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Le premier confinement est l'occasion pour Nesrine Slaoui de revenir sur les lieux de son enfance à Apt et de se pencher sur son parcours qui l'a menée du Vaucluse à Paris où elle fut admise à Sciences Po. Elle est aujourd'hui journaliste. 

Illégitimes est un témoignage sur les obstacles rencontrés quand on veut parvenir au but que l'on s'est fixé  et plus particulièrement si celui-ci passe par une école prestigieuse mais que l'on a pas la bonne résonnance du nom, la peau trop colorée, le lieu de vie adéquate et pas tous les codes en vigueur dans ces lieux prestigieux d'enseignement habituellement réservés à une élite par transmission familiale, générationnelle ou quand on est issue de la classe sociétale appropriée. Pour le faire, elle remonte à la source de sa famille et en particulier le parcours de ses parents venus du Maroc dans les années 70 pour concrétiser une promesse d'une autre vie avec travail, études pour les enfants et sécurité mais n'ont trouvé que travail éreintant, basses besognes et usure des corps.

Même s'il évoque un thème maintes fois abordé sur les difficultés à sortir du "ghetto" dans lequel est parfois tenue toute une jeunesse "française" issue de l'immigration, les épreuves qu'ils doivent franchir pour parvenir à avoir les mêmes droits et possibilités que toute autre personne, il n'est pas inutile de l'évoquer et d'écouter les voix de ceux qui ont dû faire preuve de ténacité pour parvenir à leurs fins. Il a fallu de nouvelles règles d'admission pour permettre à des jeunes venant de zones d'enseignement prioritaire d'avoir accès à certaines écoles, instaurer un quota pour que certains puissent franchir le périphérique et bénéficier du même enseignement et des mêmes chances que tout autre enfant de la république....

Dès les premières lignes je dois avouer que j'ai été prise par son écriture mêlée de réalisme mais également de nostalgie et de tendresse, par les faits et arguments qu'elle évoque quand il s'agit d'enseignement à plusieurs vitesses suivant les origines (mais cela pourrait s'appliquer dans bien des domaines autres que l'immigration), particulièrement touchée par les itinéraires de ses parents et grands-parents dont elle se fait la porte-parole car eux n'ont pas les mots ni la langue pour se faire entendre.

Nesrine Slaoui passe par différents sentiments dans son récit : un regard mélancolique sur son enfance mais également sur la vie de ses parents dans lequel on ressent toute l'admiration qu'elle leur porte, de la colère devant certaines injustices, attitudes ressenties, certains propos entendus ou regards portés sur elle comme si elle usurpait sa place.

C'est une lecture utile et nécessaire que j'ai appréciée pour la fluidité de son écriture, sa sincérité, même si elle ne révèle rien de ce que je connaissais plus ou moins déjà mais c'est une piqûre de rappel indispensable, imprégnée d'une bande-son aux accents de rap dans lequel l'auteure a grandi et qui exprime tout le ressenti d'une jeunesse.

Ce récit est un témoignage personnel où transperce la volonté farouche de parvenir à ses fins, quelque soit les obstacles même si parfois ils semblent insurmontables.

"Je n'aurai, en tant que femme maghrébine, jamais la légitimité d'un homme blanc, cadre de plus de 50 ans, je ne jouirai jamais du même pouvoir. Tant mieux d'ailleurs car il est bien trop archaïque. Je ferai simplement ce que j'ai à faire, comme j'estime devoir le faire et je tâcherai alors de jouir d'être à jamais illégitime. (p193)"

Une remarque malgré tout : j'ai été surprise de voir qu'il était annoncé comme "roman" sous le titre car je le qualifierais plus de récit ou témoignage.....

