Citations sur Métaphysique de la viande - Nuit noire & paranoïa (8)
La vie est une succession de hasards, cette femme en morceaux dans mon coffre c’est un hasard, et en même temps il y a des raisons, c’est embrouillé, c’est un mélange de cohérence et d’aberration, il y a un sens caché.
À chaque sacrifice et à chaque rituel des visions de cet acte comme l’acte le plus sérieux de toute ma vie me hantaient. Ce meurtre symbolisait mon rejet du monde et le moment où je le dévorerais et m’en aliénerais à tout jamais, le monde où le monde entrerait dans ma tête et deviendrait ma proie, le moment où j’entrerais dans ma tête pour ne plus jamais en sortir.
Il arrivait aussi que je me promène dans la maison sans rien faire de spécial, simplement occuper l’espace. Je déambulais. Je me postais à la fenêtre et je regardais dehors. À la campagne la nuit est intense. J’observais les étoiles. J’avais des pensées mystiques.
À douze ans j’avais déjà compris que tout le monde mentait et me voulait du mal. Je savais qu’en connaissant mes pensées et mes actes ils me haïraient. J’ai mis trois mois à édifier mon sanctuaire. Je me sentais bien en faisant ça. Je me consacrais tout entier à cette tâche, plus rien ne m’intéressait. Je vivais dans ma tête.
Quand j’ai eu douze ans ma mère a commencé à se suicider régulièrement. Dans le même temps nous avons eu nos premiers rapports sexuels avec pénétration et j’ai mis en scène une série de fantasmes mêlant l’homme en noir et mes camarades de classe. C’est aussi à cette époque que j’ai eu l’idée de construire mon sanctuaire.
J’étais l’inverse du loup-garou. Ma malédiction me poussait à être humain la plupart de mon temps.
Je passais mes nuits dans mes univers absurdes et violents. Je réglais mes comptes, ils mouraient tous en fantasmes, je haïssais les gens normaux, ceux pour qui le monde était conçu.
J’avais déjà compris que si elle ne mourait pas aujourd’hui qu’elle recommencerait. D’un côté je voulais qu’elle soit morte et de l’autre l’idée qu’elle ne soit plus là me terrifiait.