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Critique de beatriceferon


Il faut bien dire que la couverture de cet album a tout pour me plaire. Une toile de Claude Monet, un de mes peintres préférés, représente un superbe jardin public (Parc Monceau). Des promeneurs flânent dans les allées, mais, ce qui attire surtout le regard, c'est cet arbre majestueux, tout couvert de fleurs roses. Il y a de quoi donner envie de pénétrer dans le tableau, surtout lorsque, dehors, la pluie fouette furieusement les carreaux.
C'est sans trop de conviction que j'ai postulé pour ce livre, lors d'une opération Masse critique. Je pensais que mes chances étaient minces. Les amateurs seraient certainement nombreux. Et voilà que, quelques jours plus tard, le facteur déposait le paquet chez moi. Merci Babelio et les éditions Quæ.
Ce n'est pas une lecture facile et rapide. Il faut se donner le temps de découvrir les quatorze chapitres rédigés par différents auteurs porteurs de titres prestigieux : professeure d'écologie au Muséum d'histoire naturelle, directrice de recherches au CNRS, professeurs d'université... qui ont rassemblé leurs talents et connaissances sous la direction de Gisèle Séginger. Tous ont en commun leur intérêt pour la littérature. C'est pourquoi on trouve de nombreuses références à des auteurs tels Balzac, Zola, Jules Verne et d'autres au fil des pages. Les illustrations sont, elles aussi, riches et variées. On peut ainsi se rendre compte de l'évolution de certains quartiers entre l'époque traitée et nos jours.
Ce qui m'a le plus étonnée, c'est que l'accent était déjà mis sur l'importance de la nature et de la végétation. On découvre le soin apporté à la réalisation de parcs publics et jardins privés. Par exemple, des ouvrages d'art ont été construits pour pouvoir enjamber le fleuve. « Au niveau du Jardin des plantes, aucun pont ne permettait de traverser la Seine, ce qui obligeait à un large détour » et on imagine des parcs d'attraction qui proposent « des montagnes françaises, en réponse aux montagnes russes ouvertes l'année précédente à la Villa des Ternes ». Il n'est pas jusqu'aux cimetières qui se transforment en « parc[s] à l'anglaise aux allées accidentées, pourvues d'arbres et de plantes d'essences diverses » ce qui revient à l'ordre du jour aujourd'hui.
« Dès le milieu du XIXe siècle, les naturalistes créent des structures pour favoriser la biodiversité urbaine ». On croirait entendre un discours actuel, car, à l'époque déjà, on voit se multiplier les ruchers, bergeries, chenils, aquariums en pleine ville, alors qu'on a l'impression que, par la suite, on s'est ingénié à détruire cette richesse à coups de pesticides en tout genre.
Au milieu du siècle, Paris connaît un véritable engouement pour les aquariums et les illustrations montrent que ceux-ci n'avaient rien à envier à nos installations modernes . On voit également s'édifier des serres, toutes plus splendides les unes que les autres. « Balzac dote d'une serre chaude l'hôtel particulier de Raphaël de Valentin », Flaubert conduit Madame Bovary « dans une serre au château de Vaubyssard » et Zola « place à son tour une serre chez les Saccard ». le lecteur peut admirer (page 61) la représentation de « la véranda de la princesse Mathilde » par Sébastien-Charles Giraud. C'est un endroit fabuleux qui donne envie de s'y installer avec un thé et un livre. Je suis tout de même contente de ne pas y être préposée à l'arrosage !
Hélas, en feuilletant l'album, on se rend compte que la pollution n'est pas l'apanage de notre monde moderne. Un chapitre consacré à la Bièvre évoque les industries qui se développent le long de ses berges. Les latrines s'y déversent et « les nombreuses entreprises (…) transforment les eaux limpides en eaux fétides ».
En revanche, on prend conscience que certains beaux esprits rejettent la nature. Maxime du Camp « avait publié "Les Chants modernes" à la gloire du progrès (…) Il fait l'éloge de la vapeur, de la locomotive, de l'électricité, du gaz et de la vitesse. » On est ébahi de constater que les ouvrages d'anticipation se multiplient. Robida imagine « une cité sous-marine construite autour d'un casino et desservie par des "tubes" », la nature a disparu, la nourriture industrielle est « livrée à domicile à travers des tuyaux. Les transports aériens bouleversent ( …) la morphologie urbaine » et le ciel est « encombré d'aérostats, saturé de fils, de terrasses et d'embarcadères aériens ». Bref, un vrai cauchemar.
Le volume étant pris en charge par des auteurs différents, tous les chapitres ne m'ont pas intéressée de la même façon. Certains sont très techniques, l'écriture en est sèche et ardue. D'autres, au contraire, m'ont séduite, tel celui consacré à Zola. C'est un écrivain que j'admire. J'ai lu tous les volumes des Rougon-Macquart, mais pas les « Trois villes » évoquées ici, ce qui me donne envie de les découvrir.
Certes, je suis loin d'avoir abordé dans cette chronique tous les aspects de ce volume tant il est riche. Je l'ai découvert avec grand intérêt et j'ai appris de nombreuses choses que je ne connaissais pas.
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