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3,67

sur 428 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'ai récemment publié une citation qui démontre la multiplicité de la linguistique sur le sens de l'ouïe "Nous nous étions écoutés et donc bien entendus.".
L'une des richesse de la langue française c'est de donner un sens à chaque action, au propre comme au figuré,
On peut voir une oeuvre d'art, on peut regarder une oeuvre d'art, on peut observer une oeuvre d'art, on peut contempler une oeuvre d'art. Mona en compagnie de son grand-père à décidé de passer par toutes ces étapes, voire de les dépasser au point de les fixer....
Et ensuite viendront les clefs de décryptage, ou au moins des codes de lecture pour peu qu'en s'en donne le temps...

Car par moment on se dit que l'art est devenu un produit de consommation comme un autre : pour s'en convaincre il suffit de prendre un peu de recul au Louvre dans la salle de la Joconde, pour "contempler" ces centaines de personnes se presser pour voir Mona Lisa au travers de leur écran de portable, voire s'immortaliser au côté d'elle dans un selfie, ce qui  pourrait expliquer ce rictus un brin moqueur. Ces mêmes personnes n'ayant pas même un regard pour le plus grand tableau du musée Les noces de Cana par Véronèse, pourtant difficile de la manquer avec ses plus de 70m2, sans parler de autres toiles de la salle : des Titien, d'autres Véronèse, des Tintoret.....
Loin de ce que disait Pierre Bonnard dans ses carnets "Oeuvre d'art : un arrêt du temps"....

Ce livre nous invite à cet arrêt du temps, et les questions fusent :
Pourquoi une oeuvre d'art nous happe ?
Pourquoi un tableau nous fait nous arrêter dans une salle de musée qui en compte des dizaines ?
Pourquoi une sculpture nous interpellé sans le vouloir ?
Pourquoi un détail nous attire dans une toile ?
Pourquoi ressentir de l'aversion pour une oeuvre et un magnétisme incompréhensible pour une autre ?
Qui n'a pas ressenti au gré d'une déambulation dans un musée, une sorte de magnétisme inexplicable sur une oeuvre d'art, pas forcément des plus connues.
C'est ce qu'expliquait récemment l'auteur :
"Un enfant, comme un adulte, peut ressentir une part de satisfaction, comme de frustration, lorsqu'il regarde une image. le problème, c'est le déficit du sens. Au fond, devant une oeuvre, on a l'impression qu'il y a quelque chose de magnétique, mais pleine de trous, et ces trous, il faut les combler. Pour les combler, malheureusement, il n'y a pas beaucoup d'autres choix que de faire un certain effort de travail, de savoir, de réflexion. Pour cela, il faut des passeurs, des professeurs, des conservateurs, des gens capables de recontextualiser, de donner des éléments symboliques, historiques, biographiques. Et petit à petit, ce qu'est l'énigme d'une oeuvre va gagner en relief, en profondeur, en multiplicité de strates."
Et l'auteur se fait passeur...

Alors effectivement, ce magnifique livre tant sur le fond que sur sa forme, fera indéniablement penser au Monde de Sophie, ou au Voyage de Théo.
La philosophie, la religion, l'art, comme une forme de trinité. Une trinité indissociable au fil de l'histoire de l'art.
Alors du Louvre, à Orsay et Beaubourg, on ne peut que céder à ce recit de transmission entre grand-père et petite fille. Leur secret comme un miroir des oeuvres et leurs secrets.

Même une conservatrice d'Orsay tombe sous le charme de cette complicité intergénérationnelle
"Je vous ai donc entendus à plusieurs reprises, toi et ton grand-père, sans que vous ne vous en rendiez compte, d'abord au Louvre en effet, puis ici. Comprenez : j'ai soixante-cinq ans, et jamais, je vous assure, je n'aurais pu espérer que mon métier prenne enfin autant de sens… Jamais il ne m'a été donné de croiser deux visiteurs aussi fantastiques dans les allées d'un musée. C'est la récompense de toute une carrière, de vous observer. Chère Mona (elle connaissait donc le prénom de l'enfant), cher monsieur, je suis désolée de cette intrusion mais vos conversations devant des oeuvres furent, avant mon départ à la retraite, le plus beau cadeau que je pouvais espérer m'offrir."

