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3,51

sur 177 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Une très belle découverte.
Lu cette nuit, une nuit sans sommeil.
J'ai rejoint l'appartement de Salomon et de Sarah, j'ai ri, j'ai partagé l'intimité de leur famille et me suis allègrement assise à leur table, les nuits de Pessah, la Pâque juive.
Je me suis laissée emportée par Salomon, narrateur drôle et bouleversant qui, endeuillé, prépare la prochaine nuit de Pessah. Pour la première fois depuis cinquante ans, cette nuit se passera sans sans son épouse, la belle et douce Sarah. Il imagine la tournure que va prendre cette soirée, et nous régale de ses souvenirs, des souvenirs des précédentes fêtes de Pessah avec ses beaux-parents, avec Sarah, avec ses filles puis ses petits-enfants. Les souvenirs des camps ne sont jamais bien loin, conviés dans les blagues de Salomon. En rire. Un humour féroce, un humour vêtu de noir, décalé peu apprécié autour de lui, pour parler de l'horreur, pour ne jamais oublier. Pour en découdre avec l'oubli.

« Et je l'entends grogner, « Pourquoi les Nazis, encore ? » Elle en avait assez de cette Shoah permanente, mais est-il seulement possible de faire le deuil d'une plaie mémorielle ? Infiniment elle s'infecte, elle pullule de sarcasmes. Alors , le dimanche après-midi, je m'éloignais jusqu'au café d'en bas où la guerre des camps faisait rage entre amis rescapés, notre Café-Shoah où je pouvais rire librement : « ... ton Struhof, une cure vosgienne financée par cette foutue sécu...et les douches de Bergen-Belsen, du luxe comparées aux thermes de Baden-Baden... » Nos peurs les plus profondes se mélangeaient à nos larmes railleuses, nécessaires. »

J'ai été émue, parfois aux larmes, par ce roman empreint de tendresse, de pureté, de justesse.
Un roman sur le deuil, sur les relations parents-enfants, sur la famille, sur les traditions, les relations humaines, sur la Shoah et sur l'amour.
L'écriture est belle, sensible, poétique, fluide, addictive.
Magnifique ! Bouleversant, attachant et drôle !

Merci aux bibliothécaires des médiathèques de la ville dans laquelle je vis, pour et leur talent à mettre en avant des pépites et partager leur passion.

« Comme à Shabbat, comme à chaque fête, la prière qui clôt le repas débute par ce psaume que toute la famille récite par coeur, l'histoire des rêveurs aux bouches remplies de joie, aux langues pleines d'allégresse. « D'ieu a ramené les exilés comme des ruisseaux, et nous a ainsi faits rêveurs. Celui qui marche en pleurant revient en chantant, il plante ses semences en larmes et récole dans la joie. de ces deux moments naît le songe, d'une larme, puis d'un rire. » »
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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J'ai l'impression que je vais encore me répéter mais chaque année je suis bluffée par les romans lauréats du Prix Orange ; ce ne sont presque jamais ceux dont les médias se sont emparés lors de la rentrée de janvier. L'an dernier je me suis régalée avec Avant que les ombres s'effacent et l'année précédente avec Défaite des maîtres et possesseurs. Deux romans exigeants, qui apportent chacun dans leur genre un éclairage bienvenu et de la matière à réflexion. Bonne surprise également cette année avec Cette nuit. Un roman atypique, une voix qui porte, une émotion forte, sincère, tout sauf fabriquée. Un auteur qui parvient, à partir de l'intime à toucher à l'universel.

Et puis franchement, cela faisait très longtemps que je n'avais pas rencontré l'humour juif sans le filtre de la traduction. C'est lui qui donne sa tonalité au livre, sa profondeur. Lui qui fait sourire en grinçant des dents, avec ce petit serrement au niveau du plexus. Car Salomon, le narrateur, n'est pas n'importe qui et cette nuit n'est pas n'importe laquelle. Salomon est l'un des très rares membres de sa famille à être revenu des camps d'extermination ; cette nuit est la première veille de Pessah qu'il s'apprête à passer sans Sarah, sa femme pendant soixante-dix ans, décédée quelques mois auparavant.

"... la soirée de Pessah est la nuit de la transmission aux plus jeunes, la nuit des interrogations. Celle de la découverte du deuil".

