AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Famot (01/01/1978)
5/5   1 notes
Résumé :
Nous n’avons pas encore dans notre base la description de l’éditeur (quatrième de couverture)
Ajouter la description de l’éditeur

Vous pouvez également contribuer à la description collective rédigée par les membres de Babelio.
Contribuer à la description collective
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Que lire après Grandes énigmes criminelles, tome 2 : Morts MystérieusesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Sébire & Boudin frappent fort dès le début en nous rapportant l'Affaire Jean Calas, condamné pour le meurtre d'un fils dont on n'a jamais réussi à prouver qu'il ne s'était pas réellement suicidé - et plus vraisemblablement parce qu'il appartenait à la Religion réformée. Ils reprennent les points essentiels de ce qui fut l'un des plus grands drames humains du XVIIIème siècle français et, là non plus, nous ne nous étendrons pas sur la question puisque l'affaire a soulevé très tôt bien des questions et même fait sortir Voltaire de sa retraire dorée en Suisse pour s'attaquer, avec cette fermeté et cette générosité de caractère qui étaient, elles aussi, des composantes de sa nature irritante, parfois impossible à la seule idée d'un bon mot - de préférence étincelant de méchanceté - à poser mais douée, nul ne le niera (sauf peut-être en ce qui concerne son théâtre) d'un génie littéraire à nul autre pareil.

Vient ensuite une affaire tout aussi célèbre : l'affaire Lafarge. Marie Lafarge a-t-elle véritablement empoisonné son mari en commençant par lui expédier, alors qu'il se trouvait en voyage d'affaires à Paris, un premier gâteau à l'arsenic ? En ce XIXème siècle obsédé par le progrès, l'arsenic et le laudanum sont des produits communément vendus sans ordonnance et tout le monde, absolument tout le monde, peut s'en procurer. de fait, Mme Lafarge a acheté de l'arsenic. Contre les rats, dit-elle à la police et maintient-elle à son procès. Sonne l'heure des expertises sur les viscères du défunt. de ce côté-là, il n'y a pas grande différence avec nos XXème et XXIème siècles en principe plus modernes : les experts ne sont pas d'accord. L'un dit blanc quand l'autre s'empresse d'affirmer que non, tout est noir. Survient le troisième qui, lui, soutient avec mépris que ses confrères sont deux imbéciles qui n'ont pas su distinguer le gris ni du blanc ni du noir. Molière aurait sans doute adoré mais, d'expertise contestée en conte-expertise tout aussi contestée, Mme Lafarge, en dépit des efforts d'un avocat qui est secrètement amoureux d'elle, sera condamnée à la prison perpétuelle. Elle y mourra d'ailleurs assez vite. Et il y a de grandes chances pour que cette femme ait été victime d'une erreur judiciaire.

Plus étonnante encore, l'affaire du Dr Couty de la Pommerais, accusé, puis condamné à mort pour avoir empoisonné son ancienne maîtresse, à laquelle il avait fait contracter un nombre impressionnant d'assurances-vie à son bénéfice. Sur les marches de l'échafaud, il nie encore et se dit victime d'une lamentable erreur judiciaire. Mais le lecteur reste assez perplexe.

L'affaire Steinheil est ici également évoquée. Avec le parcours quasi intégral de Meg Steinheil dont l'un des titres à la postérité est d'avoir causé - en tous cas favorisé - la mort du président Félix Faure, celui dont Georges Clemenceau remarqua à son décès : "En entrant dans le néant, il a dû se sentir tout de suite chez lui." Précisons, pour ceux qui l'ignoreraient, que, dans ces circonstances très officielles, Marguerite Steinheil, née Japy, n'usa que de ses charmes - et encore à la demande de Faure, dont elle était la maîtresse. Félix Faure prenait, dit-on, certains "produits" pour soutenir sa ... disons, sa virilité et le mélange aphrodisiaque-Meg Steinheil, ajouté aux cinquante-huit automnes de l'intéressé, fit le reste.

En fait, l'affaire Steinheil ici évoquée concerne la mort du mari de Mme Steinheil et celle de sa propre mère, Mme Japy, retrouvés tous deux raides comme des bâtons tandis que la maîtresse de maison était elle-même ligotée sur son lit. Mme Steinheil assura que des voleurs s'étaient introduits chez elle et qu'ils étaient responsables de ces décès. Peut-être. Elle eut quand même droit à un procès dont elle sortit ... acquittée. Ce qui lui permit d'épouser un gentilhomme anglais et de finir ses jours en pairesse, le 20 juillet 1954. Elle avait quatre-vingt-six ans. Toute le monde n'a pas la malchance d'une Marie Lafarge.

