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Citations sur La famille Karnovski (27)

Les propriétaires de grands magasins, les banquiers et les gros commerçants, les directeurs de théâtre, les comédiens et artistes célèbres, de même que les professeurs de renommée mondiale qui appartenaient également à la communauté ne pensaient pas non plus que le sang qui devait couler des couteaux pouvait être le leur. En vérité, leur appartenance à la communauté était purement formelle. Ce côté formel mis à part, ils n’avaient rien à voir avec le judaïsme. Ils étaient enracinés dans la vie allemande, dans la culture du pays. Ils avaient bien mérité de la patrie. La plupart des jeunes gens avaient fait la guerre et s’y étaient illustrés. Si quelque chose devait arriver, c’était aux Juifs traditionnels de la ville, aux nationalistes juifs qui se cramponnaient à la culture hébraïque et dont certains rêvaient même d’émigrer en Asie et d’autres folies du même acabit. Le docteur Spayer, rabbin de la Nouvelle Synagogue, ne croyait pas lui non plus être concerné par ces menaces. N’était-il pas, ainsi que sa famille, installé dans ce pays depuis des générations ? N’usait-il pas du plus bel allemand dans ses prêches ? N’agrémentait-il pas ses sermons de citations de Goethe, Lessing, Schiller et Kant ? N’avait-il pas appelé ses fidèles à défendre le pays à la veille de la guerre et à offrir leur sang et leur ardeur à la patrie ? Non, si on pouvait avoir des reproches à faire, c’était aux étrangers, aux immigrés de fraîche date. Tout comme pendant la guerre, il recommença à prendre ses distances avec son ami, David Karnovski, l’étranger, l’immigré. En ces temps difficiles, il est préférable de se tenir le plus loin possible de ces étrangers, pensait-il. L’homme ne doit pas se mettre en péril. Il est même écrit que celui qui a toujours peur est dans le vrai.
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Par tous les diables, l'homme n'est pas libre, même quand il veut l'être, se dit le docteur Karnovski. Il est est perpétuellement cerné par des obstacles, bridé par les convenances, les superstitions, les habitudes, les coutumes, les traditions. Il traîne l'héritage des générations passées, tels des oripeaux dont il lui est impossible de se débarrasser. Le père n'est pas maître de son enfant. Il n'a pas le pouvoir de le préserver de la famille, du milieu, de l'éducation. Malgré tous ses efforts pour chasser les absurdités de la maison, elles reviennent par les portes et les fenêtres, par la cheminée.
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"Sois fort, mon fils, comme moi et comme tous les Juifs de l'ancienne génération, nous sommes habités à cela depuis toujours et nous le supporterons, comme des Juifs."
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"Les enfants disent que je suis un juif, papa.
- C'est ce que tu es à la maison, mais à l'extérieur, tu es un Allemand. Tu comprends maintenant ?"
Georg ne comprenait pas. Comme tous les enfants, il savait que le bien était le bien, le mal était le mal, Blanc c'est blanc et noir c'est noir. David Karnovski n'eut pas d'autre solution que de lui dire qu'il était encore trop jeune et trop ignorant pour comprendre ce genre de choses, mais que quand il serait plus grand, il comprendrait. Georg sortit du bureau de son père insatisfait, mettant en doute la sagesse des grandes personnes et le fait qu'elles sachent tout. Il voyait bien que, non seulement sa mère et Ema, mais aussi son père ignorait un bon nombre de choses. Il essaya de réfléchir tout seul aux différents noms dont les enfants de la cour l'affublaient. Mais comme il n'arrivait pas à repousser ses attaquants par la seule raison, chaque fois qu'on le traitait de juif, il en venait aux mains.
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Les propriétaires des grands magasins, les banquiers et les gros commerçants, les directeurs de théâtre, les comédiens et artistes célèbres, de même que les professeurs de renommée mondiale qui appartenaient également à la communauté ne pensaient pas non plus que le sang qui devait couler pouvait être le leur. En vérité, leur appartenance à la communauté était purement formelle. Ce côté formel mis à part, ils n'avaient rien à voir avec le judaïsme. Ils étaient enracinés dans la vie allemande, dans la culture du pays. Ils avaient bien mérités de la patrie.
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Une tension chaotique, mélange d'attente, d'espérance et de crainte, s'empara de la capitale quand les hommes bottés furent devenus maîtres de ses rues et de ses places.
Ils étaient partout, et en nombre, les hommes bottés. Ils défilaient et paradaient, passaient à toute allure dans leurs automobiles, sur des motocyclettes, portaient des torches allumés, jouaient dans des fanfares, claquaient des talons et défilaient, défilaient sans fin, défilaient interminablement.
Le bruit de leurs bottes éveillaient des pulsions. On ne savait pas vraiment ce que les nouveaux maîtres bottés allaient apporter, le bonheur ou le malheur, des promesses tenues ou de grandes désillusions, mais on était excité, excité et émoustillé, on se laissait aller sans retenue, comme on joue son va-tout, que l'on brave un interdit formel sans savoir ce qui en sortira, gain ou perte, mais que, quoi qu'il en soit, on s'amuse et on se sent tout permis. Il y avait quelque chose de différent de l'habitude, de nouveau, de festif, d'inquiétant et de frénétique comme dans un jeu d'enfant.
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Il était prêt à partir en guerre contre tous.
Pour commencer, il mit le rabbin au défi de lui montrer ne serait-ce qu’un seul mot hérétique dans les «commentaires » de Moïse Mendelssohn, ensuite il aligna les citations de la Torah et les traits d’esprit pour prouver que ni le rabbin ni les notables ne connaissaient un traître mot des écrits de Mendelssohn et qu’ils étaient même bien incapables de les comprendre.
Après quoi, il se mit dans une telle colère qu’il déclara que ce que son maître Moïse Mendelssohn de mémoire bénie avait comme érudition, comme sagesse et comme piété dans la seule plante des pieds, le rabbin et tous les rabbis hassidiques réunis ne l’avaient pas dans tout leur corps et dans tout leur être.

