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Citations sur Chants d'ombre (12)

Femme nue, femme noire
Vêtue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté
J'ai grandi à ton ombre; la douceur de tes mains bandait mes yeux
Et voilà qu'au cœur de l'Eté et de Midi,
Je te découvre, Terre promise, du haut d'un haut col calciné
Et ta beauté me foudroie en plein cœur, comme l'éclair d'un aigle


Femme nue, femme obscure
Fruit mûr à la chair ferme, sombres extases du vin noir, bouche qui fais
lyrique ma bouche
Savane aux horizons purs, savane qui frémis aux caresses ferventes du
Vent d'Est
Tamtam sculpté, tamtam tendu qui gronde sous les doigts du vainqueur
Ta voix grave de contralto est le chant spirituel de l'Aimée


Femme noire, femme obscure
Huile que ne ride nul souffle, huile calme aux flancs de l'athlète, aux
flancs des princes du Mali
Gazelle aux attaches célestes, les perles sont étoiles sur la nuit de ta
peau.


Délices des jeux de l'Esprit, les reflets de l'or ronge ta peau qui se moire

A l'ombre de ta chevelure, s'éclaire mon angoisse aux soleils prochains de tes yeux.


Femme nue, femme noire
Je chante ta beauté qui passe, forme que je fixe dans l'Eternel
Avant que le destin jaloux ne te réduise en cendres pour nourrir les
racines de la vie.
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Neige sur Paris

Seigneur, vous avez visité Paris par ce jour de votre naissance
Parce qu’il devenait mesquin et mauvais
Vous l’avez purifié par le froid incorruptible
Par la mort blanche.
Ce matin, jusqu’aux cheminées d’usines qui chantent à l’unisson
Arborant des draps blancs
- " Paix aux Hommes de bonne volonté ! "
Seigneur, vous avez proposé la neige de votre paix au monde divisé, à l’Europe divisée
A l’Espagne déchirée et le Rebelle juif et catholique a tiré ses mille quatre cents canons contre les montagnes de votre Paix.
Seigneur, j’ai accepté votre froid blanc qui brûle plus que le sel.
Voici que mon cœur fond comme neige sous le soleil.
J’oublie
Les mains blanches qui tirèrent les coups de fusils qui croulèrent les empires Les mains qui flagellèrent les esclaves qui vous flagellèrent
Les mains blanches poudreuses qui vous giflèrent, les mains peintes poudrées qui m’ont giflé
Les mains sûres qui m’ont livré à la solitude à la haine
Les mains blanches qui abattirent la forêt de rôniers qui dominait l’Afrique,
au centre de l’Afrique
Droits et durs, les Saras beaux comme les premiers hommes qui sortirent de vos mains brunes.
Elles abattirent la forêt noire pour en faire des traverses de chemin de fer
Elles abattirent les forêts d’Afrique pour sauver la Civilisation, parce qu’on manquait de matière première humaine.

Seigneur, je ne sortirai pas ma réserve de haine, je le sais, pour les diplomates qui montrent leurs canines longues Et qui demain troqueront la chair noire.
Mon cœur, Seigneur, s’est fondu comme neige sur les toits de Paris

Au soleil de votre douceur
Il est doux à mes ennemis, à mes frères aux mains blanches sans neige
A cause aussi des mains de rosée, le soir, le long de mes joues brûlantes.
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Le totem

Il me faut le cacher au plus intime de mes veines
L’Ancêtre à la peau d’orage sillonnée d’éclairs et de foudre
Mon animal gardien, il me faut le cacher
Que je ne rompe le barrage des scandales.
Il est mon sang fidèle qui requiert fidélité
Protégeant mon orgueil nu contre
Moi-même et la superbe des races heureuses…
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Tu es son épouse, tu as reçu le sang sévère et le tribut de sang peul.
O sangs mêlés dans mes veines, seulement le battement nu des mains!
Que j'entende le chœur des voix vermeilles des sang-mêlé!
Que j'entende le chant de l'Afrique future!
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Femme, pose sur mon front tes mains balsamiques, tes mains douces plus que fourrure.
Là-haut les palmes balancées qui bruissent dans la haute brise nocturne
A peine pas même la chanson de nourrice.
qu'il nous berce, le silence rythmé.
Écoutons son chant, écoutons battre notre sang sombre, ecoutons
Batre le pouls profonds de l'Afrique dans la brume des village perdus
Voici que décline la lune lasse vers son lit de mer étale
Voici que s'assoupissent les éclats de rire, que les conteurs eux-même
dodelinent de la tête comme l'enfant sur le dos de sa mère
Voici que les pieds des danseurs s'alourdissent, que s'alourdit la langue des chœurs alternés .
C'est l'heures des étoiles et de la Nuit qui songe
S'accoude à cette colline de nuages, drapée dans son long pagne de lait.
si confidentiels, aux étoiles ?
dedans, le foyer s’éteint dans l'intimité d'odeurs âcres et douces.
femme, allume la lampe au beurre claie, que causent autour les ancêtres comme les parents, les enfants au lit.
écoutons la voix des ancêtres d'Elissa. Comme nous exilés
ils n'ont pas voulu mourir, que se perdît par les sables leur torrent séminal.
que j’écoute, dans la case enfumée que visite un reflet d'ames propices
ma tête sur ton sein chaud comme un dang au sorti du feu et fumant
que je respire l'odeur de nos Morts, que je recueille et redise leur voix
vivante, que j'apprenne à vivre avant de descendre, au-delà du plongeur, dans les hautes profondeurs du sommeil.
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Que nous répondions présents à la renaissance du monde, tel le levain nécessaire à la farine blanche.