L'affaire Philippe Daudet met en scène le fils et le petit-fils d'Alphonse Daudet. le fils, c'est Léon, l'implacable pamphlétaire et grande personnalité de l'opposition que l'on sait. le petit-fils, c'est le tout jeune Philippe qui, de l'avis même de ses parents, souffrait d'une maladie nerveuse qui lui procurait parfois "des crises" - lointain héritage de la syphils du grand-père, peut-être ... Bref, les faits sont les suivants : un chauffeur de taxi, Charles Bajot, dépose son client, Philippe Daudet, déjà mort ou en tous cas déjà bien en vue du Styx et de l'Achéron, dans un grand hôpital parisien ; on découvre une blessure à la tempe du jeune homme ; on en conclut qu'il s'est suicidé - on ne sait trop pourquoi sur le moment. Mais Léon Daudet n'est pas d'accord et accuse ses ennemis politiques - et il en a beaucoup - d'avoir provoqué la mort de son fils. Affaire bien embarrassante à l'époque et sur laquelle on n'a pas encore fait toute la lumière.

Les auteurs n'ont pas oublié l'affaire Stavisky et ses suites "collatérales", la mort du Conseiller Prince. Dans l'un comme dans l'autre cas, les partisans du suicide et ceux de l'assassinat continuent à s'affronter ... Il s'agit de l'un des chapitres les plus prenants de ce deuxième tome, en tous cas pour ceux qui s'intéressent en particulier à L Histoire, car elles ont pesé sur le destin d'une IIIème République qui finissait dans la déliquescence la plus absolue, comme notre Vème actuelle ... A bien y regarder, l'affaire Philippe Daudet participe elle aussi de l'Histoire de la IIIème.

Beaucoup moins connue est la mort de Jacques Rumèbe, encaisseur pour la société qui l'employait et dont on retrouva le cadavre, dans un état de décomposition assez avancé, chez le Dr Bougrat, lequel avait combattu avec lui lors de la Grande guerre et le soignait pour une maladie chronique. C'est là une histoire qui laisse le lecteur fortement dubitatif. Deux versions s'affrontent mais, au début, il est clair que le Dr Bougrat a menti. Et, s'il a menti une fois ... A lire au calme et en notant au besoin tous les détails. En plus, un médecin qui laisse un cadavre pourrir dans le mur de son appartement, franchement, ça ne fait pas très sérieux ...

Enigme également au Métro Porte-Dorée, avec le cadavre poignardé de Laetitia Toureaux, belle jeune femme qui était montée dans un wagon de 1ère classe absolument vide. Poignardé ... mais par qui ? Car, que l'on reprenne les faits d'une façon ou d'une autre, techniquement, personne n'a pu entrer dans ce wagon entre le moment où Laetitia s'y est assise et celui où la rame s'est arrêtée. Un assassin fantôme, alors ? ... Quoi qu'il en soit, un flou certain entoure la vie - et les moyens d'existence de la jeune femme. Vu l'époque, certains ont dit qu'elle aurait appartenu à la Cagoule et que la célèbre et mythique organisation l'aurait "liquidée" parce qu'elle en savait trop. Bien entendu, rien ne fut prouvé ...

A la toute fin, vous trouverez, à vingt ans de distance, deux morts de jeunes femmes là encore, deux morts qui, malgré les différences, notamment de pays, se ressemblent étrangement. Et puis ce qu'il est convenu d'appeler l'Affaire Mattei, du nom d'Enrico Mattei, dit aussi, dans les années cinquante, "le tsar du pétrole" italien. Affaire très connue sur laquelle je vous abandonne. Sans vouloir justifier ce décès prématuré, je dirai de Mattei que, à trop jouer avec le feu, on se brûle ...

Si vous avez aimé le premier tome de la série, vous aimerez aussi le second. Pour le troisième, on en parle plus tard. Si vous le voulez bien. ;o)
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (2) Ajouter une citation
L'Affaire Philippe Daudet.
[...] ... Le 20 novembre, en quittant ses parents (auxquels il a pris un peu d'argent), le jeune Philippe Daudet prend le train pour Le Havre, y couche deux nuits de suite, à l'Hôtel Bellevue. Il s'enquiert du prix de la traversée pour le Canada, renonce à ce projet, essaie d'acheter une arme, se voit opposer un refus.

