De fièvre et de sang

Toujours en quête d'un polar qui me permette d'apprécier le genre, j'ai finalement suivi les conseils de mes anciens clients et j'ai emprunté un Sire Cedric.

Voilà voilà. Et ben mon vieux, je suis pas sorti de l'auberge.

Premier constat : c'est mal écrit. Pas juste mal écrit comme un polar qui se vend bien, non non, vraiment mal écrit. de la redondance chaque paire de pages, des descriptions sans âme sans être assez froidement cliniques pour en faire un atout, des dialogues qui feraient passer Schwarzy dans "à l'aube du huitième jour" pour Allen Ginsberg, et, tout comme moi ici même, des phrases sommes toutes BEAUCOUP TROP LONGUES POUR NE RIEN DIRE.

Mais bon, malheureusement, on ne feuillette pas un polar pour le style en général. Allons-y pour la glue : les personnages. Outre le fait que nos deux premiers personnages soient un homme et une femme dans le cadre de leur travail (force de l'ordre) et que, par la magie des années 2000, forcement on va avoir droit à de la romance (du moins des bribes là ou je m'en suis arrêté) , on ne peut pas dire que le panel soit vivant. Ou original. Forcement, les dialogues ne permettent pas de se faire un portrait défini des personnages. Sauf si ceux-ci sont des personnages secondaires de jeux vidéos. Mais bon sang, un peu de profondeur, sortons des clichés. Ouvrez ouvrez la cage aux clichés, laissez-les s'envoler loiiiiiiiin. D'accord, donc Madame albinos un peu dark et seule, ça on a compris. Monsieur BG musclé vieillissant divorcé et donc seul, on a compris aussi. Madame chef d'entreprise vieillissante se sentant seule, on a compris. Monsieur collègue beauf type flic imbuvable à qui Bruce Willis fait la nique, d'accord. Je ne vais pas continuer la liste des inscrits au groupe des solitaires solidaires, je serais obligé de citer Sid de l'Age de glace et ça me fendrait le coeur.

Et finalement, l'intrigue jusqu'à mon libérateur abandon. Bah c'est plutôt risible. Encore une fois, clichés sur clichés. Ne serait-ce que les décors : la ferme à flanc de montagne, loin de tout. La France aussi a ses rednecks. La salle de réunion d'une entreprise qui fait du pognon avec vue sur la ville. Je suis quasiment sûr d'avoir vu ça dans Julie Lescaut ou Rex, pour ne pas citer les plus évidents. La chambre d'une étudiante "gothique" qui aime le sm, le métal et les femmes. En même temps, quand un personnage a cette description c'est quitte ou double : meurtre rituel ou new romance avec des vampires. Mais je m'égard, l'intrigue donc. Des meurtres oui, mais le même mode opératoire que la dernière fois. On va donc envoyer à nouveau l'équipe traumatisée de l'expédition de l'an dernier, parce que c'est une bonne idée je suppose.

Rajoutons la dessus des scènes de tensions qui ne fonctionnent absolument pas, une petite fille aux yeux rouges du passé et, si vous n'avez pas saisi, des clichés !

De ce que j'ai compris, si vous allez jusqu'au bout vous avez même accès à la "petite vieille mais pas vraiment" bonus. C'est beau comme du mauvais Shyamalan.