L'occasion de découvrir les détails et les rituels de cette fête juive qui prend cette nuit-là une importance toute particulière pour Salomon. Un retour sur sa vie, sur ses souvenirs. Lui dont l'humour et plus particulièrement les blagues concentrationnaires ont toujours fait bondir son entourage. Cette nuit, la famille sera réunie. Ses deux filles qui ne se parlent presque pas, Michèle et Denise, héritières d'une colère qui s'exprime de bien des façons ; ses deux gendres, l'un effacé pour contrebalancer la rage de sa femme, l'autre qui affiche la jovialité et la truculence séfarades. Et les petits enfants qui, par-delà les rituels, symbolisent l'avenir et l'espoir d'un Salomon qui voit la flamme qui l'animait s'éteindre peu à peu.

Les retours de Salomon sur sa vie racontent l'amour plein, inconditionnel et réciproque entre Sarah et lui. La reconstruction d'une nouvelle famille, sur du vide puisqu'il ne reste même pas d'image de ceux qui sont morts, pas d'album photo à feuilleter. Les traces, indélébiles qu'il faut pourtant écarter, pour avancer, pour donner priorité à la vie et pour continuer à transmettre. Il y a tout ça dans l'esprit de Salomon qui s'égare entre passé et présent, hésite à s'accrocher encore à la vie quand Sarah l'appelle de l'autre côté.

Dans ce roman, le plus important n'est pas dit et pourtant, il vous envahit, vous habite, vous serre la gorge. Laisse sa petite empreinte et l'impression d'avoir côtoyé une sorte de vérité qui n'apparaît que dans le questionnement incessant. Avec une belle sensibilité.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Ce petit roman est ma première lecture de la sélection Cezam 2019. J'ai commencé par celui-ci surtout en raison de son épaisseur : je n'avais pas envie de me lancer dans une lecture de longue haleine. Et sur ce point, il rempli les objectifs : les quelques 145 pages sont vite lues, deux petites soirées et c'est fini.
Sur les premières pages j'étais un peu inquiète: la liturgie juive ce n'est franchement ma tasse de thé. Mais finalement, ce prétexte au récit est très bien intégré dans l'histoire et tous les symboles énoncés trouvent un écho dans cette famille un peu particulière.
Mais finalement c'est une histoire très belle et pleine de sensibilité. J'ai été touchée parce ce vieux monsieur à l'humour décapant, qui cherche comment rassembler sa famille maintenant que son épouse n'est plus là.
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Coup de coeur pour ce roman tendre et sensible qui commence un matin de Pessah, la Pâque juive. C'est une fête spéciale, puisque pour la première fois, Sarah, la femme de Salomon, ne sera pas là. Elle est morte récemment. le vieil homme se prépare en se souvenant des années passées. Une de ses filles ne va pas tarder à arriver pour l'aider, comme d'habitude.

Salomon est un rescapé de la Shoah, incapable d'en parler, mais se livrant à des blagues "concentrationnaires" douteuses, qui mettent tout le monde mal à l'aise. Ses deux filles, Michelle et Denise, ne s'entendent pas, Michelle la cadette a un caractère exécrable et méprise Denise. Sarah et Salomon n'ont jamais compris d'où venait cette hostilité et en sont désolés. En réaction Denise boit un peu trop.

Les repas de famille sont toujours un peu tendus, malgré l'attention de Sarah pour les siens, sa patience et sa bienveillance. L'amour de Salomon pour sa femme n'a cessé de grandir au fil des années, sa disparition laisse un vide béant qui le rend inconsolable.

L'évocation des fêtes précédentes est l'occasion de revenir sur la déroulement de la soirée du séder, le rituel à suivre scrupuleusement. Salomon le fait avec un humour désespéré qui provoque souvent le rire et l'émotion. le portrait de chaque membre de la famille est finement dressé, permettant de les imaginer tous ensemble, agités, bruyants, mais soudés aussi et s'aimant tendrement. Salomon passe en revue les étapes de la soirée et imagine comment elle va se passer sans Sarah.

Ce n'est pas un roman triste, la vie y est bien présente et ce que nous percevons de Sarah et Salomon est infiniment touchant.


