La couverture montre trois jeunes garçons s'apprêtant à sauter dans l'eau. On ressent la joie, l'insouciance… Ne vous fiez pas à cette illustration qui ne reflète aucunement l'atmosphère, lourde, pesante, poisseuse, limite angoissante du récit. «
Les Survivants » est en effet un roman sombre, traversé d'éclats de lumière, qui traite de culpabilité et de pardon.
Nils, Benjamin et Pierre, trois frères, sont en route vers la maison familiale pour respecter les dernières volontés de leur mère, y répandre ses cendres dans le lac bordant la ferme, berceau de leur enfance. Un voyage éprouvant pour la fratrie qui, pour chacun d'entre eux, a vécu un événement traumatisant, quelques vingt-cinq ans plus tôt, dans ce même endroit.
On les suit durant cette journée de retrouvailles de manière antéchronologique, avec des chapitres entrecoupés de flashbacks où les trois frères étaient encore enfants/adolescents. Cela va s'avérer être le moment propice pour chacun d'exorciser leurs traumatismes…
C'est un roman envoûtant, et mélancolique sur les traumatismes de l'enfance et leurs répercussions dans nos vies d'adultes. Servi par un style d'écriture remarquable, cette plongée dans la psyché de trois frères, qui chacun à leur façon, cherchent à échapper au poids de l'héritage familial, ne laisse pas indifférente.
On sent cette famille se déliter peu à peu, pour quelles raisons ? Des évènements refoulés, des secrets familiaux, le récit se déroule, lancinant, sombre, troublant… Jusqu'aux toutes dernières pages le lecteur ignore ce qui se cache derrière ce flou, mais il ressent un malaise grandissant et comprend peu à peu que la famille de Benjamin est dysfonctionnelle : au fil du récit, on devine au gré des détails disséminés par ci par là, des parents démissionnaires, buvant beaucoup trop, un père tantôt tendre ou bien violent et une mère caractérielle, à l'humeur des plus fluctuante, qui peine à exprimer ses sentiments à ses enfants, en manque d'amour maternel.
L'alcoolisme des parents est d'ailleurs un marqueur fondamental de leur enfance sans pour autant n'être jamais véritablement nommé, et puis il y a les préférences indéniables pour l'aîné des trois garçons, Nils, le plus doué à l'école et à qui on passe tout.
L'auteur suédois Alex Shulman, parvient à installer une ambiance angoissante – principal atour du roman - autour des thématiques du refoulement d'évènements traumatisant sur le plan psychologique. L'autre grande réussite de ce roman «
Les Survivants » c'est ce final qui révèle un secret auquel on ne s'attendait pas !
Un premier roman fort, avec une construction à rebours très habile, bien que déstabilisante au début pour le lecteur.
Alex Schulman analyse très finement les relations de la fratrie jusqu'à cette révélation - tardive - du drame qui explique l'ambiance délétère au sein de la famille. On retiendra avant tout cette atmosphère si singulière du roman, entre drame et introspection.
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