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3,87

sur 245 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un cœur simple...
A priori sans rapport ici avec la nouvelle de Flaubert, l'idée d'un cœur simple a pourtant éclairé de son évidence ma lecture de cette "vie entière", longue existence d'un modeste montagnard autrichien, humble taiseux traversant le vingtième siècle dans le silence des épreuves sur lesquelles il ne posera que peu de mots.

A l'image de son anti-héros, l'auteur chemine vers l'essentiel, d'un trait sans tralalas ni fioritures mais d'une sensibilité pure. En toute sobriété il raconte l'homme et son irrémédiable attachement à sa montagne comme à la vie simple et rude qu'il déroule au fil des ans.

Un cœur simple mais pétri d'humanité pour ce bref et touchant roman.


Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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Andreas Egger naît presque orphelin, dans un village des Alpes autrichiennes, peut-être le 15 août de l'année 1898. Personne ne le savait vraiment et personne n'en avait cure. A 4 ans, il est recueilli par Kranzstocker, un membre éloigné de sa famille, qui a accepté le gamin à contre-coeur, la bourse remplie de quelques billets le dissuadant de le renvoyer manu-militari. Andreas était bon pour faire toutes les corvées de la ferme et le moindre manquement était prétexte à une raclée. L'une d'elle fut si forte qu'il en devint boiteux. de ses années d'enfance, il n'en garda que quelques bribes. A 29 ans, il avait juste assez d'argent pour affermer un petit terrain car il avait beau être infirme, il était courageux, fort et ne rechignait jamais à la tâche. A 35 ans, il découvre le chevrier Jean des Cornes, agonisant sur sa paillasse. Il tente de le ramener au village, situé à 3 kilomètres, sur son dos. Mais le vieil homme s'enfuit avant leur arrivée. Lorsque Andreas atteint le village, il va se requinquer à l'auberge. Un simple effleurement de la serveuse lui procure une douleur aiguë. Il était en train de tomber amoureux...

L'on suit une vie entière, celle d'Andreas Egger, enfant maltraité, qui construit son existence bon an mal an. Un toit, les montagnes à perte de vue, rien d'autre ne lui suffit. Travailleur, il fera carrière dans une entreprise qui construit des téléphériques. Autour de lui, le monde change: la guerre fera rage, la montagne sera envahie de touristes. Andreas, lui, ne changera pas. Homme de simplicité, profitant des petits bonheurs que la vie lui offre, surmontant les malheurs aussi, il vivait, tout simplement. Robert Seethaler dresse le portrait saisissant de cet homme, somme toute ordinaire et qui, pourtant, nous émeut. D'une simplicité rare et bouleversante, ce roman, sans être mélodramatique, relate une vie entière, certes rude, parfois triste mais avant tout profondément humaine et ancrée sur ses terres. Les mots sont pesés, le style sobre et poétique. Une très belle leçon de vie.
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150 pages pour une vie entière, celle d'Andreas Egger, né aux alentours de 1898, mort à l'âge de 79 ans. Orphelin à 4 ans, il est confié à un parent éloigné, fermier dans un village des Alpes autrichiennes. Celui-ci n'accepte de recueillir l'enfant que moyennant quelques espèces sonnantes et trébuchantes, et à condition que le gamin soit corvéable à merci. Cet homme brutal ne se privera pas non plus de battre Andreas à la moindre occasion, au point de le rendre boiteux.

A 18 ans, Andreas quitte la ferme et loue sa force de travail à qui en voudra. Dur à la tâche, se contentant de peu, il économise, s'achète un bout de terrain et retape la ruine qui s'y trouve.

Dans les années 30, Andreas se fait embaucher sur le chantier du téléphérique qui va ouvrir sa vallée sur le monde, ou l'inverse. A la même époque, il rencontre Marie, serveuse à l'auberge, et ils tombent amoureux.

Un toit, un travail, une femme qu'il aime et qui l'aime, une vue imprenable sur les montagnes, Andreas n'a besoin de rien de plus pour être heureux.

Puis il y aura un drame, puis la guerre. Andreas est envoyé sur le front dans le Caucase, avant d'être déporté en URSS (ses seuls voyages), où il restera prisonnier de longues années.

A son retour au village, il tentera de reprendre le cours de sa vie, mais les choses ont changé dans la vallée : l'agriculture et l'élevage ont été remplacés par le tourisme et l'hôtellerie, les flancs de sa montagne ont été défigurés par des pistes de ski. Mais Andreas va de l'avant : un homme doit « élever son regard, pour voir plus loin que son petit bout de terre, le plus loin possible ».

150 pages pour une vie entière, ç'aurait été peu pour raconter une vie riche d'exploits et d'aventures extraordinaires. Mais, sa vie entière, Andreas aura été un homme ordinaire et humble, pris comme tant d'autres dans les tourments de la Grande Histoire et dans les tragédies personnelles, et qui n'en fait pas tout un fromage. Simplicité, ténacité, dignité, l'amour d'une femme, du travail bien fait et de la montagne, c'est tout (mais c'est tellement) ce qui caractérise Andreas, qui vit, discret et solitaire, au rythme de la Nature, et qui observe avec perplexité les changements que celle-ci subit au nom du progrès et de la modernité.

