Citations sur Leïlan, Tome 1 : Les yeux de Leïlan (19)
Le masque sur le visage mystérieux se releva tout seul : une amalyse le composait. Korta fut subjugué. Elle en profita pour envoyer un rapide coup de talon entre les jambes du soi-disant vainqueur et un autre dans sa tête. Il s'effondra sous la douleur sans même pouvoir lâcher un cri. Elle avait réussi ! Savoir sacrifier pour vaincre, une leçon qu'elle savait utiliser à bon escient.
- Je ne me serais jamais permis l'affront de ne point vous croire, déclara-t-il tout admiratif.
- Vous auriez tort. Il ne faut jamais croire les gens sur parole. Seule la vérité que l'on voit est bonne.
Du brouillard, du silence, de l'obscurité et des odeurs immondes : cela suffisait à l'imagination populaire pour créer des légendes à dormir debout. Ce n'étaient que des contes effrayants pour enfants indisciplinés.
Brutalement, le loup lui fonça dessus par-derrière et lui happa la cheville. Déséquilibré, Axel s'écroula de tout son long et fit voler le morceau de chemise.
Un instant surpris, il observa l'animal : la gueule se fendit encore dans un rictus de satisfaction. Décidément, ce loup intelligent avait un tempérament joueur qu'il manifestait à ses dépens ! Poussant un cri offensif et levant les bras au ciel, Axel se redressa pour lui faire peur. Le loup s'éloigna en gambadant, la chemise dans la gueule. Son attitude fit sourire le jeune homme. Il se prit au jeu et un chassé-croisé endiablé s'engagea pour l'appropriation de la chemise.
Cette sincérité, qui ne se préoccupait plus de la dignité de son rang ni de celle de son sexe, laissa un moment la princesse sans voix, trop émue pour prononcer le moindre mot. Elle trouva toutes les larmes de femmes bien insignifiantes.
Lorsqu'ils sont princes, les hommes se battent, mais une fois rois, la couronne devient aussi lourde que leurs festins. Si je suis le brigand que vous dites, pourquoi ne vous ai-je jamais vu devant moi ?
(dixit le Masque au roi de Leïlan).
- Je te croyait bandit et non justicier ! Mais ce mensonge ne te sert à rien, je n'aurais jamais laissé un seul de mes sujets maltraiter des enfants. La seule fois où le duc d'Alekant en a ramené au palais, ce n'étaient que des orphelins, par ta faute, pour lesquels il allait chercher des parents !
Voilà ce dont la royauté se nourrissait : mensonges éhontés, fables inventées et malheurs cachés.
Les Fées n'étaient censées qu'influencer des choix de vie. Jamais, au grand jamais, Axel n'avait pensé qu'elles pouvaient imposer un avenir ! Et encore moins, qu'elles puissent rester impuissantes à la mort de celle qu'elles lui avaient destinée !
Là où je vis, chacun a le droit de parler ou de se taire. Jerry m'a appris qu'il ne faut jamais poser des questions, mais savoir se contenter d'attendre les réponses. C'est le point d'or de son éducation.
(dixit le Masque à Axel, un peu trop curieux).
Ce ne fut que lorsque la viande fut cuite qu'il pointa sa truffe ; il s'approcha en rampant sur le sol, la chemise dans la gueule, fouettant les herbes folles de sa queue fournie.
La position était si comique pour un animal sauvage qu'Axel ne put s'empêcher de rire. Surpris et vexé, le loup se leva d'un bond pour s'éloigner. Ses yeux fendus, aussi brillants que des flammes, imposèrent le silence. Axel se tut et contempla le susceptible animal.