Un roman qui se cherche
Les phrases d'accroche avaient tout pour me séduire : « Ils ont tué ma mère. Ils ont volé mon nom. A moi de les réduire en cendres ». Je m'attendais alors à un pur roman de fantasy, style "Reine de Cendres" d'
Erika Johansen. Que nenni ! J'aurais dû d'ailleurs me méfier car la trop grande similitude entre les titres (Ash Princess signifiant « Princesse de Cendres ») ne présageait rien de bon tant j'avais adoré le roman d'
Erika Johansen. Et cela s'est confirmé tout au long de ma lecture qui a été une suite de montagnes russes entre du bon et du beaucoup moins bon.
Parlons, tout d'abord, du moins bon comme cela ce sera fait. Comme je le disais, la couverture, les phrases d'accroche et le résumé vous donnent tout de suite l'idée d'un bon gros roman de fantasy. A l'instar d'une pub des années 80, on se doit pourtant de dire qu'Ash Princess « c'est doré comme de la fantasy, son nom sonne comme de la fantasy… mais ce n'est pas de la fantasy »… du moins pas exclusivement car on y trouve une sacrée dose de Young Adult mais en couche bien bien épaisse. Et ça, ça ne l'a pas fait du tout du tout avec moi. L'histoire d'amour entre Thora et le prince Søren, les tergiversations amoureuses de l'héroïne qui ne sait pas qui choisir entre Søren ou Blaise, moi cela me fait penser direct à "Hélène et les garçons". Franchement, ma chérie, ton peuple est en train de mourir, t'as quand même autre chose à penser que de te demander lequel te fait le plus d'effet. Globalement, ces passages qui traînent en longueur d'amourettes indécises, ça m'a vraiment agacé pour ne pas dire plus. Bon je dois aussi avouer que le côté angelot de Søren avec ses boucles blondes qu'on croirait qu'il sort d'une pub « Head & Shoulders », ça a un peu décrédibilisé le personnage à mes yeux.
C'est d'autant plus regrettable que l'intrigue en elle-même est plutôt intéressante et certains procédés sont vraiment bien trouvés. Dans le désordre, quelques exemples :
- la présence des Ombres est assez originale. On éprouve une sensation flippante à se dire que Theodosia semble condamnée à être constamment surveillée. La seule chose, un peu surprenante, c'est de constater que le subterfuge trouvé par ses camarades pour jouer le rôle de ces Ombres n'ait pas été découvert à un moment ou un autre.
- le personnage du Kaiser porte particulièrement bien son nom. Odieux avec son épouse, l'étrange reine Anke, il est d'une perversité sans nom qui rappelle nombre de personnages de "Game of Thrones". Il aime la violence, a le goût de la torture et possède un côté libidineux assez détestable. A découvrir le récit de son mariage avec la Kaiserin qui restera dans les annales.
- la couronne de cendres (magnifiquement représentée sur la couverture que j'adore !) ainsi que les gemmes mériteraient presque à elles seules une adaptation cinématographique pour les voir en action.
- la relation entre Theodosia et son unique « amie », Cress, la fille du Theyn, par son côté « Je t'aime moi non plus », agace un peu au début du roman mais finalement trouve sa justification au terme de celui-ci. Les « soeurs » de coeur finissent pas devenir « soeurs ennemies » même si pour Theodosia, cette situation continue de rester un énorme dilemme.
Mes chouchous à moi
Pas vraiment des chouchous mais des personnages somme toute attachants : Erik, le comparse de Søren, qui pourrait bien surprendre dans la suite de cette saga, le personnage de Hoa dont on découvre le terrible secret à la fin du roman et, bien sûr, celui d'Elpis, cette gamine plein de courage et de dévouement vis-à-vis de sa reine. Je n'oublie pas la Kaiserin que l'on voit peu dans le roman mais qui impressionne dès qu'elle apparaît.
Ma tête à claques à moi
Mon choix ici n'est finalement pas aussi tranché que cela. J'aurais attribué le prix au personnage de Cress qui, dans les trois quarts du roman, agit comme une enfant gâtée puissance 10 000 au point que cela en devient presque exaspérant. Ses réactions de midinette dès qu'elle voit le prince Søren pointer le bout de son nez, ses attitudes de gamine jalouse quand elle croit percevoir un début de relation entre Theodosia et celui-ci, on finit par en avoir la nausée… jusqu'à la fameuse scène du cachot où le personnage enfin dévoile son vrai visage et se révèle à la hauteur d'un personnage de fantasy digne de ce nom. Ce serait sans doute l'unique raison pour laquelle je pourrais encore lire la suite de cette saga lorsqu'elle paraîtra car je suis très curieux de voir comment ce personnage va gagner en caractère et détermination. On pressent un personnage de méchante pas piqué des hannetons. Si en plus, elle pouvait faire la peau à Søren dans le tome 2, cela m'arrangerait.
Au final, un roman un peu trop inspiré à mon goût de celui d'
Erika Johansen sans pour autant lui arriver à la cheville. On espère que le tome 2 misera davantage sur la carte fantasy que sur celle des sentiments amoureux de ses héros car cela a donné à ce premier opus un côté un peu trop grand-guignolesque à mes yeux. Espérons que Cress nous sauvera du complet naufrage la prochaine fois.
J'oubliais ! Dernier reproche avant d'en finir, les titres des chapitres sont à mes yeux beaucoup trop explicites et gâchent un peu le plaisir de la découverte de l'intrigue.
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