A l'image de cette vie, l'écriture de R. Seethaler est faite de simplicité et de sobriété, d'intériorité entre les silences, de mélancolie et de tendresse. Une de ces écritures, poignante parce que dépouillée, qui s'efface devant la richesse des émotions qu'elle suscite.
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Une vie d'homme, tout simplement.
Du petit gamin orphelin, maltraité par un oncle montagnard à la mort de sa mère, au jeune colosse boiteux et amoureux de sa Marie, jusqu'aux années de vieillesse, Andreas Egger a été un homme de bien, infatigable au travail, conscient de ses devoirs de chef de famille et de travailleur appliqué à la tâche. Un homme malmené comme tant d'autres par les drames personnels, les années de guerre et la solitude, mais qui dégage une sérénité et une ténacité inépuisables.

En ce début de 20ème siècle, on voit l'expansion et le désenclavement des vallées autrichiennes par la construction de téléphériques et de sièges en bois incongrus pour transporter skieurs et matériels. Andreas, en cheville ouvrière, va accompagner Le Progrès dans ces régions montagneuses et rurales où le tourisme des sports d'hiver émerge.

Une vie d'homme faite de petits bonheurs et de grands malheurs, racontée avec une simplicité de ton narratif, dans le décor magnifique des Alpes autrichiennes. Certaines scènes sont extrêmement visuelles et créatives. On sent l'immensité du paysage, la beauté dangereuse des montagnes et la fragilité de l'homme.

Un livre pétri d'humanité et de sensibilité, lu d'une traite avec grand plaisir.
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"Une vie entière" ou le chemin du silence, de la droiture, le destin acharné d'un cœur simple incroyablement incarné pourtant!
Un homme taiseux, obstiné, humble et travailleur ou le destin pas si "minuscule"
D'Andréas Egger, lui qui a connu enfant les châtiments corporels : orphelin , recueilli à quatre ans par une brute dont les coups l'ont rendu boiteux....un destin conté d'une plume poétique par Robert Seethaler dont j'avais lu avec grand plaisir en 2014 :Le Tabac Tresniek".
Le lecteur découvre Andreas, un jour de février 1933,âgé de 29 ans, celui- ci gagne sa vie comme garçon de ferme ou homme à tout faire. Il tombe sur Jean Kaliscka le chevrier que les gens de la vallée appellent "Jean des Cornes"
, bien mal en point.Andreas le sangle dans sa hotte et entreprend de le ramener au village sous la neige qui tombe à gros flocons, avant que Jean ne lui file entre les doigts et ne disparaisse à jamais....Andreas continue sa route à son rythme et celui des saisons...Il croise Marie , la servante de l'auberge et lui demande sa main car un homme " doit pouvoir élever son regard, pour voir plus loin que son petit bout de terre, le plus loin possible..."

Il prend part à l'aventure des téléphériques qui vont ouvrir sa vallée à la modernité.Il survivra à une avalanche et à la guerre. Envoyé sur le front de l'est en 1942, dans les montagnes du Caucase, fait prisonnier dans un camp russe, il ne sera libéré qu'en 1951.Il rentre au pays, entreprend de devenir guide de montagne.
A son retour tardif, le maire n'est plus nazi et les géraniums remplacent les croix gammées aux fenêtres des maisons ....Les étables vidées de leurs bêtes abritent les skis des touristes....
Un bel ouvrage saisissant, dont le décor montagnard grandiose vous happe, un récit ciselé , à la fois sobre et simple, fin et affûté ou le rapport entre intériorité, silence et solitude est étroitement lié aux éléments, à la neige et à la terre, au souffle du vent, à la limpidité du ciel pur et froid, à la blancheur glacée des cimes ....tout ceci d'une beauté implacable , un homme seul, émouvant et digne, tout au long de sa vie .....
On ne peut s'empêcher de penser à l'œuvre " Derborence " du célèbre écrivain Suisse : Charles Ferdinand Ramuz à la beauté dépouillée qui figure dans ma bibliothèque.
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Une vie entière est encore meilleur que le tabac Tresniek et ce n'est pas peu dire. le héros de Robert Seethaler mène une vie somme toute banale d'homme ordinaire, sans intelligence ni curiosité particulières et c'est tout le talent du romancier autrichien que de nous le rendre proche avec sa prose empreinte de poésie, de mélancolie et de tendresse. Son nom est Egger, Andreas Egger, il est orphelin et confié à une brute épaisse qui rend son enfance douloureuse mais jamais il ne se plaint. C'est la vie, n'est-ce pas ? Mais sa chance est de côtoyer les alpes autrichiennes et de vivre au rythme de la nature. Employé au téléphérique en construction, homme simple et rugueux, il n'aura qu'un seul amour, emporté une avalanche. La deuxième guerre mondiale lui "offrira" le seul voyage de son existence dans le Caucase avec un long séjour en détention avant de revenir près de ses chères montagnes. Et le temps passera avec ses petites joies et quelques malheurs. Rien d'autre à signaler sur cet anonyme qui se contentera de vivre et d'observer d'un oeil circonspect les progrès de la civilisation. Très peu pour lui, Egger n'a besoin que d'un toit, d'un travail et de pouvoir contempler le passage des saisons en attendant "la femme froide", autrement dit la mort. Economie de mots, mais ceux-ci sont toujours justes et précis, sobriété pour conter l'histoire d'un homme dont les pas dans la neige sont depuis longtemps recouverts. Une vie entière est un roman magnifique et émouvant qui ne cherche jamais l'emphase ou le mélodrame. En cela, le portrait de cet homme quelconque et honnête est juste bouleversant.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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Robert Seethaler nous fait traverser le XXe siècle dans les pas de son personnage Andreas Egger.
A quatre ans, ce dernier se retrouve placé, chez son unique parent, un oncle violent qui ne saura que le battre à lui briser les os. Il va malgré tout grandir dans ces montagnes et découvrir par lui-même la vie. Il fera tous les métiers que ses bras forts peuvent accomplir. Il participera notamment à la construction des premiers téléphériques qui modifieront profondément le visage de la vallée et la vie de ses habitants.