Là, c’en était trop. Il avait outragé le rabbin et tous les rabbis hassidiques et avait parlé d’un mécréant en accompagnant son nom des mots « maître » et « de mémoire bénie », et ça dans un lieu saint !
Tout cela fit sortir les hassidim de leurs gonds : sans plus de façon, ils saisirent le gendre du magnat sous les bras, le mirent à la porte de la maison de prière et l’accompagnèrent de leurs vociférations :

« Va-t’en à tous les diables et ton maître de mémoire maudite avec toi ! Va rejoindre l’apostat de Berlin — qu’il pourrisse en enfer ! »

David Karnovski suivit leur conseil.
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Dans le feu de l'amour, Karnovski oublie et sa position de notable et ses recherches sur la religion. Mais il y a une chose qu'il n'oublie jamais, c'est son allemand. Même dans les moments d'extrême extase, c'est dans cette langue qu'il dit des mots tendres à Léa. Elle se sent blessée. Ces mots tendres dans une langue étrangère ne lui font pas chaud au cœur. Ils n'ont pas pour elle le vrai goût de l'amour.
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"Comme on dit : qu'il s'appelle Fritz ou Salomon, on déteste le Juif, on aime son pognon..." C'est sur cette rime que Salomon Bourak conclut, et il se frotte les mais l'une contre l'autre, ce qui signifie que la cause est entendue et qu'il n'y a plus rien à ajouter.
Les distingués Berlinois aux yeux noirs qui envient à l'immigré sa blondeur chrétienne hochent la tête, l'air anxieux. Ils savent bien qu'il dit la vérité, qu'il s'appuie sur des faits vécus, mais ils ne veulent cependant pas entendre cela de la bouche de cet ancien colporteur qui a fait irruption avec tant d'éclat dans l'avenue Landsberger. Ils sont inquiets face à ces gens qui, avec leurs noms, leurs manières, leur parler et leurs méthodes commerciales, les éclaboussent, eux qui sont depuis longtemps installés et germanisés. Leur cœur se serre d'effroi lorsqu'ils voient ces nouveaux venus faire ressurgir sous terre ce judaïsme qu'eux, les anciens, ont depuis de longues années dissimulé et camouflé.
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Des Juifs pieux achètent des taleths, des franges rituelles, des recueils de prières, des phylactères et des mezouzas. Des femmes d’un certain âge cherchent des livres en yiddish avec des histoires de brigands, de princesses et de magiciens mais aussi de vieux récits sur Dreyfus à l’île du Diable accompagnés de poèmes et de chansons. Entre des calottes, des bougeoirs pour le shabbat, des chandeliers à sept branches, des plats en cuivre pour les mets symboliques de Pessah, des formulaires imprimés d’actes de mariages et de contrats de fiançailles, on trouve également des linceuls et des tentures noires pour corbillard.
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