Les affaires de la IIIe République 1871 - 1940

La proximité entre milieux d'affaire et personnel politique a toujours existé, et malheureusement perdure, quelque soient les commissions mises en place pour s'assurer de la probité des membres l'appareil d'État. La troisième République de 1871 à 1940 ne départ pas de ce triste constat. Au contraire, la liste des scandales qui ont rythmé la vie politique de la période est des plus importante.

Le plus connu d'entre eux est l'affaire Stavisky, escroc sa vie durant et générateur de troubles à sa mort. Stavisky d'abord gigolo, séducteur de vieilles dames fortunées pour mieux les dépouiller de leurs bijoux, avait fini par monter plusieurs escroqueries à base de cavalerie financière, sollicitant l'épargne publique en promettant beaucoup, pour rembourser les dettes passés et vivre fastueusement avec sa femme, ex-mannequin. Sa dernière escroquerie a été aidée par le député maire de Bayonne, qui lui a permis de mettre en place un mont de piété, qui escomptait des bons censés représenter des dépôts, mais en fait énormément majorés. Stavisky frayait avec le beau monde, était soutenu par le ministre de la justice, et voyait les dossiers judiciaires à son encontre, qui pourtant s'accumulaient, systématiquement classés, ou en tous cas terriblement ralentis. Retrouvé mort à Chamonix par la police, qui avait été tardivement lancée à ses trousses, l'hypothèse qu'il ait été assassiné pour éviter d'impliquer des ministres a été l'un des facteurs déclencheurs de la marche des ligues de droite vers l'Assemblée nationale le 06 février 1934, qui a failli réussir à mettre à bas le régime républicain.

Claude Dufresne détaille dans ce livre :
- les ventes de décorations, légion d'honneur et autres rubans, par Daniel Wilson, le gendre du président de la République Jules Grévy :
- le financement du canal de Panama version Ferdinand de Lesseps, échec technique qui a rempli les poches des intermédiaires véreux ayant placé ses titres, dont certains étaient proches de George Clémenceau (passé alors bien prés de voir sa carrière politique s'achever) ;
- le fichage et la mise à l'écart des officiers suspectés de monarchisme ou de catholicisme par l'entourage de ministres de la guerre radicaux et francs-maçons ;
- Marthe Hanau, banquière manipulant l'opinion, par politique et journaux interposés, pour doper la valeur des titres de ses entreprises. Elle a inspiré le film La Banquière avec Romy Schneider (sans doute bien trop belle pour le rôle) ;
- Joseph Cailleaux, pendant des décennies député ou ministre, très (trop) sûr de lui et attirant les escrocs à ses côtés. Sa femme a assassiné le directeur du Figaro qui avait révélé que Cailleaux était intervenu pour aider ses amis margoulins. Lui-même, tenant réel du pacifisme ou manipulé par des agents de l'Allemagne, a mené en totale discrétion et en l'absence de tout mandat officiel des démarches visant à une paix avec l'Allemagne en pleine première guerre mondiale et alors que celle-ci était de plus en plus acculée. Clémenceau l'a fait traduire en haute cour ;
- Albert Oustric, parti de nulle part pour diriger une banque avec le soutien de parlementaires duement rémunérés ;
- et le dernier la liste, mais pas le moins important, Alexandre Sacha Stavisky

Tous ces scandales, qui ont énormément fait vendre la presse de l'époque, n'ont pas franchement porté, ni entraîné de changement de pratiques. Ils ont surtout conduit à discréditer la troisième République et facilité le vote des pleins pouvoirs à Pétain, suite à défaite de la campagne de France en mai-juin 1940, et l'avènement du régime de Vichy.