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EAN : 9782818014356
192 pages
P.O.L. (01/10/2011)
3.57/5   23 notes
Résumé :
Si un poète écrit sur une catastrophe à la veille d'un événement désastreux, ce n'est pas un hasard.
Si le récit d'une catastrophe débute immanquablement par la veille, ce n'est pas un hasard. Chronique tenue du 10 mars au 30 avril 2011, sur la superposition des images, la mémoire des villes, le hasard, la temporalité de la description et les noms propres qui surgissent, fantomatiques, lors d'une catastrophe.
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
L'auteur nous livre une chronique quotidienne sur deux mois, qui commence la veille de la catastrophe nucléaire de Fukushima. Elle apprend la nouvelle, là, à Paris, où elle vit depuis plusieurs années. D'abord par les réseaux sociaux et les médias, puis en se réunissant avec un petit groupe d'amis japonais installés à Paris. On découvre peu à peu, au fil des jours, l'importance du carnage. L'inquiétude monte également à la pensée des proches restés au Japon. A travers ce journal, elle nous livre ses réflexions, son ressenti sur les différences de perceptions du désastre, en France et au Japon. Mentalités et cultures différentes, perceptions du monde radicalement différentes. C'est cette différence entre les deux peuples qu'elle va tenter de comprendre, sans jugement, juste en constatant les faits. N'y tenant plus, alors que tous les étrangers essayent de quitter l'archipel, elle va retourner chez elle, ici, à Tokyo, pour prendre le « pouls » de la situation et retrouver famille et amis. Elle y découvrira l'ampleur du désastre, outrageusement véhiculée par les médias. Son introspection nous permet de prendre conscience, par le prisme de notre culture, de notre fragilité et la précarité de nos existences, face à ces catastrophes que l'on ne peut maîtriser.
L'écriture est subtile dans un style épuré, comme souvent avec les auteurs japonais. Pourtant tout est dit !
Un livre que je recommande vivement.
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Lorsqu'un tremblement de terre, suivi d'un terrible tsunami a frappé le Nord du Japon, le11 mars 2011, l'auteur, linguiste, traductrice, poétesse; qui écrit en français et se partage entre la France et le Japon, se trouvait à Paris........

Pressée par un sentiment d'urgence, elle se met à écrire ou plutôt à "transcrire".
Elle se fait "chroniqueuse"," au jour le jour ", recueille les paroles des uns et des autres, les" voix"qui s'échappent des médias, en n'épargnant pas le gouvernement ainsi que les journalistes à la Télé ou dans la Presse écrite.

Elle s'interroge sur la "temporalité, la peur, l'angoisse indicible, le désarroi, , une "mémoire " de la catastrophe même si celle-ci ne lui appartient pas..........
Comment les artistes en viennent t-ils comme "par hasard" à anticiper une catastrophe.?

Pourquoi cette tentation de superposer les images de Hiroshima et celles de Fukushima ?

En décrivant les faits, en nous livrant son ressenti, elle montre comment les Japonais ont réagi qu'ils vivent au Japon, à l'étranger ou sur le site de la catastrophe ...
Vivre un drame à distance n'est pas simple et trois semaines plus tard lorsqu'elle rejoint sa famille et sa ville natale : Tokyo, comment se réconcilier avec une ville blessée, en quête de solidité ?
La chronique poignante de ces jours sombres passés à partager les doutes et les angoisses de son peuple est aussi une réflexion intense sur l'écriture!
Sa réflexion lucide et sans concession, grâce à un style tout en dépouillement et simplicité tient de la sidération, du chagrin et de l'espoir.
Un beau livre; dans la sobriété, le questionnement fertile, une chronique sur le vif qui rappelle que ce n'est pas un hasard.
Essai lu dans la cadre d'une future rencontre avec l'auteur, à la médiathèque de la ville , en novembre .
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Installée en France depuis de nombreuses années, l'autrice Ryoko Sekiguchi apprend via Facebook qu'un violent séisme a secoué le Japon, on est le 10 mars 2011. Commence aussitôt une veille qui durera des semaines et où elle et ses amis japonais - tous plus ou moins dans la littérature ou le cinéma - se retrouveront régulièrement pour partager les dernières nouvelles et s'exprimer sur leur ressenti d'expatriés, ainsi que sur les difficultés à accepter autant les réactions française que japonaise à cette catastrophe.
Ryoko tient le journal de ce mois où tout a basculé, entre la puissance du séisme qui a provoqué des milliers de morts et l'accident nucléaire de Fukushima qui s'en est ensuivi. Très vite, le lien est fait avec Hiroshima et ses radiés.
A travers les propos de différentes personnalités japonaises, l'autrice s'interroge sur son propre statut, sur l'identité du Japon et la politique autoritaire qui y règne.
Ce livre est avant tout une chronique au jour le jour, qui se termine à son retour du Japon où elle est allée passer quelques jours peu de temps après le séisme. Elle n'a pas de réponse à apporter sur sa peur de l'avenir, sur ce que cette catastrophe va changer de manière durable, ou non.
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Comment écrire sur la catastrophe ?