Quand ce n'est pas un gardien à Beaubourg qui apostrophe notre duo devant la" Croix Noire" de Kasimir Malevitch
" Il fallut l'intervention d'un gardien pour arracher Mona et son grand-père à leur méditation.
– Dites donc, vous deux : est-ce que vous préparez un mauvais coup ?
– Un mauvais coup ? s'étonna Henry. Et pourquoi donc ?
– Voilà une heure que vous regardez cette croix ! Personne ne regarde jamais cette croix plus de dix secondes.
– Allons, mon ami : un vieux monsieur et une fillette ! de quel mauvais coup parlez-vous ?
Encore un instant et nous ne vous embêterons plus avant la semaine prochaine.
– Encore cinq minutes… Pas une de plus.
Le gardien retourna s'asseoir sans quitter le binôme du regard"

Proust a écrit : “Par l'art seulement nous pouvons sortir de nous-mêmes.”
Et ce livre est une belle démonstration qu'il y a toujours, dans l'art, du nouveau à découvrir. Les grandes oeuvres semblent différentes chaque fois qu'on revient vers elles. Elles ont quelque chose d'inépuisable et d'imprévisible, tout comme l'être humain, et on ne peut jamais prétendre les connaître à fond. L'essentiel réside peut-être en ceci qu'il faut les aborder avec un esprit non prévenu, prêt à saisir la moindre allusion et à faire écho à l'harmonie la plus cachée.

Une chose est certaine c'est qu'une fois le livre refermé, il reste quelque chose de Mona. Telle une ombre, cette ombre à l'origine de la peinture, comme le lui explique son grand père :
"Et l'ombre est à l'origine de la peinture, Mona… Son « degré zéro », si tu préfères.
– Comment donc ?
– Durant l'Antiquité, Pline l'Ancien racontait une histoire dont on a souvent considéré qu'elle constitue le mythe originel des arts visuels. C'est celui de Callirrhoé. Il s'agit d'une femme qui vivait à Sicyone, en Grèce, voilà environ deux mille six cents ans. Callirrhoé est amoureuse d'un homme qui doit partir pour l'étranger. Elle souhaite conserver une image de lui. Comment s'y prend-elle ? Elle trace sur un mur les contours de son ombre portée par la lumière d'une lanterne. C'est aussi simple que cela : l'ombre est en quelque sorte le négatif du modèle et, en fixant avec du charbon de bois sa silhouette, elle en retrouve le positif."

Bonnard disait "Il ne s'agit pas de peindre la vie, mais de rendre vivante la peinture."
Thomas Schlesser a su au travers de ce récit faire honneur à cette citation, et démontre bien ce mot que les Italiens associent à l'art : "arte è una cosa mentale."
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Moi aussi j'aurais aimé avoir un Dadé qui me fasse aussi joliment découvrir les oeuvres d'art et la beauté du monde. Art et émotion entremêlés.

