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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Lorsque j'ai lu les premières pages de « Moi, Harold Nivenson » je me suis dit « Oh la la, je vais jamais pouvoir entrer dans ce livre… » mais comme je suis d'une époque – pas si lointaine quand même – où on disait volontiers aux enfants : « Quand on n'aime pas, faut se forcer », j'ai repris le cours de ma lecture. Et peu à peu, je me suis prise d'affection pour ce vieil Harold, atrabilaire, nihiliste, narcissique, injuste, misanthrope au point de se haïr lui-même avec la plus extrême vigueur. On l'aura compris, Harold a toutes les qualités ! Un gai luron, vraiment, qui philosophe grave en mode dépression et qui coupe les cheveux, non en quatre ou en huit, mais bien à la puissance de calcul exponentielle d'un ordinateur. C'est qu'il est sans indulgence aucune et qu'il souffre, physiquement, moralement, au point que le lecteur finit par être atteint de compassion. Au fond, il n'est pas méchant Harold, mais terriblement malheureux, il a un sentiment de manque ; il manque un élément au puzzle de sa vie, ce petit plus qui lui donnerait enfin, en fin de vie, un sens à sa vie.
Franchement, en tant que lectrice, j'ai eu du mal à comprendre ce qui pouvait le rendre malheureux à ce point. Certes il a eu une enfance malheureuse, incompris qu'il était par ses parents et maltraité par ses frère et soeur. Oui, il a ouvert sa maison à toute une bande de parasites ingrats et offert son amitié à au peintre Meininger, qui en retour lui a piqué sa compagne. Bien sûr il y a laissé sa fortune. Hélas, son fils et son ex-femme s'empressent surtout à faire estimer la valeur des tableaux qu'il a conservés de son ami peintre. Et voilà, maintenant, il est vieux, malade, vraiment décati...
De toute façon, c'est lui qui le dit. Personne d'autre ne donne un autre point de vue. Il dit aussi qu'il a eu l'amitié véritable de Roy, son ami à quatre pattes ; qu'il est désormais entouré des soins de Moll, la femme qui figure sur les tableaux de Meininger.
Resterait-il, alors, un frêle espoir de résilience ?

« On ne peut pas raconter sa propre histoire, on ne peut même pas la vivre. » C'est Harold qui le dit.

Je remercie Babelio dans le cadre de "Masse Critique" et les éditions Noir sur Blanc, de m'avoir permis de découvrir ce livre.
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Harold Nivenson n'est pas brillant. Il prend de l'âge et sa santé se dégrade. Son petit chien, Roy, est mort et il lui manque beaucoup. Derrière sa fenêtre, il observe ses voisins mais cela ne le réjouit guère car sa vision des choses, de la vie, est très pessimiste.
Sur des fiches, il note un maximum de choses et se décrit sans aménité : « Peau de serpent desséchée qui s'écaille, ventre gonflé de crapaud, pattes grêles d'oiseau, odeur de bouc, face de chameau, cerveau d'un orignal fou-furieux assailli par les loups. Un boiteux qui traîne la jambe et trébuche sur les fissures du trottoir. » Ajoutant aussitôt, froidement : « Je possède une arme. »
À partir de là, le lecteur va de surprise en surprise car cet homme en bout de course a eu une vie dense que les souvenirs remontant à la surface permettent de découvrir. Son quartier était un quartier populaire mais il est maintenant envahi par des gens aisés, de jeunes cadres dynamiques et seule sa maison n'a pas été restaurée.
La Professeure Diamond est la voisine qui l'intrigue le plus. Elle le snobe mais si elle écrit des livres, il n'en a lu aucun : « le journal dit d'elle que c'est une véritable mine d'or littéraire. Ce qui signifie qu'elle produit des déchets littéraires à une échelle industrielle. »
Il parle aussi de ces tableaux qui ornent les murs de sa maison : « Je me rends compte qu'ils n'ont aucune valeur, que ce sont pour l'essentiel des croûtes. Si j'en avais la force, je les jetterais tous à la poubelle… Je suis – et je le reconnais sans peine – le plus grand gougnafier que la terre ait porté. » Gougnafier, c'est ainsi qu'il définit les artistes mineurs.
Moll que l'on suppose être sa femme, s'occupe de lui qui parle alors beaucoup de ce peintre allemand venu de Munich : Meininger. Il l'a hébergé durant 38 mois mais son influence a duré longtemps ensuite : « Meininger, le peintre et Nivenson, le critique et collectionneur. La vie d'un dilettante. »
Toujours très critique envers ses semblables, apparemment misanthrope, Harold Nivenson n'est pas avare de phrases choc comme lorsqu'il confie : « Si quelqu'un m'annonce qu'il va me raconter l'histoire de sa vie, je sais immédiatement qu'il s'apprête à mentir. »
La peinture a été sa passion et sa perte : « J'ai toujours été fou, mais pendant la plus grande partie de ma vie, je me suis cru normal. » Finalement, ce roman original et prenant est une très instructive leçon de vie.
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Merci aux éditions Noir sur Blanc et à Babelio pour l'envoi de ce livre dans le cadre d'une opération « Masse critique ».

Je connaissais déjà Sam Savage grâce à Firmin, paru aux éditions Actes Sud en 2009 et je peux vous dire que j'étais impatiente de me lancer dans le dernier roman traduit en français de cet auteur qui a peu publié finalement alors qu'il est déjà âgé de 76 ans.

