Je n'aurai, en tant que femme maghrébine, jamais la légitimité d'un homme blanc, cadre de plus de 50 ans, je ne jouirai jamais du même pouvoir. Tant mieux d'ailleurs car il est bien trop archaïque. Je ferai simplement ce que j'ai à faire, comme j'estime devoir le faire et je tâcherai alors de jouir d'être à jamais illégitime. (p193)
La réussite scolaire n'a rien à voir avec l'intelligence; c'est l'environnement qui peut soit la favoriser soit l'éteindre.
Même s’il est arrivé en France à 30 ans, il reste impressionné par la langue française semée d’embûches qui pourraient trahir ses origines marocaines. Donc, à l’extérieur, mon père parle peu, il
travaille. Et malgré sa crainte dans ce moment de crise, la mort lui fait encore moins peur que la perte d’argent. Depuis mon enfance, j’ai le cœur qui se serre
en regardant le corps de mes parents. Je l’ai vu s’abîmer jour après jour. Les mains de ma mère fripées par la javel, celles couvertes de pansements de mon père. Les dos courbés, voûtés, cédant sous le poids des corbeilles de de linge ou des parpaings trimballés, les doigts enflammés de maintenir leurs outils de travail, tous ces muscles et toutes ces articulations crispés, debout sans arrêt, et les visages marqués par la fatigue et les heures à l’extérieur quelle que soit la météo. Une image est ancrée en moi. Mon père frigorifié qui franchit la porte de notre ancien HLM après une journée passée à réparer une toiture sousla neige. Il répétait ironiquement : « L’argent, il y en a partout en France. »
La France n’était pas le paradis qu’il s’imaginait de l’autre côté de la Méditerranée, du moins pas pour les gens comme lui. Pas pour les gens comme lui. Ceux dont la vie est confinée en permanence.
Ceux qui limitent depuis toujours leurs sorties aux courses, aux visites chez le médecin, à la famille et à un peu de sport, pour des raisons financières mais aussi parce que, là où ils sont, il n’y a pas d’autres raisons de mettre le nez dehors.
Face à cette pandémie, les inégalités sociales sont exacerbées. Pour les privilégiés, la mise en quarantaine est une accalmie. L’occasion de partager de nouveaux moments de vie ; les parents remplissant des tableurs Excel et les enfants faisant leurs devoirs sur des ordinateurs dernier cri. Certains vous diront que c’est une quête spirituelle, le moment idéal pour lire plein de livres, l’opportunité de se remettre au dessin, d’apprendre une nouvelle langue…
Les métiers des ouvriers ne se télétravaillent pas, et ça fait bien longtemps que les décisions politiques s’abattent sur eux en oubliant leur existence.
De toute façon, on a toujours tort de se comparer aux autres, c'est dans la comparaison que s'aiguise le sentiment d'injustice, c'est là aussi que fleurit l'amertume.
De toute façon, on a toujours tort de se comparer aux autres, c'est dans la comparaison que s'aiguise le sentiment d'injustice, c'est là aussi que fleurit l'amertume.
Les retrouvailles entre deux adultes qui se souviennent, nostalgiques, de ce qu’elles ont partagé : l’innocence et les bêtises, les rêves et les désillusions. Jusqu’à ce que l’une d’elles se rappelle pourquoi elles se sont séparées, pourquoi elle est partie.
Alors la complicité s’effiloche et un léger malaise s’installe. Elles ne se ressemblent plus, mais un voile de mélancolie couvre de tendresse les souvenirs qui les lient encore.
On a perdu le sens des priorités. Tout le monde court après une belle maison et une belle voiture au point d'oublier à quel point l'humain est mortel.