Les artistes nous parlent et nous sommes peu nombreux à les écouter. Voilà ce que Thomas Schlesser aimerait nous faire comprendre au travers de ce joli roman.
Dès le début du roman il se passe un phénomène qui nous touche. Une toute jeune fille de 10 ans perd, de manière inexpliquée, la vue pendant 73 longues minutes. Il y a de fortes chances qu'elle perde la vue dans l'année qui suit.
Mona est une fille vivante et en pleine santé jusqu'à ce moment diabolique où elle perd la vue durant un temps non négligeable. le pédiatre spécialiste en la matière n'ayant pas réussi à poser un diagnostic franc, il a pour tout conseil d'avoir une bonne hygiène de vie, un suivi médical régulier et le soutien auprès d'un pédopsychiatre.
Camille, la mère de Mona travaillant, elle se tourne vers son père Dadé Henry Villemin pour accompagner sa petite fille tous les mercredis après-midi chez le pédopsychiatre de son choix.
Henry est totalement fou de sa petite-fille et lui propose un deal, faire les musées plutôt que la consultation psy et lui montrer une oeuvre par semaine.
Commence alors ce joli parcours initiatique qui va affuter, peu à peu, la perception que Mona va se faire d'une oeuvre d'art. 52 mercredis pour 52 oeuvres d'art essentielles. Botticelli, Léonard de Vinci, Michel Ange, Goya, Rembrandt, Camille Claudel, William Turner, René Magritte, Frida Kahlo, Edouard Manet, Paul Cézanne, Antoine Watteau Johannes Vermeer, Pierre Soulages et tant d'autres vont être approchés par la lecture d'une de leur oeuvre essentielle. Mona et Dadé Henry vont se promener dans les musées du Louvre, d'Orsay ou de Beaubourg.
Chaque chapitre sera prétexte au décodage d'une oeuvre, au message qu'elle contient, à une réflexion sur la vie ; et pourquoi pas une forme d'initiation à la sagesse, à la philosophie, à l'histoire de l'art.
La découverte de chaque oeuvre se fait selon la même approche : d'abord regarder silencieusement le tableau durant quelques longues minutes où couleurs, formes et matières émergent, laisser s'évader l'esprit, puis y mettre des mots, en parler. Certains des messages sont à lire entre les lignes. La représentation est le fondement même de notre civilisation (comme le dit si bien Richard Malka dans l'article publié par un hebdomadaire), mais la visée de l'artiste est tout aussi importante à connaitre. Et ça, Thomas Schlesser le relate intelligemment par le mode d'observation que le grand-père a instauré.
Dadé est un octogénaire plutôt atypique, rude, mais l'amour qu'il voue à sa petite-fille, passe avant tout le reste. Il tient à ce qu'elle ait pu voir toute la beauté du monde avant que la cécité ne s'installe.
Emotion, passion et effet « Carpe Diem » sont omniprésents.

Pour amener la touche romancée, Thomas Schlesser y entrelace une histoire familiale cousue de secrets de famille enfouis et traumatiques. Il nous prouve à quel point le poids du passé peut peser sur les générations suivantes.
Le thème de l'euthanasie, imbriqué dans l'histoire familiale, est tout aussi judicieusement traité. Thème qui m'est d'autant plus cher que je trouve que bien trop de professionnels - de santé entre autre - se disent légitimes dans le choix d'un acte qui ne regarde que la personne en grande souffrance et qui appelle au secours.
Ces deux derniers thèmes sont, pour moi du moins, largement aussi admirablement traités que le thème de la lecture d'une oeuvre d'art.

J'ai préféré lire ce roman en plusieurs fois, ressentant parfois le besoin de prendre un livre d'art pour aller plus loin dans le décryptage de Thomas Schlesser. Ce livre éveille notre curiosité, en tout cas celle de personnes qui ne sont pas du métier, pas des pros en matière d'histoire de l'art. Il peut être jugé trop superficiel pour les spécialistes d'art, mais il fait un bien fou aux non initiés. Cette dernière publication, contrairement aux précédentes de Thomas Schlesser, est un roman et non un livre d'art.

A noter également ce merveilleux support de lecture qu'est la jaquette des 52 oeuvres. Elle est disjointe du livre à proprement parler, mais devient indispensable au fil de la lecture.

Citations :

« Entre Henry et Mona, il y avait désormais la nostalgie des secrets. C'est si grand, c'est si bon d'enchâsser dans la réalité une réalité autre, où nul n'est jamais invité à entrer. Et c'est si douloureux de devoir un jour renoncer à ce dédoublement… Peut-être est-il alors des pèlerinages nécessaires pour dire ‘'adieux'' à ces vies parallèles ? »
"Des grands-parents aux petits-enfants, des petits-enfants aux grands-parents, se crée parfois un lien miraculeux, qui tient au fait que, par une sorte de courbe existentielle, les aînés reviennent du haut de leur vieil âge, aux sentiments de leur prime jeunesse et saisissent, mieux que quiconque, le printemps de la vie. »… « Il y a des êtres en ligne droite et d'autres en bifurcations. Henry, jusque'à la mort, devait être de la seconde espèce. »
« Oublie le négatif, ma chérie ; garde sans cesse la lumière en toi. »
« Oh, Dadé… comme c'est beau, tout ça. Et comme c'est beau, tout au-delà. »