Le 22, il rentre à Paris. Avant de quitter Le Havre, il a écrit une lettre qu'il adresse à ses parents et qui contient ces phrases : "Mes parents chéris, pardon, pardon, pour la peine immense que je vous ai faite. Je ne suis qu'un misérable et un voleur (...) Quand vous recevrez cette lettre, je ne serai plus vivant." Puis il se ravise et déchire la lettre sans l'envoyer. Le tenancier de l'hôtel, M. Provis, intrigué par l'attitude du jeune homme, trouve la lettre, en reconstitue les morceaux. Ce qu'il en fait est l'objet d'une première controverse. M. Provis prétend avoir caché le document et l'avoir envoyé au juge d'instruction, quelques mois plus tard ; Léon Daudet pense que M. Provis l'a communiqué à la Sûreté et que, dès son arrivée à la gare Saint-Lazare, Philippe est désormais filé par la police ...

En tous cas, une fois à Paris, il se rend au siège du journal anarchiste Le Libertaire, se présente (en cachant sa véritable identité) comme un jeune militant disposé à commettre n'importe quel attentat pour la cause. Parmi les personnalités qu'il se dit prêt à abattre, figurent le président de la République Millerand, Raymond Poincaré et ... Léon Daudet.

Pourquoi cette incroyable démarche ? Pour Vidal, le directeur du Libertaire, il est clair que Philippe Daudet est bel et bien devenu anarchiste et qu'il s'est suicidé pour échapper aux rigueurs de sa famille. Cette thèse fera bien des sceptiques, même parmi les partisans du suicide : M° Noguères, dans sa plaidoirie pour Bajot [= le chauffeur de taxi ayant déposé Philippe Daudet à l'hôpital], attribue le comportement de Philippe Daudet à son désarroi intérieur plutôt qu'à une quelconque conviction politique. Enfin, pour Léon Daudet et pour L'Action française, il n'y a que deux hypothèses : ou les propos prêtés à Philippe sont pur mensonge ; ou il a voulu infiltrer les milieux anarchistes pour mieux les combattre. Au début de 1923, un leader de L'Action française, Marius Plateau, avait été assassiné par un anarchiste. D'où l'affirmation de M° de Roux dans sa plaidoirie : "Il est mort pour avoir essayé de protéger, par des moyens puérils, la vie de son père." ... [...]
Commenter  J’apprécie          30
L'Affaire Steinheil.
[...] ... Que peut-on lire dans la déposition de Rémi Couillard ? Et dans le carnet d'observations des premiers policiers du quartier Saint-Lambert qui sont arrivés impasse Ronsin ?

Lorsque le valet de chambre s'est approché du lit de Marthe Steinheil où gisait Marguerite, sa mère, il a aperçu, à côté d'elle, sur le drap, un tampon d'ouate sur lequel on ne releva jamais une seule trace de salive. Mme Japy, quant à elle, avait un tampon d'ouate dans la bouche, profondément enfoncé.

Adolphe Steinheil était étendu par terre, un cordonnet autour du cou, les jambes repliées sous lui. A quelques trente centimètres du cadavre, Couillard a trouvé un alpenstock - c'est-à-dire une canne ferrée de montagne - inconnue de tous les familiers de la maison. Quant au cordonnet qui a servi à étrangler Adolphe Steinheil et sa belle-mère, il provient de l'intérieur de la maison ; il s'agit du cordon de tirage, Rémi Couillard et la maîtresse de maison l'identifieront très facilement.

Aucune trace d'effraction ni d'escalade. Seulement un certain désordre dans la maison. Il ne semble pas, à première vue, qu'un vol ait été commis.

Un gant de femme sur un meuble du salon. A côté, un billet de cinquante francs. Rien de très inquiétant ...

Un fait particulier, toutefois : une bouteille d'encre violette est renversée par terre. Et, tous les quelques pas, une tache de la même encre violette, jusque sur l'édredon du lit de la pauvre Mme Japy. ... [...]
Commenter  J’apprécie          30

autres livres classés : affaire staviskyVoir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs (3) Voir plus



Quiz Voir plus

Au Moulin Rouge

Le Moulin-Rouge, fondé en 1889, est situé sur le boulevard de Clichy dans le 18e arrondissement, quartier:

Montparnasse
Pigalle
Les Halles

10 questions
61 lecteurs ont répondu
Thèmes : Paris (France) , cabaret , moulin rouge , nuits blanches , danse , culture générale , littérature , peinture , cinema , adapté au cinémaCréer un quiz sur ce livre

{* *}