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4,07

sur 289 notes
Une construction toute particulière entre passé-présent-futur. Une construction qui raconte toute une vie de manière non linéaire. On s'y perd un peu, surtout au début mais on reprend le fil en cours de route et on ne le lâche plus.
Toute une histoire. Celle de Virginie, une femme dans un corps d'homme, celle d'un combat qui semble tout simplement perpétuel, éternel.
Sa vie en tant qu'enfant, sa douleur, l'incompréhension de ses proches. L'affrontement de ses parents.
Sa dérive qui la conduit en prison. Quinze ans d'univers carcéral qui te fera dresser les poils. Des scènes d'une violence inouïe que l'on sait, que l'on sent, pourtant réaliste. C'est cru, c'est dur et je te préviens, c'est pas une balade de santé et pourrait même choquer quelques âmes sensibles.
Sa vie d'après, dans un centre pour personnes âgées qui emploie quasi exclusivement des anciens tolards.
Son combat à la vie, à la mort encore et toujours.
Un récit où les pourris, les vrais, ceux qui peuplent notre monde, sont omniprésents, sont toujours là, à l'attendre à chaque coin de rue, comme un destin, une fatalité.
Un sujet épineux qu'il fallait oser traiter et quoi de mieux que le roman noir pour exprimer, sommes toutes, une condition qui ne doit jamais être mise en lumière, qui doit rester dans l'obscurité.
Beaucoup d'images, de métaphores dans ce récit. Un émotionnel à fleur de peau. Cette impression que l'auteur a dû en chier pour écrire ces lignes. Ces lignes brutales, dures, crues parfois. Sans fioritures, sans aucun tralala pour l'adoucir. Un récit dénonciateur d'une société qui n'accepte pas la différence, qui, bien au contraire l'utilise. A voir ces personnes différentes telles des bêtes de foire qui amusent la galerie.
La plume de Jacques est, comme toujours, superbe. Son style est mis en exergue dans ce récit où il a tout donné. Il joue avec les genres, ce qui met encore plus en évidence cette ambiguïté, cette mixité. Il réduit les personnages à "le truc", "le bidule", "le machin" sans jamais les nommer, sans jamais les autoriser à avoir un nom, à avoir une identité et rend à Virginie, seule à avoir un nom, le droit d'exister. C'est absolument brillant, ingénieux, exceptionnel !
Enfermé.e est aussi une histoire de vengeance. La vengeance de tout ce que Virginie a pu subir, de toute une haine accumulée au fil des ans, au fil d'une vie faite de jugements, de mal sous toutes ses formes. Une vengeance qui se doit d'éclater.
J'avoue que ce récit m'a donné à réfléchir sur ce sujet qui, il faut le dire, est difficile à comprendre pour qui ne le vit pas. Je ne peux dire ce que penserait une personne transgenre en lisant ces lignes mais j'imagine qu'elle y trouverait une forme de réconfort, une belle leçon pour ceux qui jugent...qui démontent...qui démolissent…Un magnifique hommage, sorti droit du coeur, à sa nièce Aurore.
Parce que tu te rendras compte que derrière la mocheté, ce récit est beau !!!
Virginie n'est clairement pas plus enfermé.e que la plupart des gens qui peuplent cette vaste planète !
A lire absolument !
Lien : https://sangpages.com/2018/1..
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Bonjour à toutes et à tous…

Jacques a eu la gentillesse de me proposer son roman il y a quelques jours en avant première…

Dès le premier chapitre le ton est donné. Je plonge.
Que dis-je, je plonge ? Je suis littéralement en apnée dès le second chapitre.
Le roman est très différent de ce que Jacques Saussey écrit habituellement. Aussi bien sur le thème que sur son style, que l'on retrouvera quand même sur les derniers chapitres et cela se justifiera dans le roman…

Il va être très compliqué pour moi de vous parler de ce que j'ai ressenti sans dévoiler le sujet du roman…
Jacques m'a fait entrer avec une émotion incroyable dans un monde que je connaissais très peu voire pas du tout sur certains points.
C'est un roman bouleversant, violant aussi, jusqu'à l'insupportable parfois, mais aussi roman sur l'affirmation de soi, sur une quête de la personnalité et de la justice. Tous les personnages sont développés à la perfection, chacun s'inscrivant à l'image de ce qu'il dégage. le rythme est donné très vite par des aller/retour incessants dans le temps sur les 2/3 du roman qui m'ont permis de pourvoir souffler un peu, dès que je revenais au “présent” de l'histoire…