« De cet épisode héroïque et tragique, son orpheline de fille avait tiré deux leçons. La première, c'est que la foi en Dieu donne une force sidérante. Aussi devint)-elle une chrétienne fervente. La seconde, c'est l'importance de choisir sa mort. Aussi devint-elle une militante de l'euthanasie. »… » Son malaise c'était de constater que les progrès de la médecine, très louables en eux-mêmes, produisaient des situations paradoxales. Au fur et à mesure qu'on trouvait les moyens de prolonger la vie, jusque'à quatre-vingt dix ou cent ans, parfois plus, au fur et à mesure qu'on repoussait la résistance humaine, apparaissaient des maladies neurodégénératives qui faisaient parfois de ces âges avancés des moments atoniques inacceptables. »

« On apprend que perdre est la condition indispensable de la sensation vitale, de l'intensité présente. »
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Les yeux de Mona, lorsqu'ils se posent sur une sélection des plus belles oeuvres de trois grands musées parisiens, rappellent par certains aspects, la découverte des idées et concepts philosophiques dans le Monde de Sophie.
Mona et son grand-père dialoguent devant cinquante-deux oeuvres d'art pendant un an, à raison d'une par mercredi, le tout avec un but thérapeutique pour la jeune Mona qui risque de perdre la vue.
C'est à la fois une initiation à l'histoire de l'art, un regard porté sur une immense galerie chronologique, un dialogue entre les générations et la transmission d'une histoire familiale, tout en finesse et en nuances, par petites touches marquantes.
Grâce à ce regard naïf et lucide à la fois, on voit grandir Mona et on (re)découvre avec elle de véritables chefs-d'oeuvre qui tous questionnent l'intention de l'artiste et la réception de son oeuvre.
Par chance, j'ai pu emprunter ce livre à la médiathèque. Malchance, la jaquette dépliable dans laquelle figurent les reproductions des cinquante-deux oeuvres est collée à la couverture et les rend donc inaccessibles. Me voilà donc obligée de me contenter de la lecture des tableaux en audio description ! Chance à nouveau, ou heureux hasard, j'étais au Louvre quelques jours avant d'avoir ce roman entre les mains et mes pas m'avaient naturellement portée vers certaines de ces oeuvres (sauf l'inabordable Mona Lisa).
Pour les chapitres consacrés aux tableaux du Musée d'Orsay, en revanche, j'ai dû recourir à l'aide de la toile, et nouvelle surprise (est-ce encore un hasard ?) la plupart des oeuvres admirées dans le roman sont indiquées comme "non exposée[s] en salle actuellement". Un visiteur qui souhaiterait accompagner Mona et son Dadé dans ce musée en serait empêché. Si le succès du livre se poursuit, nombre de lecteurs risqueraient d'être déçus, à moins que ce ne soit pour créer le manque en vue d'un parcours spécial Mona et Dadé.
Toujours grâce à cette inaccessibilité aux reproductions dans le livre que je lisais, j'ai pu découvrir que le Centre Pompidou avait très bien documenté son catalogue en ligne et ce fut pour moi une agréable lecture complémentaire à celle du roman.
J'ai aimé voir grandir Mona, voir son grand-père lui transmettre son histoire et la belle chronologie artistique qu'il déploie pour elle. J'ai aimé fréquenter à nouveau ces oeuvres sous leurs regards croisés et découvrir grâce à eux celles qui m'étaient inconnues. J'ai un peu moins aimé certains personnages secondaires qui ne semblaient là que pour donner corps à une intrigue qui existait déjà très bien sans eux. La construction répétée de chaque chapitre offre un cadre à l'ensemble et les clins d'oeil littéraires prêtent vie et mots aux images figées.
A nous de suivre ces guides et d'ouvrir les yeux pour vivre avec eux cet émerveillement que procure la rencontre avec une oeuvre et ce qu'elle peut toucher et émouvoir en nous.
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Un immense chef-d'oeuvre !Un roman initiatique vibrant, lumineux d'une intensité exceptionnelle.
(Re-)Découvrir les plus grandes oeuvres d'art à travers le regard innocent et spontané d'une enfant de 10 ans menacée de cécité, c'est du génie. Devoir de transmission, secrets de famille, enfance et émerveillement, ce roman vous bouleversera.
Coup de coeur de cette rentrée littéraire 2024!

