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EAN : 9781586482169
160 pages
PublicAffairs,U.S. (18/12/2003)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
William Shawcross, one of Britain's most admired journalists, explores the relationship between Europe and the United States in the aftermath of the war in Iraq.
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Le principal intérêt du livre de William Shawcross n'est pas son contenu mais son auteur.

"Allies" se présente comme un plaidoyer sans nuance en faveur de la politique anglo-saxonne en Iraq. C'est un mauvais travail de journalisme, forgé à partir d'une documentation de seconde main et non exempt d'erreurs matérielles. Si l'auteur critique les carences américaines à reconstruire l'Iraq (il écrivait au lendemain de l'attentat qui a coûté la vie à Sergio Vieira de Mello, son ami, et alors que les actes de résistance à l'occupation américaine se multipliaient dans le pays), c'est la seule ombre à une présentation idyllique du combat qu'auraient mené George W. Bush et Tony Blair contre le terrorisme et pour les droits de l'homme. Qu'aucun lien crédible n'ait jamais pu être identifié entre Saddam Hussein et Al-Qaïda ne gêne en rien William Shawcross, alors même que les Etats-Unis ont toujours présenté le renversement du dictateur irakien comme une étape nécessaire de la guerre contre le terrorisme. Qu'aucune arme de destruction massive n'ait été retrouvée sur le sol irakien embarrasse plus l'auteur, ressortissant d'un pays qui entendait justifier son intervention par la violation répétée par l'Iraq des régimes de non-prolifération. Mais, il s'en tire par une pirouette, tirant des rapports des experts la conclusion, sinon de l'immédiate accession de l'Iraq au statut de puissance nucléaire, du moins de son inéluctabilité. Cet argument, une fois exposé, peut tout justifier : dès lors que Saddam Hussein a, par le passé, démontré son mépris des lois internationales, sa mégalomanie et sa cruauté, il est inéluctable qu'il cherche à se doter des moyens d'une puissance absolue et l'utilise contre sa propre population et contre ses ennemis, proches ou lointains. Dès lors, la communauté internationale est en situation de légitime défense pour mener contre lui une « guerre préventive ». CQFD.

La seule ombre au tableau est le manque de solidarité des soi-disant « alliés ». William Shawcross n'a pas de mots assez durs pour Gerhard Schröder et la coupable faiblesse avec laquelle il a utilisé l'anti-américanisme de ses concitoyens comme argument de campagne électorale à l'automne 2002. Mais il réserve ses critiques les plus acerbes pour la France de Jacques Chirac et Dominique de Villepin. « Super Liar » est présenté comme « le plus proche ami de Saddam Hussein à l'étranger » (p. 91), lequel aurait financé son élection à la mairie de Paris en 1977. Tout y passe, depuis la participation de la France au programme nucléaire irakien aux arrières pensées commerciales qui auraient justifié la réticence française à sanctionner trop durement le régime baathiste après la première guerre du Golfe en passant par la visite de Jacques Chirac à Bagdad en 1974. W. Shawcross franchit les limites de la décence et de l'honnêteté intellectuelle en faisant porter au président français la responsabilité des morts américains et britanniques en Iraq (p. 149).

La critique est d'autant plus excessive qu'elle vient d'un journaliste britannique, plus connu pour son combat en faveur des droits de l'homme que pour son américanolâtrie béate. En 1979, dans "Sideshow", il avait dressé un réquisitoire sans concession de la politique américaine au Cambodge. En 2000, avec "Deliver us from Evil", il critiquait la passivité des puissances internationales face aux nettoyages ethniques dans les Balkans ou en Afrique. Comment ce gauchiste droits-de-l'hommiste s'est-il mué en défenseur des Néoconservateurs ?
Il serait injuste de reprocher à William Shawcross d'avoir renié ses principes. Comme Bernard Kouchner ou Bernard-Henri Lévy, William Shawcross est, aujourd'hui comme hier, une « belle âme » sincèrement révoltée par les exactions commises par un dictateur. Non sans pertinence, il dénonce le paradoxe à voir la gauche humaniste réclamer à corps et à cri une « guerre juste » à Sarajevo au début des années 90 puis protester contre l'invasion de l'Iraq. Pour lui, l'opération américaine a avant tout permis de renverser un régime odieux. Et cela suffit à ses yeux à la justifier, nonobstant ses défauts ultérieurs.

Au delà de la première impression, la position de William Shawcross a donc le mérite de la cohérence. Est-elle pour autant justifiée ? Elle le serait si l'intervention américaine en Iraq avait été réellement motivée par un engagement sincère en faveur des droits de l'homme. Mais la vérité oblige à dire qu'à supposer que la défense des droits de l'homme ait compté au nombre des motivations de la Maison Blanche, ce ne fut, et de loin, pas sa principale : la lutte contre le terrorisme et contre la prolifération des armes de destruction massive, l'accès aux ressources pétrolières du Golfe, la stabilité régionale ont plus pesé dans la balance. Certes la guerre en Iraq a eu pour effet « collatéral » de débarrasser le monde d'un tyran sanguinaire. Mais cet hommage du vice à la vertu ne doit pas cacher les ressorts peu altruistes du nouvel interventionnisme américain. Si les Etats-Unis sont intervenus en Iraq, ce n'est pas pour en déloger un dictateur dont ils s'étaient bon an mal an accommodés depuis plus de vingt ans, mais pour se prémunir égoïstement d'une attaque terroriste, réelle ou fantasmée.
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