Dans ces hautes herbes, on chassait l'homme, comme on chasse le loup. Chassait qui voulait. Armé jusqu'aux dents, le berger y gardait son troupeau, le banni s'y réfugiait, le soldat s'y lançait en quête d'aventures, le pillard en quête de butin, le Cosaque y courait sus au Tatar, et le Tatar sus au Cosaque. Il arrivait que des troupes entières dussent défendre leurs troupeaux contre de multiples agresseurs. Ainsi apparaissait le steppe, vide et plein à la fois, silencieux et menaçant, tranquille et infesté d'embûches, sauvage par le sol, sauvage par l'hôte.