Que dire à propos de
Tarja, cette adolescente de 16 ans, rêveuse à la dérive, à la recherche de l'absolu ou de l'oubli dans à peu près tous les bras masculins de son collège (l'équivalent du lycée en France) ?
L'oubli d'elle-même d'abord, mais aussi de ses parents représentatifs d'un microcosme genevois où tout se sait et tout doit se taire. L'oubli de la perte de sa meilleure amie, Jessica. L'oubli des graffitis sur les murs de son collège, puisqu'ils la désignent et qu'ils l'humilient, comme de ce groupe Facebook : « Si toi aussi tu penses que
Tarja est une salope ».
Il lui reste Léon, son meilleur ami,
Albert Einstein aussi, son repère, et son prof de français, Bastien C., qui pourrait l'aimer enfin. Alors
Tarja s'enveloppe dans les mélodies de Maximilian Hecker ou d'
Elliott Smith et voyage dans sa tête. Mais l'imaginaire ne peut que perdre contre la réalité.
Surtout quand Tarja découvre qu'elle est enceinte.
Ce roman n'est pas aussi grand public que le suggère son classement parmi les livres pour ados. Il traite en effet d'un processus assez méconnu, la dissociation. C'est aussi, paradoxalement, ce qui le rend oppressant et palpitant. le point de vue de
Tarja oscille au gré de ses rêves éveillés, c'est elle, l'héroïne, qui se dessine et entraîne le lecteur vers un dénouement inattendu. Dans ce sens, j'estime les objectifs de l'auteur atteints : il sait immerger ses lecteurs dans le cerveau de son héroïne et leur faire passer un message, terriblement d'actualité.