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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Livre choc, comme on en lit rarement ! Pour ma part je n'avais pas été marquée par un livre de cette façon depuis La route de McCarthy. Âme sensible s'abstenir !

Rien de gore ou de véritablement cru pourtant mais une puissance évocatrice qui nous plonge dans une ambiance lourde (et c'est bien pire) qui reflète toute la stupidité d'une guerre et qui suinte le désespoir.

Enfin non, pas tant le désespoir que l'absence d'espoir. Un monde où l'absurdité de l'homme a tué l'espoir, remplacé par la résignation.
Une atmosphère assez étouffante quoique brève et entrecoupée de quelques rares moments clés, de petits répits.
En début de roman tout d'abord quand le militaire décide sur une impulsion de prendre le bébé sous son aile, un geste d'humanité comme un phare dans la nuit qui guide à la fois le lecteur et le personnage.
Le refuge à la ferme ensuite, où l'entraide et le partage laissent croire, oserai-je dire espérer, une rédemption, une paix inaccessible.

Mais Sillig est rude et la guerre cruelle, il ne nous épargne rien et nous impose sa réalité à la fois violente et absurde, tout comme cette fin après laquelle on peine à reprendre son souffle...

Un roman court mais puissant et marquant sur la guerre, ses dommages collatéraux bien souvent invisibles et sa profonde absurdité, son non-sens à l'égard de l'espoir et de l'humain qui lors d'un conflit pèsent bien peu dans la balance. Une réalité crue, posée là sans solution ni jugement. L'expression d'une souffrance anonyme et bien trop réaliste plus qu'un pessimisme...
À lire, le coeur bien accroché.
Lien : http://www.perdreuneplume.co..
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Ce court roman est pour le moins dérangeant! Il s'ouvre sur des odeurs de serpolet et de garrigue, tandis que se dessine peu à peu le tableau de corps inertes et ensanglantés. Stjepan, jeune militaire de 20 ans, sort d'un moment d'évanouissement et observe ce théâtre d'horreur avec une distance qui déstabilise. Les corps sont décrits dans leurs meurtrissures, sans le moindre affect dans le regard, comme un lointain spectacle. Cet homme va découvrir un nourrisson endormi, encore accroché au sein de sa mère morte. Et c'est une marche vers la survie qui commence. Drôle d'histoire, où les personnages sont à la fois des bons et des méchants, comme si l'humanité ne savait pas trancher entre les deux. On aime quand il faut aimer, et dans la foulée on tue parce qu'il faut tuer. le récit est court, il ne laisse donc pas de répit, nous emporte vers une fin tout aussi radicale, mue par une sorte de logique exigée par ce temps de guerre inexorable. C'est efficace, ça vous travaille au corps et à l'âme, ça laisse une trace longtemps après.
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Un homme, Stjepan est à terre avec quatre de ses confrères. On apprend au fil du texte qu'il est militaire et qu'une bombe a sans doute explosé à proximité puisqu'il est le seul rescapé d'un raid aérien. Lorsqu'il se relève, il trouve une voiture avoisinante dont les passagers sont également inertes, sans doute victimes de la même bombe. Un bébé, bien vivant, est toutefois en train de téter sur le siège arrière de cette Skoda accidentée. C'est ainsi qu'il est baptisé du nom de la marque automobile par notre protagoniste. C'est le début d'un itinéraire où les deux êtres vont trouver refuge d'abord chez un douanier puis dans une famille de femmes où la menace continue de planer. C'est complètement loufoque, un peu désespéré, mais qu'est-ce que c'est c'est bien écrit et "léger" dans la forme. On se croirait dans un remake de "La route" de Cormac McCarthy où les éléments semblent se déchainer sur les hommes mais où l'espoir d'un renouveau perdure. La comparaison est, je crois on ne peut plus flatteuse mais ô combien véridique car là aussi il s'agit de deux personnages : un tout jeune enfant et un adulte un peu cabossé par les blessures de guerre.

J'ai trouvé l'écriture fine et sans fioritures, c'est tout à fait ce à quoi je m'attendais en pareille circonstance. Elle est même parfois dotée d'un certain humour même si le sujet peut paraitre grave voire dénué de toute dérision. En effet, la guerre est une toile de fond ainsi que la mort, que le néant mais le dimension solidaire de cette nouvelle famille nous la rend touchante et atypique. le petit être qui vit, pleure et regarde rend les choses touchantes et bien réelles.