Lien : http://legoutdeslivres.canal..
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Salomon se réveille angoissé. Il reçoit sa famille pour le premier seder de Pessah.
Pour la première fois, il va devoir célébrer la Pâques juive avec ses filles, ses gendres et ses petits enfants sans Sarah, sa belle et douce épouse, décédée deux mois auparavant.
Il se remémore les Pessah des années précédentes et anticipe ce qui ne manquera pas de se produire cette année : les humeurs de sa cadette, l'alcoolisme latent de son ainée, les problèmes gastriques du gendre et les rites immuables de cette fête.
Salomon, rescapé de la Shoah, nous ouvre son coeur et ses souvenirs.
Il dessine chaque participant de ses soirées familiales explosives entre deux blagues sur les camps, lui qui est doté d'un solide humour concentrationnaire.
Tout sera comme d'habitude, sauf que Sarah ne sera pas là…….

Entre rire et larmes, humour noir et fulgurants moments d'émotion, un roman d'une immense sensibilité plein de tendresse, d'amour et de mélancolie. Un texte tout simplement beau.
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Intriguée par ce livre à cause de sa forte médiatisation en partie liée à l'obtention du Prix Orange 2018, j'avais très envie de découvrir Cette nuit de Joachim Schnerf. Et plus encore lorsque j'ai appris qu'il s'agit d'un roman autour d'un rescapé d'Auschwitz.

Cette nuit est un roman court et dense, sorte de huis clos qui étouffe autant qu'il amuse. Suivre le personnage de Salomon, c'est se confronter à diverses mémoires. Celle des camps, du passé proche et personnel. Cette façon de parler des camps est, je trouve, audacieuse. Dès que Salomon fait mention de son expérience concentrationnaire, c'est pour en faire des blagues, et ainsi d'une certaine façon, minimiser un passé trop douloureux.

Je trouve cette façon d'aborder l'époque intéressante parce que généralement on ne fait pas de blague sur le sujet, et encore moins devant un rescapé. Donc le fait que ça sorte de la bouche de Salomon forcément ça passe mieux, et ça nous interroge sur le processus d'acceptation.
L'autre passé, c'est celui la tradition juive. Comme son nom l'indique, l'ouvrage ne concerne directement qu'une nuit (il est question des souvenirs de Salomon, de sa vie partagée avec son âme soeur Sarah, mais le présent dans l'ouvrage, c'est lorsque Salomon doit passer la Pessah seul puisque Sarah est décédée peu avant). Cette nuit de la Pessah, qui est la Pâque juive, est très importante pour eux et c'est pour cette raison s'il y a tant de choses à prévoir, à préparer pour le repas, etc.

Donc d'écrire Cette nuit comme un simple roman sur un rescapé de la Seconde Guerre mondiale me semble un peu mince. Plus largement c'est un livre autour de la religion juive, de ses traditions et sans doute aussi sur ce que c'est d'être juif après la Shoah. C'est un livre novateur parce qu'il mêle des situations sérieuses à un humour noir, parfois dérangeant c'est vrai, et parfois hilarant aussi.
Je pense notamment à ce moment où Salomon apprend que sa petite-fille fréquentait un Allemand, ça donne lieu à toutes sortes de réflexions amusantes.

"Sarah. J'aime murmurer son nom, j'aime la murer dans mes pensées pour empêcher l'oubli d'effectuer ses rondes. J'enroule ma femme dans nos tapis, dans nos rideaux, je démembre son image pour qu'aucun nazi ne puisse la rafler tout entière. Je remplace les abat-jour par ses prunelles bleutées, les oreillers par ses mains accueillantes."

Je ne m'attendais pas donc pas à ce type de récit où l'auteur mélange les genres, et si je l'avais su avant ma lecture j'aurais peut-être été dubitative à l'avance, mais là, j'ai trouvé que l'humour et le sérieux se mélangeaient extrêmement bien et c'est pour moi la grande force du récit, avec le personnage de Salomon.


Mon avis est en intégralité :
Lien : http://allaroundthecorner.bl..
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Au matin de la Pâque juive (Pessah), Salomon se réveille seul dans son lit. Sa femme Sarah est morte depuis deux mois.
« Sarah que j'ai aimée chaque jour davantage depuis notre rencontre, un amour façonné au rythme des rides se creusant, gravé dans nos chairs comme un sillon qui prolonge le regard. Ses yeux bleus et ses longs cils dont Samuel a hérité. »

Ce soir, il devra accueillir ses deux filles, leurs maris et enfants, transmettre une fois de plus aux jeunes générations les rites du Seder ( témoignage de la sortie d'Egypte du peuple juif).
A cette perspective, il revit ces soirées des années précédentes avec Sarah et projettent ainsi ce qu'il ne manquera pas de se produire.
« Toute la Knesset était représentée dans la salle à manger. »
L'an dernier, il y avait même une correspondante allemande d'origine turque, amie de sa petite fille.

