de lecture.
Suivre les pas du petit Riad, blondinet né d'un père syrien et d'une mère bretonne à travers les voyages de ses parents en Libye et en Syrie, offre une vision de découverte enfantine des gens, du sens de la famille, des habitudes de vie et plus largement du monde arabe des années 80.
Les tranches de vie sont cocasses et émouvantes, bien que parfois difficiles, voire violentes pour une famille occidentalisée qui doit accepter inconfort, incompréhension linguistique, mentalités sectaires, misogynie... On s'amuse beaucoup, on compatit souvent, et on tire à un coup de chapeau a l'épouse imperturbable qui supporte tout. Il faut dire que la narration est faite du point de vue de l'enfant, qui lui, trouve de l'intérêt à tout, en dépit des tensions entre petits arabes pas toujours bien accueillants.
La position du père ( à la personnalité plutôt déroutante) ouvre à la réflexion de la double appartenance, par sa position "entre deux", restant très attaché à ses origines, mais spectateur lointain de la culture et de la religion. le récit est parfois gentiment incorrect mais la satire est vivifiante et humoristique.
L'auteur nous raconte vraiment une histoire, son histoire, et cette intimité proposée au lecteur rappelle Persepolis de M.Satrapi ou les Chroniques de
G. Delisle.
L'air de rien, on comprend mieux les contextes politique, géographique et spirituel, les enjeux de civilisation ramenés au niveau des populations. C'est amusant et pourtant pédagogique.
Un bonheur! Et par le fond, et par la forme car les planches ont de belles couleurs en bichromie. J'entame dans la foulée le second et tout récent opus avec gourmandise.