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Ce livre a été pour moi une expérience immersive et enrichissante qui explore à la fois le monde de l'art et les profondeurs de l'âme humaine. Un vrai coup de coeur
1. Exploration de l'art: "Les Yeux de Mona" offre une plongée fascinante dans l'histoire de la peinture, en particulier à travers les visites de musées et les rencontres avec des chefs-d'oeuvre célèbres. L'auteur guide le lecteur à travers les plus beaux tableaux de l'histoire de l'art, révélant des secrets cachés et des interprétations inédites qui enrichissent notre compréhension de ces oeuvres emblématiques.
2. Réflexion sur la perception et le regard: le roman médite sur le pouvoir du regard - celui de l'artiste, de son sujet et du spectateur - et sur la manière dont notre perception façonne notre compréhension du monde. En explorant la relation entre l'art et la vision, l'auteur invite le lecteur à réfléchir à la manière dont nous percevons la beauté et la signification dans l'art et dans la vie.
3. Relations intergénérationnelles et exploration de soi: Au coeur de l'histoire se trouve la relation entre Mona et son grand-père, Dadé. Leur voyage à travers le monde de l'art devient une exploration profonde de soi et de la vie, où Mona découvre non seulement la richesse esthétique du monde qui l'entoure, mais aussi les émotions et les valeurs fondamentales qui façonnent son identité.
4. Thriller intellectuel et mystère artistique : En entrelaçant habilement le mystère et la connaissance, le récit crée une tension narrative captivante qui maintient le lecteur en haleine jusqu'à la dernière page. Les révélations inattendues et les interprétations nouvelles des oeuvres d'art célèbres ajoutent une dimension de suspense et d'excitation à l'exploration intellectuelle et émotionnelle du roman.
En résumé, "Les Yeux de Mona" est un roman puissant et évocateur qui célèbre la beauté de l'art et la richesse de l'expérience humaine à travers les yeux d'une jeune fille et de son grand-père.
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J'ai suivi avec bonheur Mona et son « Dadé » dans leurs pérégrinations et découvertes dans les musées à admirer et surtout à comprendre les oeuvres d'art que Mona va découvrir, au cours de tous ces mercredis qu'ils vont passer ensemble. Une oeuvre d'art par semaine. Pour chaque tableau, ou sculpture, il y a un adage qui est repris en titre de chapitre et qui correspond à un épisode de vie de Mona au chapitre suivant.

Je vous avouerai que je n'y connais rien en art et ce que je trouve jubilatoire, c'est d'avoir été saisie par des émotions que je ne pensais pas connaître en découvrant un tableau. Certes, j'en appréciais certains. Mais difficile de dire pourquoi.

Grâce à l'éclairage de Thomas SCHLESSER, ou plutôt des explications données par le grand-père de Mona, j'ai pu comprendre les tableaux qu'il nous fait découvrir dans ce roman et surtout les apprécier, tous autant qu'ils sont, des plus anciens aux plus récents, des classiques aux plus modernes.

Je n'ai pas l'occasion de me rendre à Paris pour admirer les 52 tableaux décris dans ce livre. Thomas SCHLESSER a eu la superbe idée que les tableaux soient reproduits sur la jaquette du livre, ce qui est très appréciable. J'ai poussé l'exercice à surfer sur Internet pour admirer en plus grand ces tableaux, pour mieux les cerner et chercher d'autres informations sur les artistes peintres et sculpteurs.

Thomas SCHLESSER a poussé l'exercice tout au long du livre de façon à ce qu'il n'y ait pas de forme négative. « Enfin, Mona, par une particularité langagière dont les raisons ne sont dévoilées qu'à la toute fin du récit, ne procède jamais par formule négative. Ainsi, tous ses dialogues sont rédigés sous une forme affirmative ou interrogative. « C'était très contraignant, dit l'auteur, amusé. C'est également tout un casse-tête pour les 31 pays qui traduisent le livre. » dit-il dans un article de presse.

Il précise également qu'il a mis 15 ans à écrire ce roman. C'est très respectueux des lectrices et lecteurs. Surtout lorsque l'on sait qu'aujourd'hui certain(e)s écrivain(e)s se servent de l' « IA » pour écrire leur livre. Je doute qu'elles ou qu'ils réussissent à produire un tel livre où la beauté du monde ressort avec autant d'intensité. (Mon petit clin d'oeil à moi).

