AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Fenêtres : Open Space (6)

Samedi soir – Métro La Chapelle, sur le quai. Expérience inédite, je sors du cinéma et me retrouve de nuit sur ma ligne de jour. À travers la verrière, en attendant la rame qui ne vient pas, je surprends les pièces éclairées dont je ne distingue rien le matin. Salon chatoyant, jouets, rideau jaune. Tentures au mur, ficus, tableaux. À ma gauche, la pointe illuminée du Sacré-Cœur. Devant moi, les arbres aux dents jaunes flashés par les spots. Nous attendons toujours. Et que suis-je allée voir pour la quatrième fois, délaissant les films de la rentrée qui pourtant me tentaient ? Fenêtre sur cour, sans blague, c’est maintenant que le lien se fait.
Commenter  J’apprécie          30
Mardi – Un ciel blanc de chaleur, déjà, des jointures que l’on serre. Dans le virage qui mène à Stalingrad un store enrouleur me fait de l’œil (c’est possible). Je prends ce vélo suspendu au balcon du cinquième et hop, à la mer. J’emporte la gare et les rails au cas où et cette cheminée de nickel. La superposition des façades opposées dans un reflet de vitre est encore balnéaire.
Commenter  J’apprécie          10
TROISIÈME SEMAINE – DES ODEURS
Lundi – Une de ces fenêtres donnant sur les voies de la gare du Nord, là où les immeubles se serrent, se ressemblent et manquent de tomber brisés sur les rails. Leurs habitants, des plongeurs en apnée dans le tremblement, forcés d’aimer ou de haïr les trains dès la naissance. Quels rêves s’y fabriquent, où sont leurs chambres ?
Lundi bis – Fenêtre incrustée dans la pierre, rurale, de gagne, fenêtre de Monte Cristo donnant à son tour sur la gare face aux immeubles cloués plus haut.
Mardi – De la voiture, 8 mai oblige, mais le trajet est le même. Une femme de profil se penche pour boucler sa valise dans une pièce sombre du premier étage. Souvenirs assourdis de Béziers, rideaux, voilages, voitures faisant vibrer les vitres.
Mercredi – Un monde fou ce matin. Quelle fenêtre va apparaître au-delà des visages, des métros que l’on croise ? Une ligne pure, aquatique puis un panier d’osier, le reflet file et je ne retiens rien. Une voisine du haut de l’œil me scrute. Fesse à demi sur le siège, vite, la gare.
Jeudi – Trouver une fenêtre transversale alors que l’air sent le savon, le muguet. Un vitrail noir domine l’eau placide du canal, une église du 10e jamais vue sous cet angle.
Vendredi – Comme le narrateur de la Recherche, courir des deux côtés du train sans pouvoir choisir. C’est le premier très beau jour de l’année et les Orgues se volatilisent sous les arbres. Même les immeubles de Stalingrad ont des accents romains. Les gares se joignent dans un seul mouvement du rail.
Commenter  J’apprécie          10
Mardi – Les terrains vagues sont couverts de glycine, le rideau de photos, ou carrés de papiers, flotte toujours sur son fil et la rue de Tanger promène déjà – il doit être neuf heures – sa traîne de reine du crack. Quelle fenêtre possède encore la grâce ? Qui peut lutter contre un jardin ? Mon oeil est sec et mon oreille pleine à raz bord de marteaux-piqueurs, de couinements. Le corps gêne dans le métro, il a trop de coudes et d’orteils.
Commenter  J’apprécie          00
Lundi – Les petits voyageurs regardent là où les plus grands expirent. Leur œil furieux rétablit la netteté du monde et ignore la buée que la bouche fabrique. Jour d’été, de lessive.
Commenter  J’apprécie          00
Le seul endroit où l’on était chez soi finalement, c’était là, dans le balancement, d’un côté du wagon ou de l’autre, entre Colonel Fabien et Courcelles. Le seul moment de la journée où l’on pouvait lire c’était sur la banquette, à côté de la vitre, durant les vingt minutes que durait le trajet. Alors, écrire… Décider de faire la part en se calant sur le métro lui-même, écrire tant qu’il est aérien, dans la descente ouvrir son livre.
Dix minutes que la saleté de la vitre et la clarté du ciel solidifient : tant mieux. S’y recroqueviller dans ces recoins où la rue n’a plus prise. On n’a plus devant soi ni genoux ni visages ; fenêtres, bow-window, open space, des noms viennent entre les deux langues, sans raison, qu’il faut laisser filer ; aux balcons s’entasse ce que les autres veulent montrer, ce qui gêne. Briques, vélos, une femme apparaît en maillot ; ailleurs on préfère les lignes de fuite, le miroitement, l’espace perdu.
Commenter  J’apprécie          00




    Lecteurs (4) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Les Amants de la Littérature

    Grâce à Shakespeare, ils sont certainement les plus célèbres, les plus appréciés et les plus ancrés dans les mémoires depuis des siècles...

    Hercule Poirot & Miss Marple
    Pyrame & Thisbé
    Roméo & Juliette
    Sherlock Holmes & John Watson

    10 questions
    5272 lecteurs ont répondu
    Thèmes : amants , amour , littératureCréer un quiz sur ce livre

    {* *}