Il repensa à ce que son père avait déclaré à propos de l'homme blanc : "Le manteau de gloire qu'il porte consiste en un assemblage de couronnes mortuaires. Ce qui traine dans son sillage et qu'il prend pour de la poussière d'or est en réalité un nuage de cendres."
Le visage collé contre la fenêtre ovale, il observait la liberté se trémousser derrière les barreaux comme une danseuse du ventre.
La chanson de Sage, Hymne à la Terre
Piétinée par les soldats de plomb
Tachée du sang de la chair à canon
Démembrée par les conquérants
Exfoliée par les apprentis savants
Malade de mauvais traitements
Elle n'a plus la force de brandir le drapeau blanc
Avant l'homme, Mère de tous était belle et enjouée
Maintenant qu'elle se meurt, elle est triste et déprimée
Quand viendra son heure, elle ne partira pas seule
Elle a été le berceau de l'homme, elle sera son linceul
Il n’obtiendrait rien de lui avec des demi-mesures.
Mes ancêtres savaient se diriger la nuit rien qu’en tâtant le sol. Leurs ennemis avaient beau incendier la prairie pour effacer les traces de leur passage, ils parvenaient toujours à les retrouver sous la cendre. C’est un don qui se transmet de père en fils depuis des générations.
Cette semaine, Niagara était à l’affiche. Sage l’avait vu au moins dix fois, mais il ne s’en lassait pas. Rose Loomis, le personnage interprété par Marilyn Monroe, avait la beauté du diable et la cruauté d’une mante religieuse. Loin des maigrelettes, des masculines, des liftées et des body-buildeuses, Marilyn exhibait des formes qui permettaient encore, à sa grande époque, de distinguer une femme d’un homme.
Les experts avaient planché sur l’empilage des comptes. Les braqueurs les plus avisés recouraient à cette méthode qui comprenait deux étapes : la première consistait à diviser l’argent volé en parts égales et à les répartir dans plusieurs banques ; la seconde avait pour but de reconstituer la mise initiale sur un compte numéroté échappant aux lois fiscales européennes. Il n’existait qu’un seul moyen de savoir si les Casseurs du siècle avaient procédé ainsi : enquêter sur toutes les personnes qui avaient effectué des placements et des virements postaux ces neuf derniers mois.
Une veuve noire qui se respecte a toujours un modèle réduit dans son sac à main.
Il s’agissait d’un calibre 11,6 chargé de six billes synthétiques. À l’impact, elles formaient des galettes de trente-cinq millimètres de diamètre. Dans le catalogue de vente par correspondance, le fabricant précisait que cette arme de défense avait été conçue pour décourager un agresseur ou chasser un animal indésirable.