Merci à lui de m'avoir ouvert les yeux et l'esprit sur des oeuvres pour lesquelles je serais passée à côté. Une très belle initiation.
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Mona, dix ans, vit un moment de cécité de plus d'une heure: panique, batterie d'examens: ophtalmo, pédiatre...la petite ignore ce qui est arrivé et le miracle de la vue retrouvée! Ses parents sont sympathiques: elle s'investit dans des causes humanitaires dès que son travail d'intérim lui en laisse le temps; lui tient une brocante peu rentable qui le conduit à boire au désespoir de Mona qui contribuera à la remontée de son père.
Le plus attachant est Henry, le grand-père, octogénaire et érudit .
Il y a aussi la grand-mère tant aimée qui a disparu: c'est un sujet tabou (j'avoue ne pas comprendre pourquoi, mieux vaut dire la vérité avec des mots simples)
C'est Henry qui fomente un complot avec l'enfant: au lieu d'aller chez un psy, elle ira contempler des oeuvres d'art au Louvre, à Orsay et Beaubourg: 52 semaines et autant de tableaux qui jalonnent l'histoire de l'art (européen).
Il apprend à la petite à vraiment regarder l'oeuvre devant laquelle il l'immobilise: son idée est que si elle devient aveugle, elle aura au moins des souvenirs de beauté.
La petite est sans doute HPI!! et elle a l'oeil absolu: elle savoure les propos du grand-père (qui ne sont pas si simples) et devient capable d'expliquer un tableau à son tour. Elle est aussi douée d'une mémoire exceptionnelle mais elle reste une enfant.
Une initiation à l'histoire de l'art peu commune: une seule oeuvre par semaine et un temps d'observation de plus en plus long.
Je connaissais une trentaine de ces tableaux ou sculptures mais j'ai beaucoup appris: le regard s'éduque. J'ai découvert les autres que j'aimerais voir "en vrai" : l'éditeur nous rend le grand service de reproduire les tableaux dans la jaquette de couverture; cela donne une idée mais ne remplace pas la réalité. La couverture attire le regard: les beaux yeux d'un Vermeer.
52, c'est peu finalement, dommage! Je ne partage pas toujours les choix de l'auteur; ce n'est pas l'asperge que j'aurais choisi pour Manet ni les bottes de foin pour Mondrian...et il y a beaucoup d'absents mais impossible de les évoquer tous: il s'agit d'initier et de jalonner.
Pour Goya, je pensais à mon tableau préféré du musée des Beaux Arts de Lille: les Vieilles ; j'ai passé des heures devant ce tableau en y découvrant toujours plus.
Un livre qui peut s'adresser à qui ne connait pas l'art mais aussi à ceux avides de réveiller des souvenirs et d'approfondir leur regard.
Cela m'a fait penser au Monde de Sophie et au Voyage de Théo: des livres qu'on n'oublie pas.
Pour justifier le demi point manquant: il m'est arrivé de trouver un peu longs les propos du grand-père, surtout s'adressant à une petite fille si douée soit-elle.
Les séances d'hypnose ont permis de trouver la cause des moments de cécité. J'aurais aimé une photo du coquillage (merci internet) Un nom compliqué pour ce qu'on trouve facilement sur nos plages, joli quand même!
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C'est un roman qui marquera les esprits ! Un roman feel-good, qui vous rappelle les essentiels de la vie via l'art ! Pour l'amoureuse que je suis, j'ai été ravie de suivre Mona et son grand-père qui vont méditer quelques instants devant une grande oeuvre différente, exprimer un ressentir et en ressentir grandi à la fois culturellement, mais aussi personnellement. C'est beau et doux malgré l'histoire de fond.

Le livre est assez épais, mais se dévire véritablement. Je dois aussi tout de suite mentionner la très bonne idée de glisser dans la jaquette les oeuvres pour les avoir sous la main et comprendre ainsi de quelle oeuvre, il est question, à chaque chapitre. C'est une plongée dans l'histoire de l'art, mais aussi une plongée familiale et personnelle. J'ai été vraiment conquise par Thomas Schlesser et ce roman est mon coup de coeur pour ce début 2024. Il rassemble tout ce que j'aime, le tout avec beaucoup de simplicité, de connaissances et d'humour.

