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3,8

sur 632 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Lire et continuer de découvrir Luis Sepúlveda en espagnol est un vrai bonheur !
Publié pour la première fois en 1989, Mundo del fin del mundo (Le Monde du bout du monde), est un roman court (150 pages tout au plus) mais dense qui nous plonge d'abord dans l'univers référentiel de Moby Dick pour nous emmener en fait dans la lutte de Greenpeace contre les navires pirates prédateurs de baleines.

Les personnages sont travaillés tout en finesse malgré leur profils stéréotypés : jeune homme rêveur, journaliste free-lance, loups de mer et leurs équipages... C'est un univers masculin où les femmes sont juste porte-parole ou correspondante.
Le narrateur plonge dans ses souvenirs d'enfance et d'adolescence au Chili puis de victime de la dictature de Pinochet et d'exilé en Allemagne pour nous présenter son activité actuelle de journaliste d'investigation spécialisé dans les problèmes écologiques et son difficile retour au pays. Son premier voyage répond à l'appel du sud « la llamada del sur » pour aller à la rencontre des bateaux baleiniers, vivre à sa manière l'épopée du capitaine Ahab, le héros de Melville ; c'est un voyage initiatique dont il revient grandi, mature et armé pour ses choix de vie futurs. Son second voyage est, sous couvert de reportage, un retour au pays natal.
Le capitaine Brandovic, El Vasco et Jorge Nilssen sont des hommes durs, mais des marins au coeur d'or, fidèles à des principes humains, au respect de la faune marine et des populations autochtones. Ils sauront tous trois créer avec le narrateur des liens de confiance, des formes de communication propres aux belles amitiés viriles qui se passent de démonstrations.
Et si les personnages principaux étaient en réalité les baleines et les dauphins qui donnent aux hommes des leçons d'empathie et de solidarité ? Moby Dick ouvre et clôt le récit comme un écrin palimpseste.

L'écriture est fluide, efficace, souvent drôle malgré la gravité des évènements, parfois poétique. Sepúlveda n'hésite pas à insérer des passages didactiques sur les dérives d'une vision irrationnelle du progrès et de la recherche continuelle de toujours plus de profits.
Parmi les intertextes présents dans ce roman, outre Herman Melville avec Moby Dick, Lautréamont avec ses Chants de Maldoror, j'ai naturellement savouré le clin d'oeil à Manuel Vasquez Montalbán et à son indic Bromure.
La trame narrative traite essentiellement de la lutte contre la pêche illégale des baleines protégées dans la zone australe sud-américaine, mais porte en filigrane le difficile retour au pays de l'exilé, son sentiment de vivre dans un monde où la défense du droit à la vie est l'affaire de tous.
L'écriture à la première personne nous rappelle que Sepúlveda, comme son personnage narrateur, était un enfant amateur de lecture qui a grandi à Santiago dans une famille modeste ; emprisonné sous Pinochet, il s'est exilé en Allemagne où il a exercé la profession de journaliste… L'inspiration biographique est indéniable et donne un effet de réel à ce roman.
J'ajoute un mot sur la temporalité trompeuse : la narration reprend des évènements datés de juin 1988, issus d'une prise de décision rapide, mais qui trouvent aussi leur origine dans des souvenirs beaucoup plus anciens du narrateur. De plus, Sepúlveda mêle à son récit détails historiques et légendes sur les corsaires et les vaisseaux fantômes qui sillonnaient les mers australes au XVIème siècle… Il rappelle aussi le tour du monde de Charles Darwin et son passage en Patagonie et Terre de Feu.

Mundo del fin del mundo est ma deuxième escale dans mon voyage chez Luis Sepúlveda : ce livre mêle réalités écologiques et légendes, littérature et journalisme, biographie et fiction, écriture et secret. Je continue à découvrir et apprécier cet auteur dont je recommande les romans courts mais profonds, aux multiples clefs de lecture.
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Découvert il y a peu avec le vieux qui lisait des romans d'amour, je continue d'apprécier cet auteur avec le monde du bout du monde. Apprécier, que dis-je ? J'adore !
Lecture facile, qui nous porte, mais derrière cette fausse légèreté se cache une grande profondeur de réflexion. Après la déforestation de l'Amazonie dans ma précédente lecture, nous voici dans la dénonciation de la chasse à la baleine au large de la Patagonie, le monde du bout du monde.
Après avoir parcouru par voie de terre et par mer dans son adolescence le sud du Chili, le narrateur doit migrer en Allemagne, à Hambourg. Mais il reste une vigie attentive de ce qui se passe dans son pays.
Alors, lorsqu'un baleinier, censé être à la casse, se retrouve avec une avarie conséquente au large des côtes chiliennes, il ne peut que s'embarquer sur les traces de son passé, pour entendre une histoire de baleine comme il n'en avait jamais entendu.
Transportée, je suis, ben loin de chez moi, dans ce pays et ces mers si rudes.
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Mon premier Sepúlveda et je dois dire que j'ai été agréablement surpris ! Tout d'abord je pensais qu'il s'agissait de trois nouvelles différentes alors qu'en réalité ce court texte composé de trois parties forme un ensemble cohérent et fluide.