Andreas Egger connaîtra quelques bonheurs et beaucoup de malheurs, mais restera droit et fidèle à la vie que naturellement il avait adopté.

C'est à la fois le parcours d'un homme, d'une génération et un monde qui change que l'on voit défiler sous nos yeux. Cette génération qui va connaître les guerres, les camps soviétiques, les malheurs et qui assistera à l'éclosion de la société des loisirs et verra même les premiers hommes marcher sur la lune.

L'écriture est douce, belle, on marche dans les pas de cet homme simple, on a froid avec lui, peur avec lui, on pleure avec lui et on s'émerveille devant cette nature magnifique.

C'est un très joli ouvrage, acheté à la librairie de Nantes, La vie devant soi . J'ai hâte de retrouver cet auteur pour de nouvelles histoires.
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Belle découverte grâce à la critique de Tynn sur Babelio. Roman court d'une longue vie. Celle d'Andreas, orphelin, qui sera envoyé dans un village de montagnes. C'est surtout ce sujet qui m'a touché. La modification de la roche pour en faire un site touristique avec trois téléphériques, l'avalanche, la neige, la vie de ce village transformé pour accueillir les touristes. La jolie histoire d'une vie entière d'un idéaliste, d'un homme simple qui va connaître une dure enfance, l'amour, le travail, la guerre, et bien sûr la montagne.
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Quelques instants suspendus en état de grâce par la beauté envoutante et simple de ce roman de Robert Seethaler.

Une vie entière c'est celle d'Andreas Egger, un homme qui a passé sa vie dans les montagnes d'Autriche hormis un long séjour en Russie, d'abord sur le front de l'Est , lors de la seconde guerre mondiale , puis dans un camp de prisonniers dans le Caucase.

Orphelin, battu par l'homme qui le recueille et qui le rendra boiteux, il construit son existence à force de persévérance , participant à la construction des téléphériques qui marque l'arrivée des touristes dans ce coin isolé de la montagne puis devenant guide de montagne .

Homme ordinaire mais déterminé , fidèle à ce qu'il aime : la simplicité d'une vie sans compromission , l'amour de sa femme, le plaisir du travail bien accompli, la beauté sauvage de la montagne .

Cette beauté n'est pas seulement autour de lui, elle est dans la profondeur de son être , sa déclaration d'amour à Marie est magnifique et profondément émouvante .

Tout ceci est exprimé avec une écriture elle même sobre , épurée comme l'air des montagnes avant les stations de ski .
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Voici un livre faussement simple; c'est plutôt un roman limpide, à l'image de son héros Andreas Egger qui depuis sa naissance en 1898, jusqu'à sa mort dans les années 80, a vécu une existence de travail et de solitude (à l'exception des courtes années que dura son mariage), et sans autre prétention que "d'avancer", de continuer sa route. Andréas n'est pas désespéré, il a connu quelques moments de bonheur, notamment pendant son mariage avec Marie, la jeune servante de l'auberge du village, disparue dans une avalanche quelques années avant la guerre. Il a souffert de la violence ou de l'indifférence des autres, de la guerre sur le front russe, de sa captivité dans un camp soviétique, et cela sans se plaindre, sans rien demander. En 1951, il rentre dans son pays, l'Autriche; son village est situé quelque part dans la montagne, un endroit que jamais il ne quittera plus. Car, la montagne, c'est son décor quotidien, il en connaît toutes les beautés et les rudesses. Il l'aime ainsi, et va désormais prendre sa part à la faire vivre dans la modernité.
Ce roman évoque remarquablement la solitude et l'intériorité d'un homme rude au coeur simple.
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