Un excellent roman qui se lit d'une traite !
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Voici un roman assez court (à peine plus de 100 pages) mais à la fois dense et riche.

D'abord le contexte : nous sommes dans l'ex-Yougoslavie pendant la guerre des années '90, l'ambiance est lourde.

Ensuite le fond : c'est un roman dense, riche en émotions, qui narre l'errance d'un homme et d'un bébé dans cette ambiance pesante.

Enfin le texte : l'écriture est moderne, sans fioritures et ne tombe pas dans le pathos. Malgré la gravité du contexte (et des faits) le lecteur est embarqué par les sentiments nés de cette errance.Il y a un peu de "La route" dans cette histoire.

Un roman qui mérite le détour et qui donne envie de découvrir son auteur.
Lien : http://animallecteur.canalbl..
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Un livre triste, dérangeant par moment. Un pays inconnu, en guerre avec un autre, un jeune homme, soldat, seul, qui recueille au gré de son périple un bébé, seul également. Ensemble ils vont faire un bout de chemin.
C'est un récit profondément émouvant, la relation entre le bébé et le jeune homme est extrêmement touchante, la violence qui les accompagne, une violence décrite de manière tellement laconique nous scandalisent et cela contraste avec cette résignation qui emplit l'histoire;
Peu de rencontres, anecdotiques souvent, car seul demeure le dialogue muet entre le jeune soldat et "sa petite hirondelle".

Une histoire qui donne envie d'en découvrir davantage de cet auteur. Une réussite.
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Un homme se réveille parmi des cadavres, victimes d'une fusillade ou d'un bombardement. Hormis les consonnances des prénoms, aucun indice ne permet de déterminer les lieux et dates précis des évènements de ce très court roman (à peine 100 pages), mais c'est probablement volontaire et cela se révèle finalement sans importance. En effet, c'est l'histoire de ce personnage et de ses rencontres qui constituent l'intérêt de ce livre.

L'auteur décrit une succession d'évènements de manière très extérieure, voire froide, sans interférer entre eux et son lecteur. Son récit est très émouvant, grâce à la violence et à la tendresse qui s'en dégagent, leur contraste renforcant l'émotion ressentie par le lecteur.

La fin du livre - que je vous conseille d'attendre - m'a semblé ouverte : Canel avait exprimé sa tristesse en dessinant en marge un personnage triste, mais l'ayant regardé trop vite, j'ai cru à un sourire...

En résumé : un beau livre.
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[...]Ça ne raconte pas grand chose, juste une avancée, un bout de route en commun avec un homme et un nourrisson. Et pourtant, ce pas grand chose suffit à être touchant, même si une écriture très sèche et peu démonstrative éteint parfois les premiers mouvements lacrymaux[...]
Lien : http://www.readingintherain...
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Dans un pays en guerre, « après le coucher du soleil », gît un jeune homme, un sillon de sang sur la tête. La vie semble s'être arrêtée dans cet espace-temps flou. Pourtant, Stjepan, c'est le prénom du jeune homme, se redresse et découvre, au milieu du chaos, une voiture sur une route de terre battue. Dans celle-ci, un bébé, miraculeusement vivant parmi des morts. Stjepan l'emporte avec lui sur la route. Vers quel horizon les mènera-t-elle ?

« Skoda » est un titre intriguant, qui interpelle le lecteur. Dans un pays en guerre, où Stjepan se réveille suite à un traumatisme qui a blessé son corps, sans doute aussi son âme, ce jeune homme de 20 ans a besoin de nommer ce qui l'entoure, peut-être pour se bâtir des repères dans ce pays en proie au chaos, à la violence, à l'absurdité. Créer de l'humain là où règne la mort, baptiser l'autre pour matérialiser la vie : dès qu'il voit le bébé, vivant parmi les morts, il le nomme. Recréer de l'humain également, là où l'humanité s'est perdue : au moment de quitter le « vilain douanier » qui l'a violenté, mais aussi, étrangement, secouru, Stjepan lui demande « comment vous vous appelez ? » (p. 41). Il obtiendra son prénom, comme une parcelle d'identité glanée dans la rencontre avec un autre qui lui rappelle « le petit père des peuples » : un clin d'oeil à Staline ?