Les blagues concentrationnaires de Salomon, seul rescapé de sa famille lors de la Shoah sont du plus bel effet.
Mais de cela, on en parle difficilement. L'humour est une armure.
« Est-il seulement possible de faire le deuil d'une plaie mémorielle? »

L'ambiance est toujours explosive lors de ces nuits familiales. Si Denise est devenue radieuse depuis qu'elle a épousé le séfarade Pinhas, elle n'en reste pas moins brimée par son agressive soeur, Michelle.
« Les verres d'alcool de Denise répondaient aux cris de Michelle. »

Les adolescents, enfants de Michelle, oscillent entre intérêt et opposition. Les années se suivent et se ressemblent sauf que, cette fois, Sarah sera absente.

Joachim Schnerf construit un roman instructif sur les rites de la Pâque juive, y glissant les émotions subtiles de ses personnages. Derrière l'humour grinçant et sa force apparente, Salomon cache cette blessure intime de rescapé des camps et cette douleur de vieil homme veuf réduit à la solitude et au manque cruel de l'être aimé. Un roman sensible et intéressant.
Lien : https://surlaroutedejostein...
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Une homme, Salomon, a perdu sa femme Sarah d'un cancer, deux mois plus trad, à la veille de Pessah, la Pâque juive, il revit le passé, nous dévoilant ainsi les caractère de ses deux filles, bien différentes l'une de l'autre, leurs maris, et les deux enfants de l'une. Il revoit sa femme, sa tendre aimée et ne sais comment il va vivre cette fête sans elle. C'est touchant, car c'est un roman qui parle du deuil, de l'amour, l'auteur essaye quelques points d'humour, mais j'avoue que je n'ai pas été transcendée par cette lecture. Bien loin de là même. A regret, je suis peut être passée à côté lorsque je lis toutes les éloges à son sujet, les prix qui lui sont dédiés !
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Il y a des romans qui passent à la trappe sur le blog, faute de temps pourtant Cette nuit est un roman d'une grande sensibilité. ~~~
Un vieil homme, au matin de Pessah, la Pâques juive, se replonge dans son histoire et dans l'intimité de sa famille (avec des portraits hauts en couleur). C' est drôle (ce fameux humour juif qui bascule parfois dans ce que le vieil homme/narrateur appelle lui même l'humour concentrationnaire, une façon pour lui de mettre à distance un passé qui le hante mais un humour qui suscite pas mal d'incompréhension de ses proches) et émouvant (pour la première fois Salomon s'apprête à vivre cette nuit sans sa femme, Sarah).
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Le roman d'une nuit mais surtout d'une vie. Salomon a survécu à l'horreur, l'horreur des camps, il y a perdu ses parents mais il en est revenu et a ensuite rencontré Sarah, l'amour de sa vie. Ils s'aimeront jusqu'au départ de Sarah laissant Salomon perdu. S'apprêtant à vivre son premier Pessah sans elle, il se prépare en attendant sa famille que Sarah savait gérer. Il y a Michelle la cadette enragée terrorisant sa soeur ainée, Denise discrète, sensible et noyant les angoisses des repas de famille dans l'alcool et son mari qui compose avec les crises de sa femme et évacuant ses angoisses aux toilettes. le mari de Denise lui se fait plutôt discret lors des réunions de famille ne voulant jeter d'huile sur le feu. Alors Salomon se demande comment cette nuit sans sa femme va se dérouler car elle était le chef d'orchestre de la famille.

Salomon va donc pendant cette attente se souvenir avec tendresse et amour des moments passés avec sa femme. Nous allons donc vivre à travers ses souvenirs, les instants importants de leur vie et faire connaissance de ses proches sans qu'ils ne soient présents. le deuil et l'absence sont abordés tout au long de notre lecture et on ne peut qu'être touché par cela. Un personnage attachant avec sa famille loufoque porté par une plume sincère et juste des touches d'humour amenées par Salomon évoquant avec dérision son enfer dans les camps.

Un roman profondément humain nous rappelant par bribes les drames vécus par les communautés juives au fil des siècles, abordés par un personnages haut en couleur avec une certaine dérision. Je suis ravie de cette découverte grâce à la sélection du prix, double découverte avec celle de la maison d'Éditions Zulma dont j'ai aimé la mise en page et la couverture qui donne envie d'ouvrir le livre.
Lien : https://leslecturesdemamanna..
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