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Critique de Andromeda06


Christian Signol est de ces auteurs que j'ai beaucoup lus à un moment et que je lis beaucoup moins aujourd'hui. Pourtant, je ressors à chaque fois enchantée de ses livres régionaux. On m'a prêté récemment "Les cailloux bleus", premier tome de la duologie "Le pays bleu", et il ne m'a pas fallu longtemps pour m'apercevoir que je l'avais sans doute déjà lu (il y a certainement très longtemps). Les personnages et le contexte me disaient vaguement quelque chose, mais sans pour autant me rappeler de l'histoire et de son dénouement. Ce fut une très belle (re)découverte.

C'est à Queyrac, un petit village du Lot, dans le Sud-Ouest de la France, de la fin du XIXe siècle jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale, que nous sommes amenés à suivre la famille Laborie, famille de métayers. Il y a d'abord le père, Guillaume, et la mère, Marie, tous deux fidèles et reconnaissants envers leur "maître" Delaval, propriétaire de leur métairie et maire du village. Il y a le fils aîné, Étienne, dont les idées socio-politiques l'obligent à s'engager dans l'armée pour éviter à ses parents de perdre leur place et l'estime de leur maître. Puis vient le second fils, Abel, qui refuse comme son frère de suivre les sentiers tout tracés, et qui veut être sabotier et non pas suivre la voie de son père. Philomène a 10 ans au commencement de l'histoire, elle s'apprête à rentrer à l'école, pour son plus grand bonheur, et sera bientôt le premier membre de la famille à savoir lire. Et pour finir, il y a la petite dernière, Mélanie, prédestinée à suivre le même chemin que sa soeur.

"Les cailloux bleus", c'est l'histoire de la famille Laborie, racontée du point de vue d'Abel et de Philomène (le plus souvent). Mais c'est aussi l'histoire d'un petit village français du début du XXe siècle, avec ses traditions, le travail de la terre, dans une région aux paysages attachants, bien que pas toujours cléments. C'est une histoire dans L Histoire, les deux ne font plus qu'une. C'est l'histoire d'une époque où les moeurs évoluent. Les jeunes s'émancipent. Les premières automobiles et machines agricoles révolutionnent la vie quotidienne. C'est la séparation de l'Église et de l'État. L'école devient laïque. Les socialistes s'imposent dans la vie politique du pays. C'est l'époque de l'affaire Dreyfus, de l'assassinat de Jean Jaurès, d'une guerre mondiale qui aurait dû durer à peine 3 mois...

Le début est un peu longuet. L'auteur nous laisse le temps de nous approprier les personnages, la vie au village, les paysages. On suit l'histoire au fil des saisons qui reviennent inévitablement, au fil des événements et drames qui touchent la famille Laborie, au fil des changements et scandales socio-politiques du pays. L'ensemble se veut toujours bien construit, bien décrit, bien écrit.

J'ai tout de suite aimé le personnage d'Abel. Il m'a fallu un peu plus de temps pour Philomène qui, au fil de l'histoire, s'impose de plus en plus, devient amoureuse, femme et mère.

La famille est au coeur de l'intrigue, l'on y voit les relations évoluer, au même titre que les idées et croyances de chacun. Il y est aussi question d'amour (un peu), d'amitié et d'entraide, de filiation cachée, de drame et de deuil, de politique, des horreurs de la guerre et de différences d'opinion.

Le dénouement est palpitant et terriblement beau et poignant.

"Les cailloux bleus" est le premier roman de Christian Signol, publié en 1984. Il n'a pas pris une ride. J'ai beaucoup aimé et m'en vais sur le champ entamer "Les menthes sauvages", faisant suite à ce roman. Je n'ai qu'une envie : retrouver tous ces personnages que j'ai aimé suivre, Philomène et Adrien tout particulièrement.
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