Poétesse passionnée de littérature et de cuisine, Ryoko Sekiguchi habite à Paris et écrit en Français. Elle a notamment publié aux éditions Argol en 2012 deux petits livres hautement recommandables, «L'astringent» et «Manger fantôme», qui évoque en conclusion la zone fantomatique établie après le désastre.

Fukushima a été une ligne de rupture pour de nombreux artistes japonais, à l'instar de Kenzaburô Ôé qui s'est remis à écrire. Happée à l'intérieur de la catastrophe malgré la distance, rivée aux images de son écran de télévision de manière obsessionnelle, Ryoko Sekiguchi a ressenti ce besoin d'enregistrer et d'énumérer les faits sous forme de chronique, à partir de la veille du désastre et pendant 49 jours, entre le 10 mars et le 30 avril.

«Étrange sensation, quasi schizophrénique, qu'il y a à se trouver dans un lieu si opposé à la réalité qui nous assaille.»

En contrepoint au récit de l'écrivain français installé au Japon, Michaël Ferrier, qui a eu envie d'écrire par îlots ou fragments après le désastre («Fukushima, récit d'un désastre» - éditions Gallimard, 2012), Ryoko Sekiguchi, également entre les deux cultures, rend compte de l'effet de la distance des deux côtés : elle est projetée dans les événements qui se déroulent là-bas, consigne leurs conséquences en chaîne souvent inattendues et se retrouve, comme tous les japonais, au centre des débats et des discours en France et ailleurs, avec les clichés sur le Japon et les japonais qui ressurgissent et pèsent comme des pierres.

«Être une minorité, c'est devenir l'objet des discours, de toutes sortes de discours que l'on peut faire sur vous. C'est être l'objet de ces regards que l'on se sent autorisé à porter sur vous.
Après une telle déferlante de commentaires dans les medias internationaux, le statut du Japon s'en trouvera-t-il déplacé ?»

Elle mène aussi une réflexion sur l'effet des images, sur le langage et la question de la temporalité pour dire une catastrophe durable, presque interminable.

«Pourquoi les témoignages des sinistrés, qui ont indiscutablement traversé une épreuve extrême, sonnent-ils faux alors même que ces mots doivent exprimer au plus près leurs sensations les plus intimes ?»

Cette chronique écrite au moment des événements n'est pas exempte de défauts mais réussit, dans un style extrêmement dépouillé, à capturer l'angoisse et la sidération, comme William T. Vollmann avait pu le faire, en se rendant sur place, dans «Fukushima, dans la zone interdite» (éditions Tristram, 2012). Haruki Murakami avait aussi su rendre remarquablement ce sentiment diffus et durable qui contamine après la catastrophe dans son recueil de nouvelles, «Après le tremblement de terre» (2000)

«La catastrophe semble en passe de devenir notre quotidien.»

