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Anne Karila (Traducteur)
EAN : 9782226483560
304 pages
Albin Michel (03/01/2024)
3.84/5   49 notes
Résumé :
Un père divorcé et sa jeune fille, un couple en crise, une femme hantée par une énigme insondable : cinq passagers apparemment étrangers les uns aux autres, une même destination, Malma. Tandis que le paysage de la Suède défile par la fenêtre du train, souvenirs enfouis et images affluent, comme autant d'éléments de la quête qui les lie intimement et qui semble prendre sa source dans de vieilles photos dont l'un d'eux a hérité. Mais que vont-ils chercher dans cette p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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« le noir est d'une clarté cristalline, comme il l'est peut-être toujours, à l'instant de sa vie où l'on se rencontre soi-même ».

Il me semble que ce roman est précisément noir mais d'une clarté cristalline. C'est exactement comme cela que je ressens ce livre, une noirceur cristalline. Et cette citation du livre résume tellement bien finalement tout le roman, obsidienne triphasée dont les faces s'illuminent alternativement, taillée et polie lentement sous nos yeux jusqu'à la pierre précieuse d'ensemble, à la toute fin. Et depuis ma lecture, le livre désormais refermé, je ne cesse de penser à l'aura et au magnétisme que dégage cette pierre.

« Prochain arrêt », ce livre du suédois Alex Schulman parle d'un train vous l'aurez compris, d'un arrêt dans une gare bien particulière mais également d'un arrêt sur image. Ce train remonte le temps comme peuvent le faire les photographies qui captent et figent le passé. Henriet, Oskar et Yana tels sont les protagonistes principaux qui ont droit alternativement à un chapitre formant une valse à trois temps, trois temps qui se répètent et se rythment. Trois passagers a priori étrangers les uns aux autres, dans un train, à destination de Malma.

Ce livre pourrait faire penser au délicat livre japonais « Au prochain arrêt » de Hiro Harikawa, roman choral lui aussi où focus est fait sur certains passagers d'un train, chaque chapitre étant consacré à un arrêt de la ligne Imazu. Un chapitre, une gare, un personnage dont le lecteur partage les pensées, la vie, les failles intimes, et observe avec lui les personnes croisées dans ce même train. du moins celles qui attirent justement l'attention.
Ici cependant, au fur et à mesure de l'avancée du train où les chapitres défilent comme les paysages suédois, s'éclairent progressivement les liens qui unissent ces trois protagonistes ainsi que la raison de ce voyage. Les paysages défilent, encadrés par le contour des fenêtres comme autant de clichés sans cesse mouvants, propices à la rêverie, à la remontée des souvenirs, à l'assoupissement, à l'engourdissement. Ce train se dirige vers Malma, c'est surtout un voyage dans le passé, comme si le glissement du train sur les rails permettait de remonter le temps. Destination plus temporelle que géographique donc.
Surtout le livre est plus noir, plus féroce sous ces airs anodins…C'est un huis-clos oppressant qui se joue dans ce train reliant Stockholm à Malma, au sud de la Suède.

Et hasard des lectures, alors que mon livre lu précédemment (Les seize arbres de la Somme du norvégien Lars Mytting) parlait d'un photographe, me voilà embarquée dans un train avec un autre passionné de photographie, façon là encore de figer le passé et de voir la vie sous un autre angle.
« Harriet dirige l'appareil photo vers lui, l'observe dans le rectangle, les couleurs y sont plus intenses, le vert des plantes plus lumineux, le ciel derrière papa plus bleu qu'en réalité, comme si elle regardait à l'intérieur d'un conte. »

C'est mon libraire préféré qui m'avait conseillé ce livre avec son enthousiasme habituel. Il m'avait vanté la subtilité de la trame narrative. « Vous verrez, nous nous demandons quels liens entretiennent ces personnes, si le train est le même à chaque chapitre, si l'époque est la même, c'est flou, l'auteur se joue de nous et peu à peu tout s'éclaire avec brio ». C'est vrai, mais j'avoue avoir vite compris qui était qui, relativement aux autres, il m'aura fallu trois chapitres pour le deviner. J'ai ainsi été surprise, j'imaginais la trame narrative plus subtile, plus fine et plus complexe, même si je reconnais une approche très originale pour raconter une tragique histoire familiale. Alex Shulman dévoile progressivement, au moyen de cette structure à trois temporalités, les différents éléments permettant de comprendre la façon dont les destins se mêlent, s'enlacent, se séparent et ce à travers les époques. C'est tout de même bien vu mais pas si centrale me semble-t-il. Disons que ce n'est pas ce que je retiens avant tout du livre.