J'étais impatiente de rencontrer Harold Nivenson. Et bien, je n'ai pas été déçue du voyage ! Laissez-moi vous le présenter … C'est un vieil homme malade, aigri, qui vit en reclus dans sa villa en ruine. Il se sait en fin de vie et affronte les journées et les nuits interminables, coincé entre une fenêtre, son fauteuil et son lit. L'âge lui a apporté la sagesse. Il se met donc à philosopher car, de l'intelligence, de l'esprit et des neurones, il en a encore beaucoup ! Il revisite son passé et porte un regard critique et sans concession sur sa vie de bohême. Cela ne l'empêche pas, au quotidien, d'être ignoble avec sa famille et sarcastique avec le reste du monde.

Ennuyeux, déprimant, sans intérêt, me direz-vous ? Et bien pas dutout parce que Sam Savage est un virtuose de l'écriture. La construction du roman et le style m'ont totalement bluffée.
Sam Savage réussit le tour de force de donner une épaisseur psychologique incroyable à Harold Nivenson avec peu de mots et un récit en « je ». L'auteur calque le rythme du récit sur le rythme des pensées d'Harold Nivenson. Et comme lorsqu'une personne âgée raconte sa vie, il faut savoir lire entre les lignes, apprécier les silences, chercher les sous-entendus et retenir son souffle quand les confidences arrivent.

Grâce au génie de Sam Savage, j'ai très vite ressenti de l'empathie pour Harold Nivenson, j'ai fini par le trouver touchant. Il y a dans ce livre quelque chose de déchirant, d'inéluctable et d'universel car, comme le disait Jacques Brel dans sa merveilleuse chanson « Les vieux » : « que l'on vive à Paris, on vit tous en province quand on vit trop longtemps ».

Je ne vous cache pas que c'est un livre à part. Si vous cherchez un roman à la construction classique et au suspense insoutenable, vous serez forcément déçu. Mais si vous prenez le temps de vous arrêter sur les métaphores, les réflexions philosophiques, si vous avez une pensée pour une personne âgée de votre entourage, vous vous rendrez compte à quel point le regard de Savage sur la vie et la société est juste.

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Monsieur Nivenson est un homme aigri, vieilli, un homme qui attend on ne sait trop quoi si ce n'est la mort. Si de prime abord le personnage apparaît quelque peu comme étant détestable, ou en tout cas antipathique, il n'en est rien, et on finit rapidement par se prendre d'affection pour ce vieil homme fatigué autant physiquement que psychologiquement. Comment en est-il arrivé là ? À quoi ressemblait sa vie avant ? Pourquoi est-il si malheureux ? Voilà les questions qui vont nous occuper.

C'est dans la même veine que Sam Savage a décidé de faire parler son personnage : pas de chapitre, rien que des paragraphes, à la suite. À noter néanmoins que les paragraphes de ce roman sont plus longs que ceux de Spring Hope, on passe moins du coq à l'âne, on s'attarde plus, on décortique avec minutie. Nivenson est malheureux, et il est facile de comprendre pourquoi lorsqu'il commence à nous raconter son passé, son enfance, puis sa vie d'adulte.

Le peintre Meininger possède une place de choix dans la vie du vieil homme, il est en quelque sorte le personnage qui a ruiné la vie de Nivenson.
Après avoir touché un peu d'argent, notre protagoniste décide d'acheter une maison (celle dans laquelle il vit toujours) et de l'ouvrir à de jeunes artistes. C'est comme cela qu'il rencontre Meininger, son grand ami à qui il va tout donner sans compter. Et faut dire que ce dernier lui aura bien rendu : avant de se barrer pour devenir un artiste connu, il va au passage batifoler avec la femme de Nivenson, si c'est pas dégueulasse ça !
Mais voilà que Harold est resté bloqué sur l'artiste peintre, il n'a jamais réussi à pardonner, ni à oublier, et en même temps, il faut dire que c'est compliqué quand ta maison renferme encore des toiles de celui-ci. Toiles qui, au passage, ont probablement été vendues une fois le vieil homme décédé.

Finalement, Nivenson est attachant, il est touchant dans son malheur. On comprend qu'il n'a rien accompli de sa vie, que sa vie, c'était justement d'héberger des pseudos artistes qui n'ont fait que profiter de lui jusqu'à ce qu'il le comprenne tout à fait. Un rêve, un but, il ne sait pas ce que c'est, ou en tout cas, il a compris trop tard qu'il lui manquait quelque chose. Maintenant, il ne reste que le passé, les souvenirs, la décrépitude et la solitude.
Et malgré ça, dans tout ça, on a cette conclusion "Nous n'avons jamais assez de temps pour calculer la somme de toutes nos folies.
Je suis toujours vivant."

Mon avis en intégralité :
Lien : http://allaroundthecorner.bl..
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Un livre que j'ai bien aimé.
C'est l'histoire d'un petit vieux qui, sur la pente descendante, fait le bilan cynique de sa vie. Sa vie passée d'artiste raté et de mécène (des)abusé (parce qu'on parle bien des deux) mais aussi sa vie actuelle, entre cane(s) (parce que là aussi il y a une évolution intéressante) et tableaux imposants et imposés. On oscille entre cette maison étouffante et ses fantômes (qui en sont sans en être) et le quartier, où voisins qu'on épie rejoignent ceux qui vous snobbent (mais avec qui on peut jouer à des jeux d'intimidation aussi discrets que savoureux).
J'ai tout aimé dans ce livre, j'ai aimé ce petit vieux qui se regarde sans compromis, j'ai aimé le parti pris de faire des allers retours entre moments de vie passée, moment du présent ou considérations acides mais générales sur la vie qui s'enchaînent de manière fluide souvent à notre insu.
Je pense que je vais le relire (ce qui ne m'arrive pas souvent) pour en saisir encore plus de subtilités !
Un livre très sympa !

Merci Babelio et les éditions Notabilia pr cet envoi !
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