Magnanime, voulant faire preuve de largesse, et surtout conserver Franco dans son orbite, il lui offre tout le matériel utilisé en Espagne par le CTV.
Pourtant, tous les rapports transmis au Duce font état de manques très graves dans l'armée italienne, en guerre depuis quatre ans. Ces matériels, donnés trop vite et sans contrepartie, manqueront cruellement les années suivantes.
Sur le plan militaire, Mussolini est victime du mythe qu'il a développé. Il a tellement fait parader l'armée et la milice, exalté leur puissance, qu'il a fini par s'intoxiquer lui-même. Or, comme nous l'avons montré précédemment, l'armée italienne en 1940, c'est un peu le village Potemkine. Derrière la façade, il manque beaucoup de choses.
Il s'agit notamment d'y installer la population en surnombre dans la Péninsule. Cette idée ne date pas du fascisme, mais des dernières années du XIXe siècle. De 1925 à 1928, De Bono étend l'occupation à toute la Tripolitaine, exploitant notamment les rivalités entre tribus. Puis à partir de 1929, sous le commandement de Badoglio, la pénétration se poursuit en Cyrénaïque. Toujours en 1925, l'Italie, avec l'accord de la Grande Bretagne, annexe la Somalie italienne. En 1927, un traité place l'Albanie quasiment sous protectorat italien. Ainsi, petit à petit, Mussolini pousse ses pions.
Mussolini voit clair lorsqu'il déclare à l'ambassadeur de France : « Ou nous nous rangerons deux à deux : Angleterre et France, d'une part, Italie et Allemagne, de l'autre; nous nous opposerons alors bloc à bloc, et nous irons aux événements les plus graves. Ou nous nous entendrons à quatre pour une collaboration, et l'Europe et le monde commenceront à respirer. »