"Il savait lire. Ce fut la découverte la plus importante de sa vie. Il savait lire. Il possédait l’antidote contre le redoutable venin de la vieillesse. Il savait lire. Mais il n’avait rien à lire."
Dans ces recoins obstinés de la mémoire où s'enracine le chiendent de la solitude.
"[...] il coupa une grosse branche d'un coup de machette, s'y appuya et prit la direction d'El Idilio, de sa cabane et de ses romans qui parlaient d'amour avec des mots si beaux que, parfois, ils lui faisaient oublier la barbarie des hommes."
"Il possédait l'antidote contre le redoutable venin de la vieillesse. Il savait lire." (4ème de couverture)
"C'était, dans l'obscurité, le bruit de la vie. Comme disent les Shuars : le jour, il y a l'homme et la forêt. La nuit, l'homme est forêt."
"Il alluma un cigare avec des mouvements lents et fuma en contemplant le travail des insectes indifférents à sa présence. Il entendit un bruit qui venait des hauteurs et ne put refréner un éclat de rire. Un tout petit ouistiti dégringolait d'un arbre, entraîné par le poids d'un appareil photo qu'il ne voulait pas lâcher."
Antonio José Bolivar qui ne pensait jamais au mot liberté jouissait dans la forêt d'une liberté infinie. Il tentait de revenir à ses projets de vengeance, mais il ne pouvait s'empêcher d'aimer ce monde, si bien qu'il finit par tout oublier, séduit par ces espaces sans limites et sans maîtres.
Il mangeait quand il avait faim. Il choisissait les fruits les plus savoureux, refusait les poissons qui lui semblaient trop lents, suivait la piste d'un animal de la jungle, et le fait de l'avoir tué à la sarbacane doublait son appétit. (p. 37)
Il y a dans le monde des millions et des millions de livres. Dans toutes les langues et sur tous les sujets, y compris certains que les hommes ne devraient pas connaître.
A voir couler le Nanzanitza, on pouvait penser que le temps avait oublié ces confins de l'Amazonie, mais les oiseaux savaient que, venues de l'occident, des langues puissantes progressaient en fouillant le cœur de la forêt.
Le jour, il y a l'homme et la forêt. La nuit, l'homme est forêt. (p. 97)