Une très belle découverte.
Lu
cette nuit, une nuit sans sommeil.
J'ai rejoint l'appartement de Salomon et de Sarah, j'ai ri, j'ai partagé l'intimité de leur famille et me suis allègrement assise à leur table, les nuits de Pessah, la Pâque juive.
Je me suis laissée emportée par Salomon, narrateur drôle et bouleversant qui, endeuillé, prépare la prochaine nuit de Pessah. Pour la première fois depuis cinquante ans,
cette nuit se passera sans sans son épouse, la belle et douce Sarah. Il imagine la tournure que va prendre cette soirée, et nous régale de ses souvenirs, des souvenirs des précédentes fêtes de Pessah avec ses beaux-parents, avec Sarah, avec ses filles puis ses petits-enfants. Les souvenirs des camps ne sont jamais bien loin, conviés dans les blagues de Salomon. En rire. Un humour féroce, un humour vêtu de noir, décalé peu apprécié autour de lui, pour parler de l'horreur, pour ne jamais oublier. Pour en découdre avec l'oubli.
« Et je l'entends grogner, « Pourquoi les Nazis, encore ? » Elle en avait assez de cette Shoah permanente, mais est-il seulement possible de faire le deuil d'une plaie mémorielle ? Infiniment elle s'infecte, elle pullule de sarcasmes. Alors , le dimanche après-midi, je m'éloignais jusqu'au café d'en bas où la guerre des camps faisait rage entre amis rescapés, notre Café-Shoah où je pouvais rire librement : « ... ton Struhof, une cure vosgienne financée par cette foutue sécu...et les douches de Bergen-Belsen, du luxe comparées aux thermes de Baden-Baden... » Nos peurs les plus profondes se mélangeaient à nos larmes railleuses, nécessaires. »
J'ai été émue, parfois aux larmes, par ce roman empreint de tendresse, de pureté, de justesse.
Un roman sur le deuil, sur les relations parents-enfants, sur la famille, sur les traditions, les relations humaines, sur la Shoah et sur l'amour.
L'écriture est belle, sensible, poétique, fluide, addictive.
Magnifique ! Bouleversant, attachant et drôle !
Merci aux bibliothécaires des médiathèques de la ville dans laquelle je vis, pour et leur talent à mettre en avant des pépites et partager leur passion.
« Comme à Shabbat, comme à chaque fête, la prière qui clôt le repas débute par ce psaume que toute la famille récite par coeur, l'histoire des rêveurs aux bouches remplies de joie, aux langues pleines d'allégresse. « D'ieu a ramené les exilés comme des ruisseaux, et nous a ainsi faits rêveurs. Celui qui marche en pleurant revient en chantant, il plante ses semences en larmes et récole dans la joie. de ces deux moments naît le songe, d'une larme, puis d'un rire. » »
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