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SPLEEN ( poème perdus)
je veux assoupir ton cafard, mon amour,
Et l'endormir,
Te murmurer ce vieil air de blues
Pour l'endormir.

C'est un blues mélancolique,
Un blues nostalgique,
Un blues indolent
En lent.

Ce sont les regards des vierges couleur d'ailleurs,
L'indolence dolente des crépuscules.
C'est la savane pleurant au clair de lune,
je dis le long solo d'une longue melopée.

C'est un blues melancolique,
Un blues nostalgique,
Un blues indolent
En lent.
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Le retour de l’enfant prodigue
(woï pour une kora)

À JACQUES MAGUILÊN SENGHOR,
MON NEVEU.



II

Je récuse mon sang en la tête vide d’idées, en ce ventre
      qu’ont déserté les muscles du courage.
Me conduise la note d’or de la flûte du silence, me
      conduise le pâtre mon frère de rêve jadis
Nu sous sa ceinture de lait, la fleur du flamboyant au front.
Er perce pâtre, mais perce d’une longue note surréelle
      cette villa branlante, dont fenêtres et habitants sont
      minés des termites.
Et mon cœur de nouveau sous la haute demeure qu’a
      édifiée l’orgueil de l’Homme
Et mon cœur de nouveau sur la tombe où pieusement
      il a couché sa longue généalogie.
Il n’a pas besoin de papier ; seulement la feuille sonore
      du dyâli et le stylet d’or rouge de sa langue.
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Chants d’ombre (II)



LE MESSAGE
extrait 2

Le Prince a répondu. Voici l’empreinte exacte de son discours
« Enfants à tête courte, que vous ont chanté les kôras ?
Vous déclinez la rose, m’a-t-on dit, et vos ancêtres les Gaulois.
Vous êtes docteurs en Sorbonne, bedonnants de diplômes.
Vous amassez des feuilles de papier – si seulement des louis
     d’or à compter sous la lampe, comme feu ton père aux doigts
     tenaces !
Vos filles, m’a-t-on dit, se peignent le visage comme des
     courtisanes
Elles se casquent pour l’union libre et éclaircir la race!
Êtes-vous plus heureux ? Quelque trompette à wa-wa-wâ
Et vous pleurez aux soirs-là-bas de grands feux et de sang.
Faut-il vous dérouler l’ancien drame et l’épopée ?
Allez à Mbissel à Fa’oy ; récitez le chapelet de sanctuaires
     qui ont jalonné la Grande Voie
Refaites la Route Royale et méditez ce chemin de croix et
     de gloire.
Vos Grands Prêtres vous répondront : Voix du Sang !
Plus beaux que des rôniers sont les Morts d’Élissa ;
     minces étaient les désirs de leur ventre.
Leur bouclier d’honneur ne les quittait jamais ni leur
     lance loyale.
Ils n’amassaient pas de chiffons, pas même de guinées
     à parer leurs poupées.
Leurs troupeaux recouvraient leurs terres, telles leurs
     demeures à l’ombre divine des ficus
Et craquaient leurs greniers de grains serrés d’enfants.
Voix du Sang ! Pensées à remâcher !
Les Conquérants salueront votre démarche, vos enfants
     seront la couronne blanche de votre tête. »

J’ai entendu la Parole du Prince.
Héraut de la Bonne Nouvelle, voici sa récade d’ivoire.
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Les paupières closes, coupe double et sources scellées.
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