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EAN : 9782759237203
144 pages
Quae (26/10/2023)
4.17/5   3 notes
Résumé :
Paris commence à se transformer dès le début du XIXe siècle. La métamorphose de la ville s'accélère sous le Second Empire grâce au baron Haussmann et à son ingénieur des jardins, Adolphe Alphand, dont l'œuvre se poursuit sous la Troisième République. Se développe une nature domestiquée le long des avenues, dans les squares et bois aménagés ou au cœur des hôtels particuliers. Les médecins hygiénistes, les philosophes, les artistes contribuent à l'émergence d'une nouv... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Il faut bien dire que la couverture de cet album a tout pour me plaire. Une toile de Claude Monet, un de mes peintres préférés, représente un superbe jardin public (Parc Monceau). Des promeneurs flânent dans les allées, mais, ce qui attire surtout le regard, c'est cet arbre majestueux, tout couvert de fleurs roses. Il y a de quoi donner envie de pénétrer dans le tableau, surtout lorsque, dehors, la pluie fouette furieusement les carreaux.
C'est sans trop de conviction que j'ai postulé pour ce livre, lors d'une opération Masse critique. Je pensais que mes chances étaient minces. Les amateurs seraient certainement nombreux. Et voilà que, quelques jours plus tard, le facteur déposait le paquet chez moi. Merci Babelio et les éditions Quæ.
Ce n'est pas une lecture facile et rapide. Il faut se donner le temps de découvrir les quatorze chapitres rédigés par différents auteurs porteurs de titres prestigieux : professeure d'écologie au Muséum d'histoire naturelle, directrice de recherches au CNRS, professeurs d'université... qui ont rassemblé leurs talents et connaissances sous la direction de Gisèle Séginger. Tous ont en commun leur intérêt pour la littérature. C'est pourquoi on trouve de nombreuses références à des auteurs tels Balzac, Zola, Jules Verne et d'autres au fil des pages. Les illustrations sont, elles aussi, riches et variées. On peut ainsi se rendre compte de l'évolution de certains quartiers entre l'époque traitée et nos jours.
Ce qui m'a le plus étonnée, c'est que l'accent était déjà mis sur l'importance de la nature et de la végétation. On découvre le soin apporté à la réalisation de parcs publics et jardins privés. Par exemple, des ouvrages d'art ont été construits pour pouvoir enjamber le fleuve. « Au niveau du Jardin des plantes, aucun pont ne permettait de traverser la Seine, ce qui obligeait à un large détour » et on imagine des parcs d'attraction qui proposent « des montagnes françaises, en réponse aux montagnes russes ouvertes l'année précédente à la Villa des Ternes ». Il n'est pas jusqu'aux cimetières qui se transforment en « parc[s] à l'anglaise aux allées accidentées, pourvues d'arbres et de plantes d'essences diverses » ce qui revient à l'ordre du jour aujourd'hui.
« Dès le milieu du XIXe siècle, les naturalistes créent des structures pour favoriser la biodiversité urbaine ». On croirait entendre un discours actuel, car, à l'époque déjà, on voit se multiplier les ruchers, bergeries, chenils, aquariums en pleine ville, alors qu'on a l'impression que, par la suite, on s'est ingénié à détruire cette richesse à coups de pesticides en tout genre.
Au milieu du siècle, Paris connaît un véritable engouement pour les aquariums et les illustrations montrent que ceux-ci n'avaient rien à envier à nos installations modernes . On voit également s'édifier des serres, toutes plus splendides les unes que les autres. « Balzac dote d'une serre chaude l'hôtel particulier de Raphaël de Valentin », Flaubert conduit Madame Bovary « dans une serre au château de Vaubyssard » et Zola « place à son tour une serre chez les Saccard ». le lecteur peut admirer (page 61) la représentation de « la véranda de la princesse Mathilde » par Sébastien-Charles Giraud. C'est un endroit fabuleux qui donne envie de s'y installer avec un thé et un livre. Je suis tout de même contente de ne pas y être préposée à l'arrosage !