J'ai aimé.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Très compliqué de lire ce livre. Je n'ai pas passé un bon moment.
Un mélange (fouillis) de styles différents. Un choix éditorial non assumé.
Qu'a voulu faire l'autrice ? Un essai ? Un roman ? Une enquête sociologique documentée ?
On se retrouve avec un gloubi boulga... L'écriture est pénible, et je n'en attendais pas autant de quelqu'un qui écrit dans tout son livre et à longueurs d'interviews à quel point elle a toujours été brillante en lettres...
Déçue aussi que quelqu'un âgé d'à peine 26 ans assène autant de vérités et de clichés sur la société et ceux/celles qui l'entourent sous prétexte qu'ils ne sont pas de sa classe sociale. Et donc que fait-on à partir de constats et de dénonciations ? On choisit de rassembler et d'utiliser son audience sur les réseaux sociaux pour se tirer vers le haut et encourager tous ceux qui ne sont pas du sérail à s'accepter tel que l'on est et à ne jamais abandonner ?
Ou on dénigre et on oppose en utilisant les mêmes méthodes que ceux qui l'ont blessée ?
Rien n'est documenté correctement alors qu'elle est journaliste (vagues concepts balancés ça et là, buzz word, on se croirait sur twitter).
Enfin ce qui m'a fait mal au coeur c'est de constater ce écart abyssal entre sa très grande confiance en elle et ce sentiment tapi au fond d'elle-même qu'elle n'y est pas arrivée et de ne pas en être... Elle n'est pas bien dans ses baskets et se retrouve à utiliser ce livre comme un moyen de se venger... Je pense que Sciences Po regorgeait d'autres diplômé.es au discours plus cohérent et mature, au parcours plus brillant, au propos plus structuré et plus constructif.
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Ce livre est une mascarade. Illisible, on ne sait pas s'il s'agit d'un roman ou d'un récit. Si c'était le seul problème, on pourrait passer outre. C'est mal écrit, je suis très déçue du texte alors que j'en attendais beaucoup. Je ne comprends pas le propos et c'est très naïf. Vouloir mettre le rap au même niveau que la culture dite légitime m'interroge tout comme l'incapacité de l'autrice à digérer des concepts sociologiques, pourtant élémentaires. Encore une créature née des réseaux sociaux mais creuse comme une baudruche, qui finira forcément par se dégonfler. Gardez vos 18 euros. Honte à Fayard d'avoir osé publier un ouvrage aussi indigent
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Tout dans le superficiel, rien dans le contenu. Toujours la même histoire de la « fille d'immigrée » qui perce dans ce méchant systele inégalitaire. Si le livre avait été écrit par une jeune fille issue du monde rural, il n'aurait même pas été publié. Rien d'autre qu'un énième récit égocentrique d'une « journaliste » opportuniste qui rêve de célébrité. 25 ans, 0 info sortie mais déjà un livre....
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Pendant toute la lecture, on s'interroge sur ce sous-titre de "roman", le fait que ce soit publié chez Fayard "roman", d'ailleurs ce mélange des genres lui est reproché sur babelio où les critiques sont sévères, sur une tendance au narcissisme notamment. Certes, à partir du moment où l'on décide de parler de son parcours atypique pour révéler des dysfonctionnements sociétaux, on est un peu obligé de parler de soi. Certes, on peut regretter que les données pourtant souvent très intéressantes ne soient pas rigoureusement sourcées afin d'apporter davantage de crédibilité au propos. Mais peut-être que l'étiquette roman est justement là pour apporter une souplesse, un lâcher prise : quand on a déjà pas mal passé de temps à bosser et à se battre et qu'on est parvenu à avoir une audience, on pare au plus court, au plus simple, au plus large et au plus pressé : on se contente de raconter, et c'est déjà pas mal !
C'est l'étiquette d'illégitime qui est en elle-même un roman, une histoire, un conditionnement structurel qu'on se raconte, où que l'on soit sous le soleil social, sans même avoir besoin d'ouvrir la bouche. Un agglomérat d'opinions, de reproduction et d'inconscient qui nous imprègne tous. C'est une réalité qui se nourrit de nos fictions, de la même façon que la science-fiction peut parfois devenir bien plus réaliste que les récits qui voudraient se faire passer pour tels.
Je voulais lire Illégitimes parce que j'ai l'intuition d'une familiarité entre ruraux et banlieusards. L'intuition d'une nécessité de resserrer les coudes de ces populations aux destins bien moins étanches, aux modes de vie bien moins opposés qu'on voudraient nous le faire croire. Une soumission aux mêmes aléas, aux mêmes diktats, à la même illégitimité, avec juste quelques paramètres qui changent, qui font pencher les balances, l'origine ethnique, l'accès aux services publics, à la nature, aux tentations du consumérisme, tout cela conjugué à toutes les nuances d'aquabonisme ambiant et hérité, versus révoltes sourdes.
Le mérite de Nesrine Slaoui est entre autres de soigner les citations qu'elle retient en début de chapitre : notamment celle de Jack London dans Martin Eden, celle de Jamel Debbouze, et ma préférée, celle de Faïza Guène dans La Discrétion.
Certes, j'avais passé un meilleur moment de lecture avec Rhapsodie des oubliés de Sofia Aouine, je rejoins les critiques sur le côté patchwork et un peu impulsif.
Mais tout comme ce qui m'a le plus choquée et fait réfléchir dans La Pensée blanche de Lilian Thuram (très bien sourcée par ailleurs), c'est la citation de Victor Hugo dans son discours sur l'Afrique, on peut se réjouir qu'ici aussi, Nesrine Slaoui explore à travers le "roman" ce qui devrait faire le coeur du journalisme : sa fonction de passeur, de médiation, de réflexion et de partage.
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J'ai lu le récit de N.Slaoui d'une traite. Illégitimes parce que femme, parce que maghrébine, parce qu'issue d'un quartier populaire, elle concrétise son rêve en entrant à science po et devient journaliste. Mais si la réussite est au bout, le chemin a été rude, âpre, hargneux et semé d'embûches. Entre le sacrifice des parents, les fantasmes des uns et les illusions des autres, N.Slaoui interroge sa famille, ses amis, les livres sur ce que veut dire être légitime quand on a ni le nom ni la peau adéquates. Ça m'a énormément intéressée, son récit est fluide, argumenté et par moment touchant. Mais, une fois de plus, je ne m'y reconnais pas. Récit, qui, j'ai l'impression est une généralité établie sur ce que vivent les enfants de parents issus de l'immigration. Suis je légitime donc parce que mes parents sont arrivés en France début des années 70, se sont rencontrés ici et n'ont pas eu besoin de faire appel au regroupement familial de VGE. Suis je légitime car je n'ai pas grandi dans une cité, je n'ai pas été confronté aux problématiques ou à la solidarité d'un quartier dit difficile si ce n'est par le prisme de la télé, le suis-je si je n'ai pas été bercé par le rap mais par The Cure, les Clashs, Indochine, Leo Ferré, MJ, Barbara etc. Je n'ai découvert le rap que très tard par la musique entraînante mais pas forcément par les textes qui ne disaient rien de ce que je vivais. Je n'ai pas été non plus une enfant pauvre qui n'avait pas accès à la culture. Quant aux études, puisque c'est aussi le sujet du livre, je n'ai pas fait la Sorbonne ou Science Po certes, mon parcours a été différent. Alors à la fin du livre, je m'interroge : suis je légitime pour autant ?
Bravo pour ce récit détaillé, intéressant à lire, honnête et qui m'a, de fait, interrogé !
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Nesrine Slaoui nous propose ici une réflexion autour de son parcours. Retour à l'annonce du confinement, en mars 2020. La jeune femme revient dans son quartier d'enfance et se retrouve saisi par le fossé qu'elle a traversé. Elle a réussi il y a quelques années à sortir du carcan dans lequel elle était promise et s'est lancée à corps perdu pour intégrer Sciences Po Paris. Elle nous confie les préjugés et la difficulté de rentrer dans le moule que demande l'école et ses élèves.
Véritable témoignage d'une jeune femme qui se sent illégitimes dans une période complexe !
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Quand la société est pyramidale, qu'elle s'organise sous formes de classes sociales, elle se structure forcément selon des codes et des normes établis, dans un soucis de pérennité, par la classe dominante; celle qui détient le capital financier donc le pouvoir de définir les règles du jeu. Celles-là sont viciées car elles ne visent qu'à maintenir une supériorité économique, politique et culturelle via un entre-soi savamment orchestré et une reproduction sociale habilement instituée. Dans ce contexte, les dés sont pipés pour le reste de la société qui doit, pour pouvoir atteindre le sommet, se confronter et se conformer à des normes figées qui lui sont extérieures. Les sociologues parlent d'habitus. Façons de faire, d'être, de consommer, de se vêtir, de parler et même de penser... la classe supérieur érige ses façons d'être au monde comme une référence ; déconsidérant celles des autres qui, pour advenir, sont obligés d'abandonner « leur monde ». C'est ce que raconte ce livre qui ne dit rien de nouveau, rien qu'on ne sache déjà. Il confirme seulement ce qu'il se dit depuis des décennies dans le monde de la recherche universitaire, ce que l'on perçoit tous et toutes à nos petites échelles.