Un jeune Chilien de 16 ans, qui a lu Moby Dick d'Hermann Melville, rêve de chasser la baleine. Il décide de tenter l'aventure pendant les vacances scolaires, et part de Santiago afin de rallier le monde du bout du monde. Après plusieurs jours et des centaines de kilomètres, il parvint à se faire engager sur l'Evangéliste, un baleinier sous la coupe de Don Antonio Garaicochea dit le Basque.

On retrouve notre narrateur des années plus tard, celui-ci est devenu journaliste free lance basé à Hambourg. Il travaille avec diverses organisations écologistes telles que Comunidad ou Greenpeace. Une amie qui travaille pour Greenpeace l'informe qu'un bateau-usine, le Nishin Maru, trame quelque chose dans les eaux de Magellan. Ainsi notre journaliste s'envole pour le Chili, sa patrie qu'il n'a pas revu depuis 24 ans, afin de mener l'enquête...

Cette très belle fable écologique sensibilise le lecteur aux dangers de la pêche industrielle et à l'importance de préserver nos océans et les espèces qui les habitent. de plus, Sepúlveda nous apprend beaucoup de choses: réglementation sur l'écologie, nombreuses légendes sur les pirates (Francis Drake notamment) et les peuples indiens disparus ainsi que des références littéraires: Moby Dick, bien sûr, mais aussi En Patagonie de Bruce Chatwin. Cela m'a donné envie de lire d'autres livres de cet auteur. Un très beau livre !

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Dans ce petit roman, Luis SEPULVEDA se dresse contre la chasse à la baleine d'un autre âge et protégée par les conventions internationales que certains pays, tel que le Japon ne respectent pas.
Il nous présente l'histoire tout d'abord sous l'approche initiatique d'un jeune garçon qui après lu Moby Dick, s'engage, avec l'accord de ses parents, sur un baleinier chilien croisant en terre de Feu, C'était il y bien longtemps.
Actuellement, les conventions internationales autorisent la chasse uniquement à des fins scientifiques et en nombre très restreints. le Japon fait cavalier seul. le roman raconte l'histoire d'un baleinier fantôme japonais.
On retrouve un thème cher à l'auteur écologiste : la préservation de la nature.
Dans le Monde du bout du monde, le lecteur identifie des éléments biographiques. Sépulvéda a habité Hambourg où il était journaliste. Il a également collaboré avec Greenpeace entre 1982 et 1987.
L'écriture est fluide. le lecteur est happé par l'histoire et l'engagement des protagonistes qui vivent encore à cette époque, en 1988 , sous le joug de la dictature de Pinochet.
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En 120 pages, ciselées comme un coquillage, Luis Sepulveda construit un trésor à nulle autre pareil. le Monde du bout du monde donnerait au pire casanier, au dernier paraplégique, l'envie insurmontable de devenir aventurier, redécouvrir le monde et naviguer jusqu'à ces Terres de Feux, qui brûlent de leur différence, sous vos yeux émerveillés.

Sur une mer abandonnée, hantée d'histoire, il réinvente sa référence littéraire (Moby Dick) et - à mon avis - la dépasse. Pas seulement en nous contant la vie incroyable de quelques marins impossible, mais bien en rendant à cette mer un souffle, sec et rude, une vie, à la puissance des phrases qui portent en elle le corps d'une terre.

Chef d'oeuvre.
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Après avoir découvert Luis Sepúlveda à travers la forêt amazonienne du Vieux qui lisait des romans d'amour, je suis cette fois partie suivre ses pas vers le détroit de Magellan, un lieu qui effraie autant qu'il fait rêver, des petits bouts d'îles éparpillées tout au bout du monde.

Tout comme l'auteur, le narrateur, dont on ignore presque tout, a quitté son pays pour fuir la dictature chilienne et s'est installé à Hambourg.
C'est là qu'il apprend que quelque chose de grave s'est produit entre ces îles sur lesquelles il avait séjourné plus jeune et il entreprend un grand voyage pour faire la lumière sur l'accident d'un baleinier japonais.