Imaginez-vous emprisonné dans un corps qui n'est pas le votre, un corps que vous refusez…
Vous êtes montré du doigt, toute votre vie. On se retourne sur vous, on chuchote, on vous insulte, on vous hait !
Pendant la lecture, j'ai eu peur, j'ai souffert, j'ai compatis, mais je me suis réjoui aussi…
J'ai vu entre les lignes, le travail énorme réalisé par Jacques. Je pense que lui aussi a du souffrir à sa façon, dans l'écriture de ce superbe roman qui reste tout en respect et en amour pour le personnage principal.

Le désir de vengeance que je souhaitais tout le long de ma lecture est finalement arrivé…
Mais là encore, j'ai été pris à contre pied, pas du tout comme je me l'attendais.
Un livre à lire absolument…

Incontestablement, l'un de mes meilleurs romans pour 2018 !!!

PS. Un grand bravo aussi pour la superbe couverture.
C'est gonflé, mais c'est excellent !

………………………
Extrait :
“Virginie a hésité. Elle a tenté de tourner la tête vers le psychiatre, mais le traversin l'en a empêchée. Elle a fermé les yeux, est allée chercher la réponse tout au fond d'elle dans un souffle.
- Mon corps n'est pas le mien.
- Mm… Peux-tu préciser cela ? C'est la Nature qui te l'a donné, non ?”
- La Nature s'est trompée.
- Mm… Et comment le sais-tu ?
- Je le sens , c'est tout !
- Depuis combien de temps ?
- Depuis toujours…
- Tu veux dire que tu es enfermée dans un mauvais corps ?
- Non. Mon corps n'est pas mauvais en soi. Je ne suis pas bien dedans, c'est différent.
Le stylo a tracé quelques phrase sur le papier.
- Parle-moi de l'école. Comment ça se passe, là-bas ?
Virginie a serré les dents. Brutus ne l'avait plus jamais frappée, mais elle avait lu tout ce qu'il avait pu écrire sur elle sur les murs des toilettes. Elle savait déjà qu'un jour ou l'autre ça recommencerait. Et ce serait encore pire.
- Bien
Le stylo a tapoté les incisives du psychiatre.
- Ce n'est pas ce que j'entends au fond de toi.
Elle s'est redressée, soudain rouge de colère.
- Et qu'est-ce que vous entendez, au fond de moi, hein ? Qu'est-ce que vous savez de moi ?
- Je sais que tu es malheureux. Je sais que tu cherches une porte de sortie à ce qui te ronge. Et je sais qu'il s'en est fallu de peu que tu t'en aille par la mauvaise. C'est pour ça que tu es là avec moi, n'est-ce pas ? C'est pour ça que tes parents sont venus me voir…
Elle a baissé la tête. Sa main droite a effleuré la cicatrice sur son poignet gauche, là où les veines étaient bien visibles. La camionnettes de SAMU, les hurlements de sa mère, la colère de son père… Deux ans déjà. Tous était resté intact dans sa mémoire. Rouge vif. Avec des éclairs bleus et blancs.“
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une claque !!
ce roman traite de plusieurs sujets qui ne laissent pas indifférent.
Tout d'abord la difficile reconnaissance et acceptation de la population transgenre. Mal dans son corps (enfermé...), souffre-douleur désigné (e) dans le milieu scolaire, et rejet familial....un véritable chemin de croix pour s'épanouir...

ensuite la prison... je ne sais pas distinguer la part de vérité, ni dans les descriptions ni dans les "us et coutumes" mais cela glace le sang...

enfin ce roman est tissé autour d'un crime et d'une vengeance...

vraiment un bon roman, fort, brutal, dérangeant et une intrigue très bien menée
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Contrairement à beaucoup de monde ici, je n'ai absolument pas accroché à ce roman.