Doit-on le dire encore aujourd'hui ? Il n'y a aucun mérite à naître avec une cuillère en or dans la bouche, aucun, car la place dans la société est déjà réservée, il s'agit simplement de bien l'occuper. le mérite revient à toutes celles et ceux qui, en bas de l'échelle, travaillent comme des forcenés pour avoir leur place au sommet. Et l'auteure le dit bien, ceux-là sont toujours considérés comme « illégitimes ». Illégitime parce que venant d'une classe inférieure, illégitime parce que venant d'une minorité ethnique déconsidérée. Nesrine Slaoui est fille d'immigrés pauvres, elle cumule donc les « handicaps » sociaux. Elle est donc « doublement illégitime ». Pourtant, elle n'a pas démérité. Pourtant, elle a beaucoup travaillé, sué. Elle devrait donc être félicitée au terme de son parcours et non découragée. Mais la méritocratie est un leurre, un tissu de mensonge, une illusion servie aux classes inférieures à qui l'on fait croire que le travail paye toujours et bien. Pour ne pas les décourager, au mieux ; pour les rendre responsable de leur situation personnelle, au pire. En France, rappelons-le, ce n'est pas le travail qui paye mais le patrimoine. Plus vous avez de patrimoine, plus vous avancez, peu importe les efforts fournis. Moins vous en avez, plus vous avez de difficultés, peu importe les efforts fournis.

