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Critique de fanfanouche24


Une lecture agréable… toutefois empreinte de trop de mélancolie, en ce dimanche aussi grisaillou !… Selon les mots de la narratrice, Claire, c'est une belle histoire, Une “triste et belle histoire” !...
J'aime toujours la fine prose de Marie Sizun et les couleurs de sa Bretagne... qui me sont aussi familières !

Une quarantenaire, Claire doit prendre une semaine de congé afin de repartir en Bretagne, près de Loctudy, pour vendre la maison familiale, maison de ses étés d'enfance.. ; elle entretient des sentiments ambivalents et contradictoires envers cette maison, comme avec son histoire familiale… Elle arrive dans cette maison pleine de souvenirs heureux mais aussi dramatiques (dont le départ brusque et définitif du père adoré, artiste peintre, qui ne donnera plus signe de vie ). Elle rentre dans « sa » maison et se retrouve face au cadavre d'un jeune homme, image lui évoquant son père, jeune. Les retrouvailles avec le passé débutent avec cette enquête policière, qui accaparera notre »héroïne » , sa semaine durant !

Cela sera, chemin faisant, le retour sur le passé, la rencontre inopinée avec Yvonne, la femme de ménage de sa mère, devenue les derniers temps, son amie et sa confidente… Il est beaucoup question d'une lignée de femmes seules, sans homme : veuve, séparée ou célibataire (comme Claire )

Ce roman a les belles couleurs des embruns bretons… joliment décrites par Claire, qui rêvait d'être « peintre » comme son père !

Mais que de gâchis familiaux, de non-dits, de silences destructeurs alimentant incompréhensions , malentendus, de solitudes féminines douloureuses au fil de ces trois générations de femmes : de la grand-mère, Berthe, seul personnage lumineux , bienveillant, Anne-Marie, sa fille, silencieuse et malheureuse, et Claire, la petite-fille, et en pointillé , L'absente Armelle, la petite soeur de Claire, ayant refusé sa part d'héritage, ayant coupé tous les ponts avec les siens !

Cette semaine sera le lent chemin de la réconciliation avec « La « Maison , avec l'histoire familiale, et avec cette mère distante, mal-aimante et mal aimée de ses filles !

“C'est ton regard, maman, que je revois à présent, ce regard distrait, absent, toujours en fuite. Ces yeux gris, où parfois, dans le soleil, un peu d'or se mêlait, mais sans gaieté, et qui semblaient à peine nous voir, ni les choses qu'ils avaient l'air de regarder. Tu étais une passante, maman, sur cette grève où je t'imagine allant de ton pas égal, léger, indifférent, les mains dans les poches, la tête dans les nuages, comme tu l'étais dans la vie. Et cette passante, il a fallu tout ce temps pour que je la rencontre et que je l'aime. (p. 219)”

Les embruns… s'estompent et une timide lumière apparaît enfin dans cette histoire fort mélancolique d'une “Mère , passante solitaire”…qui aura eu toutefois deux amies sur cette île bretonne où elle s'était retirée…Claire découvrira une figure maternelle dont elle connaissait si peu de choses. Je finirai par cette perspective d'espoir et de sérénité, enfin trouvée pour sa fille, Claire !

Comme si le Passé s'était pacifié !

« J'étais étonnée de la révolution qui s'était faite en moi à mon insu, ces derniers jours. La vie avait gagné, contre toute attente. Et la maison était là, maintenant, pour en témoigner, sauvée de justesse. » (p.246)
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