Non, ce qui pour moi a été déterminant est la façon dont est abordé un thème délicat, celui de l'enfance broyée par les parents même, du fait de leurs paroles, de leurs actes, de leur irresponsabilité parfois, puis des séquelles de cette enfance laminée sur ses propres enfants. Alex Schulman aborde avec beaucoup de délicatesse et un ton très singulier les thèmes classiques de la transmission, de la mémoire familiale, du poids des secrets.

Si le rôle des parents dans notre construction n'est pas à démontrer, s'ils peuvent être à l'origine de nos maux une fois devenus adultes, toute la question, centrale, est de savoir comment y remédier au risque de tomber dans une certaine forme de plainte éternelle, de nombrilisme ou de ce qui peut être considéré par nos proches de narcissisme, nous coupant d'avec les autres, nous isolant. A l'image de ce mari qui hurle, désespéré, à sa femme dont une grande part est restée figée dans l'enfance à se débattre avec certains fantômes : « Je ne veux pas que tu m'expliques pourquoi tu vas mal ! Je veux que tu fasses quelque chose pour y remédier ! ».

« Comme la vie doit être simple, de cette manière, il y a toujours une réponse, tout a une explication ! On n'est jamais soi-même coupable de rien, on est seulement victime des erreurs ou des manques d'autrui ».

Sauf que la façon d'y remédier est souvent un long chemin de croix. Comment se défaire de nos traumatismes d'enfance, et de ceux des générations passées ? Comment briser une telle chaine, un peu à l'image d'un train, un train familial, dans lequel chaque génération rajouterait un wagon supplémentaire et donc un poids de plus ? Comment éviter que certains éléments traumatiques se répètent ?
Le personnage féminin central du livre, qui n'arrive pas à s'en sortir, m'a émue aux larmes. Il faut dire que l'auteur a une plume très particulière. Il sait distiller ce qu'il faut de malaise pour créer une gêne, une angoisse latente, nous donnant irrésistiblement envie de découvrir ce qui va arriver au prochain arrêt, car nous le sentons, là se cache une clé d'explication de leur mal-être. Alors les chapitres s'enchainent avec rythme telles les images du paysage dans un train à grande vitesse.


Avec une impressionnante finesse et une grande sensibilité, l'auteur suédois, au moyen d'une structure narrative originale, raconte la noirceur de l'âme humaine, son incompréhensible besoin d'obscurité qui le dispute à son insaisissable besoin de sécurité, ses psychoses sous-jacentes et la transmission intergénérationnelle. J'ai été très impressionnée par son analyse de la psychologie des personnages. Ce livre a souvent vibré en moi tant la plume de l'auteur sait utiliser de belles métaphores simples et belles pour dire l'indicible. Un livre fort réussi.


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Plusieurs personnages sont à bord d'un train allant de Stockholm à Malma, une petite ville au sud de la Suède. On comprend que ces personnages sont à bord du même train, mais pas à la même époque. Un père et sa fille voyagent à l'époque de la guerre du Vietnam ; un couple en crise à l'époque de la destruction des tours jumelles du World Trade Center. Peu à peu les liens qui unissent ces personnages vont apparaître. ● Non seulement coexistent ces différents plans temporels, mais au sein de chacun d'eux il y a des retours en arrière, des souvenirs qui se percutent les uns les autres. ● Je dois dire que tout cela est assez nébuleux, je ne suis pas sûr d'avoir tout compris dans le détail. ● le scénario de base semble assez simple mais l'auteur a pris plaisir à tout compliquer à l'extrême. ● La lecture n'est pas somme toute désagréable mais j'ai été dérangé par le côté gratuit et artificiel de cette complexité. A la fin, qui est assez abrupte, on se dit : tout ça pour ça…
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Les trois héros traversent la Suède à bord du même train, de Stockholm à Malma, à plusieurs années d'intervalle. Les wagons symbolisent le voyage temporel, bercent les protagonistes et les mènent à se souvenir, les chaos des rails les ramenant parfois brutalement à la réalité. Les traumatismes d'hier influent sur aujourd'hui et demain, comme le suggère l'auteur avec beaucoup de finesse, s'appesantissant brillamment sur la psychologie troublée de ses héros (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2024/01/04/prochain-arret-alex-schulman/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Un train en destination de Malma (Malmö), en Suède.
À bord de ce train, un photographe prénommé Bo et sa fille, un couple en crise et une jeune femme.
Puis on se rend compte qu'il y a en réalité trois voyages, espacés l'un de l'autre d'une vingtaine d'années.
La fillette, c'était Harriet. le jeune couple, encore Harriet accompagnée de son mari Oskar. Et la jeune femme est Yana, la fille d'Harriet et Oskar.
Yana, qui a retrouvé chez son père de vieilles photos, veut comprendre le comportement fantasque de sa mère.