Et la question s'impose. Pourquoi à tout prix parvenir ? Pourquoi vouloir accéder à ce monde? Est-on bien sûre que le bonheur s'y trouve ? Est-on bien sûre que ça en vaille la peine ? Est-on bien sûre que la réussie est celle qui se trouve affichée par la classe dominante ? Est-on bien sûre que « leur monde » est le meilleur ? Est-on bien sûre ? Pour ma part, j'ai depuis longtemps la réponse.

En bref et pour finir, ce livre n'est pas forcément à conseiller à celles et ceux qui connaissent tout sur le sujet.


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Le style de Nesrine Slaoui, fluide et explicatif alors qu'elle nous raconte ses expériences, m'a poussée à finir ce livre en une soirée seulement. Il est en effet simple à lire et encore plus à finir. Et si l'idée d'un roman autobiographique alors que l'autrice est encore jeune (nb: elle a 27 ans, il me semble) peut en rebuter certains, j'ai trouvé le contenu de ce livre riche de vérité et réfléchi. Nesrine Slaoui nous offre donc son ressenti et son regard sur des inégalités trop peu dénoncées, selon moi. Elle met donc un point d'honneur à désigner son parcours comme exception à ces schémas et explique les obstacles qu'elle a rencontré sur sa route.

J'ai donc beaucoup apprécié ce livre pour son engagement et la fluidité de l'écriture de l'autrice. J'ai quelques fois été mise au pied du mur, mal à l'aise, car ce livre nous permet également de déceler nos propres biais et erreurs, ce qui a été le cas pour moi.
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Notre famille, notre lieu d'habitation, nos origines sont des attributs propre à chacun et nous accordent plus ou moins de chance de s'élever ou non dans la société. L'auteure, au travers de sa vie et du confinement, nous racontent comment ses attributs ont été des obstacles tout au long de sa vie. L'accès aux grandes écoles n'est réservé qu'au plus aisés d'entre nous. La plupart des enfants d'ouvrier deviendront eux même ouvriers. Quand bien même ces derniers arriveraient à des fonctions dirigeantes, ils ne seraient pas à leurs places, ils seraient illégitimes.
Et pourtant, une plus grande mixité des classes dirigeantes ne permettrait-elle pas une meilleure compréhension des personnes qu'elles dirigent ?
J'espère qu'un jour nous n'aurons plus besoin de parler d'égalité des chances, que ce concept sera lointain, et que l'égalité sera inné.
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