J'ai trouvé le personnage de Virginie incohérent et son histoire invraisemblable. On nous la présente comme l'archétype de la victime absolue, sur lequel s'acharnent sans raison une foule de personnages différents.
Elle rencontre une nouvelle personne, bim, cette nouvelle personne la cogne, l'insulte ou la viole. C'est (quasi) systématique, toujours dans la surenchère.

Les personnes qui l'entourent n'ont aucune profondeur, ils sont méprisants et brutaux, point. On dirait qu'ils n'ont été créés sombres que pour rendre Virginie lumineuse, par contraste. A part générer du pathos, ils ne servent à rien.

La seule justification qu'on nous apporte pour expliquer cette densité invraisemblable de connards dans un même bâtiment (l'hospice), c'est que le Directeur est un bon samaritain qui accepte de recruter d'anciens détenus.
Et pour l'auteur, la justification suffit, "anciens détenus" = "connards prêts à tabasser n'importe qui gratuitement parce qu'il/elle est différent(e)", apparemment.
Mais c'est cette gratuité dans la cruauté que je ne comprends pas.
Idem pour la prison : tout le monde y est mauvais par nature, les prisonniers, les matons...

Je veux bien qu'une minorité de personnes réagissent haineusement à la différence, mais pas toutes.

Et si de temps en temps, on croise un personnage non-brutal , c'est nécessairement qu'il s'agit d'une victime, passée, présente ou future. Comme si dans la vie, il n'y avait que deux camps : celui des bourreaux et celui des victimes.
Et ces personnages ne sont pas creusés plus que cela, non plus. Parce qu'il ne faudrait pas non plus qu'ils prennent trop de lumière à Virginie. C'est elle, le martyr de l'histoire.



J'ai détesté ce roman pour ce manque de subtilité, pour tout ce noir et tout ce blanc.
Le fait que Virginie soit toujours innocente de tout. Un agneau torturé gratuitement, en permanence.

Tout ce qui lui arrive est toujours injuste, toujours externe à elle, elle subit en permanence.

Le pire, c'est cette histoire de vengeance sous-jacente, elle m'a complètement achevée.



Vraiment, j'ai trouvé le personnage mal écrit, pas crédible.
C'est dommage que toute l'histoire repose uniquement sur ses épaules.
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Un roman très dur et noir, thématique complexe et intéressante, qui sensibilise sur une cause en particulier. J'ai apprécié cette lecture.
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Virginie fait partie de ces personnages impossible à oublier . Dans ce livre divinement bien écrit , on mène à ses côtés son combat, le droit d'être qui elle est.
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J'avais lu plusieurs polars bien menés et crédibles de Jacques Saussey que j'avais appréciés. Je ne me rappelle pourtant pas avoir été interpelée ou troublée à leur lecture. Mais c'est normal, ce n'était pas leur objectif. On était dans un cadre classique de polar, de qualité, certes, mais classique.

Avec « Enfermé.e », M. Saussey change de registre. Et c'est plutôt réussi ! Diablement bien réussi même !!

Bravo déjà pour la quatrième de couverture qui ne laisse rien deviner, je déteste lorsqu'on y lit un résumé du livre et qu'on y révèle les évènements principaux. Bravo pour les retours en arrière, l'écriture, le choix de ne pas donner de noms aux personnages, tout cela donne une construction originale. J'ai vraiment accroché.

Je ne reviendrai pas sur les détails du sujet du livre. Juste dire que ce livre est un livre noir, un livre sur la différence, un livre sur la vengeance, un livre sur le pardon, d'une grande sensibilité et qui fait beaucoup réfléchir.

Le thème principal est bien sûr la transidentité. Mais il y a autre chose qui fait peur dans ce livre. Car la transidentité, c'est quelque chose qui souvent ne nous touche pas directement, bien que l'on ne puisse jamais rien présumer de l'avenir.
Mais par contre, la vieillesse et sa dégénérescence, en voilà un sujet qui fait peur, un risque que nous courrons tous, une épée de Damoclès qui n'épargne personne…Et je trouve que ce thème, bien que secondaire, a sa place dans le livre.