Original, déroutant, un brin dérangeant, Prochain arrêt est le second roman de l'auteur suédois Alex Schulman.
Cette lecture m'a donné envie de découvrir son précédent titre, Les survivants.

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Après avoir lu son premier roman "Les survivants", j'étais curieuse de découvrir ce deuxième opus.

La construction est assez originale. On découvre plusieurs personnages, embarqués dans le même train en partance pour Malma, un village du nord de la Suède. On ne sait pas quel est leur lien, s'ils vont faire le voyage ensemble ou si ils ont effectué le trajet à une période différente. Il y a Harriet et son père, Oskar et sa compagne et enfin Yana.

Assez rapidement, j'ai découvert le lien qui unissait ces cinq personnages. L'auteur distille avec parcimonie des éléments de leur histoire, que l'on devine douloureuse et teintée de non-dits. Comment grandir auprès d'un père divorcé, qui aurait préféré obtenir la garde de votre soeur? Comment construire une histoire d'amour équilibrée quand on a connu tant de souffrances enfant? Comment se construire quand soudainement on est privé de l'amour d'une mère, auprès d'un père indifférent et silencieux?

Si le récit souffre de quelques longueurs, j'ai aimé me plonger dans cette atmosphère particulière de la campagne suédoise mais aussi des secrets de famille. Peu à peu, on assemble les pièces du puzzle, on comprend, on ressent de la colère, de l'étonnement, de l'empathie, de la tristesse. le personnage d'Harriet m'a beaucoup touchée. J'ai eu envie de la prendre dans mes bras, de lui murmurer à l'oreille qu'elle était belle et digne d'être aimée, que la vie pouvait lui réserver un peu de bonheur. On retrouve chez l'auteur ce thème des failles parentales et des non-dits, qui font tant de dégâts chez les enfants. Un roman à découvrir.
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critiques presse (2)
LaPresse
26 mars 2024
En attendant, on ne boude pas son plaisir en se délectant de ce casse-tête pas si complexe, mais de belle qualité.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LeFigaro
13 février 2024
Le romancier suédois conte une nouvelle histoire de famille déréglée à travers cinq personnages qu'il place dans le même train.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Debout dans l'ombre de son père, sur le quai, elle le voit plisser les paupières dans le soleil bas du matin. Ils attendent. Elle guette les signes d'agacement dans son regard et dans ses gestes. Aujourd'hui, elle est particulièrement attentive, car c'est pour elle qu'ils font ce voyage, elle se sent donc redevable envers lui. C'est à cause d'elle que papa est là, sur ce quai, à cause d'elle la chaleur, à cause d'elle l'heure matinale, le retard du train, elle est responsable de tout ce qu'il doit endurer dorénavant, et lui se tait, indéchiffrable.
(Incipit)
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Sa place est juste à côté des toilettes, une petite file d'attente s'est immédiatement formée tout près d'elle, trois, quatre, cinq personnes qui ont besoin de faire pipi. Elle sort l'album, le pose sur ses genoux. Elle aimerait être tranquille pour regarder les photos, mais elle est incommodée par les voyageurs qui attendent pour aller se soulager. Leurs vessies pleines, à hauteur de son visage, leur urine, si près. Elle se lève et part.
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Une seule et unique fois dans la vie, on se rencontrera soi-même, et cet instant, celui-là seulement, sera le plus heureux ou le plus amer de notre vie.
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Videos de Alex Schulman (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alex Schulman
Extrait du livre audio "Les Survivants" d'Alex Schulman lu par Mathieu Buscatto. Parution CD et numérique le 6 juillet 2022.
https://www.audiolib.fr/livre/les-survivants-9791035410186/
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