C'est une histoire qui se laisse apprécier, que l'on décore à la fois pour Mona, cette enfant attachante et espiègle, vive et sensible, son grand-père qui est un puit de science et de bon sens et la place laissé à l'art. Une façon très simple de contemplation qui peut être permettra aussi à celles et ceux qui n'osent pas de se rendre devant et de se laisser aller à la contemplation. de ne plus avoir peu des grands chef d'oeuvre et de laisser exprimer la poésie qu'ils ont en face d'eux simplement.

La plume est facile à lire, il n'y a rien de lourd que ce soit la description très simple du tableau à sa petite histoire. Tout est amené simplement et avec un fil rouge touchant évidemment.

Je vous le recommande chaudement. Je me retiens d'en dire plus, mais je vous invite fortement à vous plonger aussi avec Mina dans les grandes oeuvres de ces grands musées parisiens !
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Les yeux de Mona, un clin d'oeil de l'auteur à Mona Lisa et au si jolie regard de la jeune fille à la perle de Vermeer.
Pour lire cet ouvrage sans être gêné par de l'invraisemblance,il faut accepter 3 préalables: que Mona,10 ans l'héroïne, puisse exprimer avec une sensibilité exceptionnelle ses émotions devant les oeuvres d'art,que son grand père Dadé soit une personne particulièrement cultivée,que le secret qui lie Mona et son grand père au sujet des visites au musée, caché des parents, puisse être conservé longtemps .
A partir de là,on se laisse promener à travers ces trois musées parisiens avec un plaisir attendu et renouvelé. Car il y a 3 histoires qui m'ont touchée,celle de la mystérieuse cécité de Mona,celle fabuleuse de la relation entre ce grand père et sa petite fille et bien sûr l'histoire de la peinture et de la sculpture convoquée chaque mercredi avec une nouvelle oeuvre .
J'ai parcouru l'ouvrage comme Mona,une oeuvre pour un jour,avec cette pédagogie de la répétition,laissant décanter mes impressions avant d'aborder la suivante.
J'ai été moins sensible à la leçon de philosophie mais j'ai apprécié que l'auteur nous présente des oeuvres moins connues et pas des plus faciles pour nous initier.Je pense particulièrement aux tableaux de Goya,Courbet,Manet et Hammershoi et aussi des contemporains.
Un livre brillant dans son genre, à garder précieusement et à ressortir si besoin.
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La première image qui me vient c est celle d un livre posé sur mes genoux qui s ouvre en laissant s échapper de multiples couleurs adressées à l enfance, apte à nous ouvrir à la peinture - qui que nous soyons - d une manière intelligente, didactique et originale.

52 oeuvres pour nous faire comprendre cet univers. l'auteur a de plus le mérite de nous faire découvrir un panel quasi complet, des lumières moyenageuses jusqu aux mystérieuses oeuvres contemporaines, et de nous expliquer une façon de voir et de comprendre, avec à la clé les points essentiels vécus par les artistes concernés. le but est atteint.

Et derrière tout ça, au-delà de la problématique médicale des yeux, fil conducteur qui légitime l ensemble, il y a l histoire entre une petite fille et ses grands-parents, d une très grande tendresse. On découvre avec patience et petites touches l évolution de Mona, qui étend et fait de ce lien filial une vraie source de bonheur à lire et à voir vivre. Les dernières pages sont d ailleurs un vrai bouquet de joie, de couleurs, d amour, de sensations et d'ivresse qui sont une réussite extraordinaire.

L originalité. le concept, même si je ne peux éviter de poser à côté de mes genoux déjà occupés l oeuvre philosophique de Jostein Gaarder ("Le Monde de Sophie"), est attirant, aussi bien visuellement qu intellectuellement, émettant des signaux lumineux particuliers pour attirer notre curiosité et s extirper de la masse littéraire actuelle. La double jaquette arborant les 52 oeuvres est une idée magnifique, vivifiante et surtout essentielle pour être au plus près des écrits de l auteur, qu il détaille avec un précieux vocabulaire.

Les yeux de Mona. Titre symbiose.

Il existe des livres qui peuvent aider, riches en qualités et troubadour idéal pour aguicher nos côtés passionnels. Ils incitent, ils cajolent, ils titillent, et peuvent parfois allumer dans nos désirs des petites flammes, prêtes pour apporter dans nos vies de très belles et chaleureuses lumières culturelles.
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