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Bienvenue chez les aveugles, les sourds et les fauves ! Virginie, née dans un corps de garçon à la fin des années 80 a toujours eu conscience qu'elle était une fille. Mais dans une société et une famille où la norme est d'adhérer au genre du corps avec lequel on est né, Virginie va connaître la violence psychologique puis physique et sexuelle de son entourage. Violence psychologique de ses parents mais aussi du corps médical, psychiatrique tout sachant. Violence verbale puis très vite physique des autres gamins. Puis du milieu carcéral car Virginie va se retrouver condamnée à plusieurs années de prison suite à un cambriolage qui finira par la mort d'un vieil homme.
Ce roman de Jacques Saussey est très éloigné de ses précédents livres tous excellents mais je parie que celui-ci entrera dans le Panthéon des romans essentiels.
Oui, il est cru, il est dérangeant car les scènes de viol comme la sexualité particulière de Virginie ne nous sont pas occultées. Mais notre souffrance de lecteurs est à mon avis bien supportable par rapport à la réalité vécue hélas par les minorités emprisonnées.
Jacques Saussey a opté pour une construction des différents chapitres qui nous tient en haleine, puisque nous naviguerons entre “présent” et passé, depuis la naissance de Virginie. Ce choix narratif nous permet de nous immerger dans la psyché d'une personne transgenre, de suivre son évolution. le choix de n'attribuer de prénom qu'à Virginie et quelques personnages et de nommer les autres par leur surnom, leur profession, leur statut donne une vraie puissance à ce récit.
Et la fin est inoubliable, éblouissante au sens propre comme figuré.

J'espère que ce roman contribuera à faire bouger les lignes et à faciliter l'acceptation des personnes transgenres qui vivent un cauchemar éveillé chaque matin lorsqu'ils ou elles se regardent dans le miroir le matin et y lisent le contraire de ce qu'elles sont.

En tant que maman d'un enfant transgenre, garçon en devenir mais né dans un corps de fille, la lecture de l'histoire de Virginie ne pouvait que m'intriguer. Elle aurait pu me déplaire, mais loin de là, elle m'a bouleversée. Elle me conforte dans l'idée que l'urgence est d'informer sur ce sujet et de faire en sorte d'empêcher les premières violences subies qui se nichent le plus souvent au sein-même de la famille puis à l'école et dans la rue, à l'arrêt du bus, etc.
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Ici nous ne sommes pas dans un polar mais dans un roman noir sur la transidentité, très noir je dirais même, difficile et donc réservé à un public averti. le langage est très cru, sans concession, et la violence omniprésente, mieux vaut le savoir avant de se lancer ! 

Il aborde donc la thématique des personnes transgenre et on découvre tout ce que ces personnes ont à affronter : le regard des autres, les mots qui blessent, les reproches, les violences, les coups bas, etc. 
 
Comme le titre le laisse entendre, il est question d'enfermement. Enfermement dans un corps qui nous est étranger parce qu'il parle de transsexualité, enfermement dans une famille où Virginie, le personnage principal, n'est pas du tout acceptée, enfermement dans une cellule de prison.

Le récit alterne deux périodes et si au départ j'ai été un peu perdue, j'ai pris quelques notes par précaution mais assez vite, tout s'emboite un peu à la manière d'un puzzle.

Je ne me suis pas spécialement attachée à Virginie mais ça ne m'a pas dérangée. Je n'ai pu cependant que compatir à tout ce qu'elle a eu à affronter.

Ce roman c'est avant tout une histoire de vengeance et un livre sur la tolérance. Mais c'est aussi un roman d'amour, vous le comprendrez en le lisant. Je le rappelle il est très noir mais il n'est que le reflet des souffrances traversées par les transexuels, loin encore d'être acceptés.
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Quel souffle dans ce roman, c'est fort, notamment à travers la densité du personnage principal. À la fois roman noir et thriller, on croise dans ce livre une thématique importante traitée sans pathos (les personnes trans) et un rythme qui ne laisse pas souffler le lecteur. Les dialogues percutent bien et les chapitres sont courts. Les flash-back et retours au présent équilibrés. L'auteur est touché par son sujet et ça se sent, que ce soit à travers la nécessité de sourcer son récit pour être le plus juste possible ou bien à travers une forme de réalisme dans les péripéties, pour restituer les oppressions vécues quotidiennement par les personnes trans.

Je vous conseille de découvrir cet auteur si ce n'est pas déjà fait. Ce livre semble être une bonne entrée en matière.
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
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