Retrouvez cette note de lecture, et toutes celles de Charybde 2 et 7 sur leur blog ici :
https://charybde2.wordpress.com/2015/05/14/note-de-lecture-ce-nest-pas-un-hasard-ryoko-sekiguchi/
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Ce livre a été écrit par une poétesse, traductrice d'autres poètes japonais, qui écrit aussi en français. Elle se partage entre le Japon et la France, mais s'est rendue également dans des endroits sensibles de la planète.
Elle tient le journal de la catastrophe, pas seulement la catastrophe naturelle, mais la catastrophe nucléaire. Elle écrit avant, pendant, mais pas vraiment après puisqu'au moment où se clôt le livre, la catastrophe et ses conséquences sont loin d'être terminé. Une auteur qui lui est proche n'écrit-elle pas sur la troisième génération après Hiroshima ?
Ryoko Sekiguchi nous livre son ressenti, au jour le jour, les comparaisons qu'elle ne voulait pas faire mais qu'elle a été amené à faire, à cause de l'évolution de la situation. Elle montre comment les japonais ont réagi, qu'ils vivent au Japon, ailleurs que sur le site de la catastrophe, ou à l'étranger. Elle n'épargne pas le gouvernement, non plus que les journalistes, à la télévision ou dans la presse écrite, qui prennent des libertés avec la vérité (voir la mauvaise traduction des paroles des survivants).
L'auteur met en lumière ce qui émerge après une catastrophe de cette ampleur, que ce soit le meilleur ou le pire. Celui-ci n'apparaît pas majoritairement au Japon, ces réactions, qu'il faut bien qualifier de racistes, vont du couple mixte dont le mari ne veut plus jamais se rendre dans le pays d'origine de sa femme (combien de divorce à venir ?) ou de l'homme qui ne veut plus s'asseoir à côté d'une japonaise – au cas où.
Ryoko Sekiguchi s'interroge aussi sur les conséquences littéraires de cette catastrophe. Elle invite, et elle n'est pas la seule, Kenzaburo Oé, le premier à avoir parlé d'Hiroshima, à écrire sur ce sujet. Elle pense que d'autres pourraient relever le défi. Elle se demande aussi comment commencer sa carrière d'écrivain après cette catastrophe.
Une chronique sur le vif à méditer.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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critiques presse (1)
Lhumanite
17 janvier 2012
De la veille du séisme à son séjour à Tokyo pour le Printemps des poètes, [Ryoko Sekiguchi] tient la chronique de la sidération, du chagrin et de l’espoir. Un beau livre pour rappeler que non, « ce n’est pas un hasard ».
Lire la critique sur le site : Lhumanite
Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
Le livre quantifie le temps, il le rend pour ainsi dire concret. Sans cet instrument, l'attente s'éternise, le temps se dilue. Pour ma part, je ne peux pas concevoir de me retrouver où que ce soit sans livre. Même si je ne peux pas me concentrer, si je n'arrive pas à lire, le seul fait d'en avoir un sous la main, que je pourrai ouvrir au besoin, m'apaise.
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"14 Mars: Shintaro Ishihara, le maire de Tokyo, un réactionnaire notoire, clame que "l'identité" des Japonais est souillée par l'égoïsme. Les tsunamis sont là pour la purifier............ C'est un "châtiment " céleste ."
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J'apprends que dans le centre de rétention administrative de Shinagawa et dans celui d'Ushiku, département d'Ibagari, les détenus ont été enfermés à clef - une aberration en cas de secousse. Il s'agirait d'une consigne interne. La loi autorise à libérer le détenus pour les évacuer en lieu sûr. Il semble même que certains quartiers de la prison n'aient pas été tenus informés du tremblement de terre. Ils ont subi la secousse, la peur, sans avoir d'explication. Les gardiens, eux, portaient un casque; pas les détenus.
Il ne s'agit pas de criminels; juste de sans-papiers. A Ushikku en particulier, ce sont des rescapés de toute espèce, victimes de persécutions dans leur pays d'origine, réfigiés arrivés alors qu'ils étaient mineurs, pères de famille...
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Les catastrophes naturelles, à la rigueur, on pouvait y être confronté. Pour les Japonais, elles sont toujours sur la liste des risques à envisager. Aux Etats-Unis aussi, d'ailleurs, dont certaines régions sont régulièrement frappées par les tornades ou les inondations. La catastrophe nucléaire, en revanche, nous ne l'avions pas davantage envisagée comme une option pour les Occidentaux. Et bien que nous ayons assisté comme tout le monde à la catastrophe de Tchernobyl, nous pensions que c'était les autres, pour les pays "mal gérés", "pas tout à fait développés" en quelque sorte. Plus que la crainte d'être réellement touchés par la radioactivité japonaise, moins probable qu'avec Tchernobyl du fait de la distance, je crois que la terreur des Européens aujourd'hui est due au fait qu'ils savent qu'ils devront désormais compter l'accident nucléaire parmi les risques réels, eux aussi.
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Le Japon tel que je l'ai connu dans mon enfance au début des années 1970, était un pays pollué. Je pense que cette image devait être partagée à l'étranger.

Quand il faisait beau et chaud, il ne fallait pas mettre le nez dehors à cause des alertes au smog photochimique.

On chantait la chanson de celui qui devient chauve sous l'eau de la pluie.
En cours de géographie, on apprenait surtout le nom des zones industrielles. Les procès de la maladie de Minamata, constatée 20 ans auparavant, étaient loin d'être terminés.

Il y avait encore d'autres maladies causées par la pollution, comme l'asthme de Yokkaichi, ou la maladie itai-itai, dite maladie "aïe-aïe", causée par une intoxication massive au cadmium déversé dans une rivière servant à irriguer les rizières. Les procès étaient en cours. La mémoire était encore vive.

Je ne sais plus à quel moment on a oublié que le Japon était un pays souillé. La jeunesse française, amatrice du Japon des mangas, n'avait sans doute pas cette image, du moins jusqu'au 11 mars dernier.
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Vidéo de Ryoko Sekiguchi
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