Hélas, en feuilletant l'album, on se rend compte que la pollution n'est pas l'apanage de notre monde moderne. Un chapitre consacré à la Bièvre évoque les industries qui se développent le long de ses berges. Les latrines s'y déversent et « les nombreuses entreprises (…) transforment les eaux limpides en eaux fétides ».
En revanche, on prend conscience que certains beaux esprits rejettent la nature. Maxime du Camp « avait publié "Les Chants modernes" à la gloire du progrès (…) Il fait l'éloge de la vapeur, de la locomotive, de l'électricité, du gaz et de la vitesse. » On est ébahi de constater que les ouvrages d'anticipation se multiplient. Robida imagine « une cité sous-marine construite autour d'un casino et desservie par des "tubes" », la nature a disparu, la nourriture industrielle est « livrée à domicile à travers des tuyaux. Les transports aériens bouleversent ( …) la morphologie urbaine » et le ciel est « encombré d'aérostats, saturé de fils, de terrasses et d'embarcadères aériens ». Bref, un vrai cauchemar.
Le volume étant pris en charge par des auteurs différents, tous les chapitres ne m'ont pas intéressée de la même façon. Certains sont très techniques, l'écriture en est sèche et ardue. D'autres, au contraire, m'ont séduite, tel celui consacré à Zola. C'est un écrivain que j'admire. J'ai lu tous les volumes des Rougon-Macquart, mais pas les « Trois villes » évoquées ici, ce qui me donne envie de les découvrir.
Certes, je suis loin d'avoir abordé dans cette chronique tous les aspects de ce volume tant il est riche. Je l'ai découvert avec grand intérêt et j'ai appris de nombreuses choses que je ne connaissais pas.
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Très joli ouvrage, d'un format très agréable ( pas trop grand, donc facilement maniable) , avec une iconographie abondante, et éclairante. Il s'articule autour d'un certain nombre d'articles, chacun consacré à un aspect de la nature à Paris au XIX° siècle, par exemple, les parisiens à l'aquarium, les serres parisiennes, la rivière de la Bièvre, la pensée écologique d'Elisée Reclus dans le traitement de l'eau, ou la façon dont certains écrivains ( Huysmans, Zola) perçoivent, rêvent la nature à Paris.Les articles peuvent paraître plus ou moins intéressants, suivant les centres intérêts de chacun ( en ce qui me concerne, en grande "fan" de Zola, j'ai particulièrement apprécié la lecture de l'article consacré au roman Paris , de Zola, moins connu que ses romans de la série des Rougon-Macquart) , mais ils apportent un éclairage intéressant sur cette période charnière dans l'histoire de Paris que représente le XIX° , comme le montre par ailleurs l'historien Christophe Charle, dans un ouvrage que je lis en parallèle , " Paris, " capitales" des XIX° siècles".
Chaque article est rédigé par un universitaire spécialiste du domaine, et c'est peut-être là la limite de l'ouvrage, car certains articles supposent qu'on ait déjà une bonne connaissance du cadre historique que représente ce XIX° siècle foisonnant, et on peut être freiné dans sa compréhension par le caractère allusif de certains propos. Mais l'ouvrage , en mettant en évidence le caractère décisif de certains choix du passé, invite par là-même à se projeter dans le futur , et à alerter sur la façon dont Paris va pouvoir, va devoir, négocier le tournant du changement climatique, et ce n'est pas là son moindre intérêt.
Livre lu dans le cadre d'une opération Mass Critique : merci à Babelio de sa confiance ..
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Très intéressant ouvrage que cette étude de "la vision écologique" du Paris du XIXe siècle. La mise en chapitres est bien conçue, les propos sont clairement exposés, à la fois savants et abordables. On apprend beaucoup et la ville actuelle est mieux comprise. Seul petit regret, la petite taille des documents qui auraient gagné à être mieux vus. Beau livre des Editions Quae reçu dans le cadre de la Masse Critique
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