De digressions en anecdotes, on perd parfois l'objectif premier du voyage du narrateur mais si ce message est important, il n'est pas au centre du récit.
A sa manière habituelle, en empruntant parfois des chemins détournés, l'auteur nous amène avec lui à travers ce retour aux sources d'un expatrié qui, pour la première fois, a enfin l'impression de rentrer chez lui.
A travers ces histoires de pirates, de pécheurs, de baleines, d'habitants chassés de leur terre, j'ai découvert un univers auquel je ne connaissais rien.

Sans faire de leçon de morale, Luis Sepúlveda nous montre simplement la vérité de son époque, une époque pas si lointaine où Greenpeace venait de perdre son Rainbow Warrior et où le Chili s'éveillait un peu à une conscience écologique.
Difficile de dire si les choses ont beaucoup évolué depuis et ce petit livre en reste d'autant plus indispensable.
Lien : https://yodabor.wordpress.co..
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Superbe livre qui nous emmène dans les mers du bout du monde, là où l'océan rugit de fureur tout là-bas là-bas, à l'extrême sud de la Patagonie, où seuls quelques hommes réussissent à vivre.
Le garçon a 16 ans, lorsque la tête pleine des aventures de Moby Dick il décide de partir y passer son été alors que tous ses camarades eux vont flâner sur les plages plus hospitalières bercées par les alizés.
Alors qu'embarqué sur un bateau de pêche à la baleine, il verra son premier cétacé que l'équipage va laisser continuer sa vie après avoir constaté qu'il s'agit d'une femelle qui porte un baleineau.
Vingt ans plus tard, devenu journaliste exilé en Allemagne après avoir fui la dictature chilienne, il sera contacté par une jeune journaliste locale qui l'avertira du grand danger que courent les baleines.
Un navire usine japonais officiellement à la casse fait fi de toutes les interdictions internationales et capture les baleines sans distinction.
Il n'en faudra pas plus au narrateur pour revenir sur la terre de son enfance et sur les pas de l'adolescent qu'il était pour voir de ses propres yeux le massacre afin que le journaliste qu'il est devenu puisse le dénoncer au monde entier.
Récit qui ne fait pas que dénoncer le sort de la pêche industrielle à la baleine mais qui nous ouvre aussi les yeux sur l'anéantissement des populations autochtones.
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Un roman très court, qui commence avec un fantasme autour de Moby Dick (le roman de Melville) et qui dérive vers l'engagement écologique du narrateur. Une histoire de mers du bout du monde autour de la Terre de Feu, avec une dénonciation forte de ces immondes « bateaux usines » (japonais, ici) qui détruisent l'écosystème marin et anéantissent les baleines. On voyage avec le narrateur dans ses endroits du bout du monde, avec ces personnages atypiques et ses légendes, qui semblent entremêlées à la réalité. Très belle lecture et petite pensée émue pour l'auteur mort du Covid en avril dernier.
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J'ai eu un énorme coup de coeur pour ce roman. Il fera parti de ceux dont je crois, je me souviendrais longtemps, qui pourraient faire partie de ma bibliothèque idéale. Car c'est un roman extrêmement captivant dont les thèmes abordés me touchent tout particulièrement et qui, sous la plume de Sepùlveda prennent une merveilleuse saveur.
C'est superbement écrit et dès les premières pages l'auteur nous emporte dans un merveilleux voyage. Un voyage qui nous conduit au Chili, au large de la Patagonie. Ce texte court n'en ai pas moins passionnant car il regroupe énormément d'éléments tous aussi passionnant les uns que les autres. A la fois l'enfance du protagoniste qui rêvant de vivre l'aventure lue dans Moby Dick se fait engager sur un baleinier puis le voyage de ce même personnage, devenu adulte, partant sur les traces de son passé et d'un évènement écologiquement tragique. le récit qui parle d'exil, de navigation maritime, de nature, de légendes indiennes…
Un livre hautement écologique à la fois drôle, bouleversant, militant, captivant.
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Les mots de Sepulveda sont simples , et merveilleusement beaux . Retour au chili , terre de ses pairs, non sans peurs , mais la nature sait apprivoiser qui sait l'accompagner . A travers une quête sur la réalité des vaisseaux-fantômes chasseurs de baleines , il nous dépeint l'humain tel qu'il est, sans chichis . Entre magie et réalité (ou réalité de la magie) saura -t-il écrire son retour en terre natale Est-il possible que les baleines-chaudron accompagnées de dauphins aient réellement existé .......?
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