Même si l'espace-temps n'est guère cadré dans ce roman, les thèmes abordés sont universels et rejoignent une humanité commune : l'auteur dépeint l'absurdité d'un pays en guerre dans lequel chacun cherche à survivre, à sa manière. le chaos et la violence sont rendus par des scènes parfois très réalistes et très crues, dans le choix des mots. Mais la forme même essaie de donner corps à cette violence : ainsi au moment de certains épisodes d'une rare violence, les paragraphes deviennent plus courts, l'espace entre chacun s'agrandit, donnant du souffle à la lecture : Stjepan peut ainsi se ressaisir, le lecteur également par contre coup, en témoigne le court paragraphe suivant :
« Mais oui, ça ira, Stjepan est dur à la tâche. La vieille lui apporte du vin. Il creuse trois trous distincts ; ici la terre est meuble » (p. 80.)
L'écriture d'Olivier Sillig est tout en retenue, en pudeur : malgré des rencontres qui le font souffrir, Stjepan avance, poursuit la route et le lecteur se demande constamment vers quel horizon elle le mènera, en compagnie du bébé, même si déjà, il pressent la conclusion qui avance.

Avec la guerre, l'auteur explore la question du sexe comme pulsion dont Stjepan est la cible au gré de ses rencontres. le lecteur s'attache à ce jeune homme qui chemine au long d'une route dont le début lui a offert un bébé. L'auteur montre, dans le choix de ses expressions, toute la tendresse que manifeste Stjepan pour le bébé. Une belle expression poétique montre ainsi la précaution que lui témoigne le jeune homme : « Quand il prend l'enfant dans ses bras, il le fait comme si c'était une clochette que, par jeu, il ne fallait pas laisser sonner » (p. 22-23). Mais en même temps, et c'est ce qui à mon sens rend Stjepan encore plus attachant parce qu'humain, il reste ambivalent à l'égard du bébé : à son contact, il ressent toute la fragilité de ce petit être, si vulnérable dans ses mains : « Il pourrait aussi l'attraper par le cou et l'envoyer s'écraser contre les rochers, comme on le fait avec les chatons des portées trop nombreuses » (p. 92). Il ressent ce pouvoir qu'il détient sur ce petit bout d'homme.

Dans ce court roman, le lait est présent, à la manière d'une parenthèse, au début et à la fin de la route, à l'image d'un élément nourricier, porteur de vie et d'espoir. le terme du chemin se dessine, peut-être de manière trop prévisible à mon goût. Un court roman, empli du souffle que laisse l'espace, entre brise paisible et ouragan dévastateur.
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Voilà un court roman mais qui est loin de laisser indifférent. Nous sommes, dès les premières pages, plongés dans l'histoire. Et quelle histoire !
Elle commence brutalement avec le réveil de Stjepan. Autour de lui gisent ses compagnons, morts. le pays est en guerre. Nous ne savons pas de quelle guerre il s'agit, ni à quel endroit nous sommes mais peu importe.
Après avoir recouvré ses esprits, Stjepan découvre une voiture, une Skoda. A l'intérieur, tous les occupants semblent également morts. Mais en y regardant de plus près, Stjepan découvre un nourrisson endormi. Que faire ?
Très rapidement, Stjepan décide de le prendre sous son aile, de s'en occuper même si, à peine vingt ans, il ne connaît rien aux tout-petits. Ce n'est pas grave. Ce bébé qu'il nomme Skoda, en référence à la voiture dans laquelle il l'a découvert, sera son hirondelle. Ce sera peut-être la seule sauvée mais il fera tout pour qu'ils s'en sortent tous les deux.
Commence donc une longue marche, ponctuée de rencontres plus ou moins heureuses mais toujours vécues intensément. Malgré les épreuves, Stjepan continue sa route, motivé par la survie de ce nourrisson.
Ce qui fait merveille dans ce roman, c'est la force d'écriture. le style est très simple, l'écriture tout en retenue et malgré ça, tout est dit. L'émotion est là, palpable tout au long du livre.
On sent d'emblée le lien qui se tisse entre ces deux compagnons de route. Et c'est très touchant de voir l'attachement que Stjepan va porter à Skoda, la force qu'il va tirer de ce petit être pour avancer dans la vie.
Une belle histoire de vie dans ce roman, qu'on referme ému.

Un grand merci à Babelio et aux éditions Buchet-Chastel pour m'avoir fait vivre cette belle lecture !
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Récit puissant qui ne vous laisse pas indifférent et qui se lit d'une traite.
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