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Citations sur Les Roses d'Atacama (81)

Il y a quelques années j'ai visité le camp de concentration de Bergen Belsen, en Allemagne. Dans un silence atroce j'ai parcouru les fosses communes où gisent des milliers de victimes de l'horreur, en me demandant dans laquelle se trouvaient les restes de cette enfant qui nous a légué le plus émouvant témoignage sur la barbarie nazie et la certitude que la parole écrite est le plus grand et le plus invulnérable des refuges, car ses pierres sont soudées par le mortier de la mémoire. J'ai marché, cherché, mais je n'ai trouvé aucune indication qui me conduise jusqu'à la tombe d'Anne Franck.
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Je les vois marcher dans Venise et je reste derrière elles ou je me rapproche pour mieux les observer, pour mieux profiter d'elles, parce que toutes les deux sont belles et enveloppent l'après-midi automnal de cette singulière beauté qu'elles ont atteinte vers l'âge de quarante-cinq ans, une beauté mûre de plaisirs et de coups, d'amours bus jusqu'à la dernière goutte et de colères qui ne s'éteignent jamais.
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N'arrête d'écrire que quand tu sais comment l'histoire continue. Rappelle-toi qu'on peut écrire d'excellents romans avec des mots à vingt dollars, mais ce qui est méritoire c'est de les écrire avec des mots à vingt cents. N'oublie jamais que ton métier n'est qu'une partie de ton destin. Une raie de moins ne change pas la peau du tigre, mais un mot de trop tue n'importe quelle histoire. La tristesse se résout dans un bar, jamais dans la littérature.

[Papa Hemingway]
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Bergen Belsen n'est certes pas un lieu de promenade, car le poids de l'infamie y est oppressant, et à l'angoissante question « Qu'est-ce que je peux faire, moi, pour que cela ne se reproduise pas ? » répond le désir de connaître et de raconter l'histoire de chacune des victimes, de s'accrocher à la parole comme unique conjura tion contre l'oubli, de raconter, de nommer les faits glorieux ou insignifiants de nos pères, les amours, les enfants, les voisins, les amis, de faire de la vie une méthode de résistance contre l'oubli, car, comme le soulignait le poète Guimarães Rosa, raconter c'est résister.

[Histoires marginales]
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(…) les blessures des héros de la littérature sont rapidement guéries par le baume de la lecture.


(dans "Rêver s'écrit avec le "r" de Salgari")
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1988 fut déclarée année des océans par pure convention. Parce qu'il fallait célébrer quelque chose. Elle aurait pu aussi bien s'appeler année des forêts, et celles-ci auraient continué à brûler, à disparaître de la planète dans la totale indifférence de gouvernements négligents signataires de traités de protection et de développement des forêts. Elle aurait pu aussi s'appeler année de l'atmosphère, et les pays industrialisés n'auraient pas pour autant interrompu les émanations qui trouent la couche d'ozone et sont responsables du réchauffement de la croûte terrestre.
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Les Indiens Machiguenga (...) l'accueillirent avec une exemplaire générosité. Les Kogapakori et les Ashuar se comportèrent de la même manière. La réponse de Fitzcarraldo fut d'en faire des esclaves pour recueillir les milliers de gouttes de latex qui couleraient chaque jour des cicatrices ouvertes sur les arbres à caoutchouc, mais la seule chose qui coula en abondance fut le sang des habitants d'Amazonie. Les calculs les plus optimistes font état de trente mille Indiens morts en une année. Ce fut la première grande rencontre de Manú avec la civilisation occidentale et chrétienne.

Sur les traces de Fitzcarraldo
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« Il y a des hommes qui luttent toute leur vie : ceux-là sont indispensables. »
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Il était plombier - Gasfiter comme on dit au Chili - et fier de l'être. Il s'émouvait aux larmes en décrivant les éléments de quelque nouveau matériau de construction, et s'autorisait comme seul luxe d'aller au stade pour y assister aux compétitions sportives universitaires. Maître Correa voyait dans les athlètes des mécanismes parfaits, exempts de vert-de-gris et de toute trace de rouille (p. 138).
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En mai dernier j'étais à Pietrasanta et j'ai vécu la commotion provoquée par la mort de deux cavatori. Ils ont péri sous un bloc de marbre qui s'est détaché de la carrière sans leur donner le temps de réagir. La région de Carrare prend entre six et huit vies de cavatori par an. Pendant les obsèques, le seul artiste présent a dit que ces deux cavatori étaient des martyrs qui étaient morts pour l'art. Mais un des travailleurs a craché le toscano qui pendait de ses lèvres et précisé : non, ils sont morts parce qu'il n'y a pas assez de mesures de sécurité, ils sont morts pour un salaire de merde.
Et une fois de plus j'ai constaté que la vérité des gens simples valait plus que toutes les vérités de l'art.
Décidément, les filles et les garçons de Pietrasanta m'intéressent beaucoup, ces marbriers qui, sachant que leur vie sera brève, parce que la poussière de marbre est une malédiction blanche qui pétrifie leurs poumons, continuent pourtant de perpétuer la formidable tradition humaine de la beauté et de l'harmonie.
Si j'étais sculpteur et qu'on me commandait une statue d'Alexandre le Grand, au pied de celle-ci ma signature serait la dernière. Viendraient d'abord les noms des cavatori qui auraient choisi, découpé et descendu le marbre de la montagne. Puis les noms des marbriers qui lui auraient donné forme, suivis des noms de ceux qui auraient préparé le lard, apporté le romarin, et ceux des boulangers et des vendangeurs du vin frais de Toscane.
Lectrice, lecteur, quand tu regarderas une statue sculptée dans le marbre de Carrare, pense aux cavatori et aux marbriers de Pietrasanta. Pense à eux et salue leur digne anonymat.
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